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Walid Joumblatt accuse Israël d’exploiter les Druzes syriens pour diviser le Moyen-Orient

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Le 27 mars 2025, Walid Joumblatt, figure emblématique de la communauté druze libanaise, a accusé Israël d’exploiter les Druzes de Syrie dans un plan visant à diviser le Moyen-Orient selon des lignes confessionnelles. Leader politique influent depuis plus de quatre décennies, Joumblatt a dénoncé une stratégie israélienne qu’il juge historique : « Israël veut mettre en œuvre le plan qu’il a toujours eu… qui est de morceler la région en entités confessionnelles et de prolonger le chaos. » Ces déclarations surviennent alors que le Liban et la Syrie traversent des crises politiques et sécuritaires majeures, amplifiées par des ingérences régionales.

Une accusation de déstabilisation régionale

« Ils veulent anéantir Gaza, puis ce sera au tour de la Cisjordanie… ils essaient de déstabiliser la Syrie, à travers les Druzes mais aussi d’autres groupes », a averti Joumblatt, qualifiant ce jeu de « dangereux ». Depuis la chute de Bachar el-Assad en décembre 2024, renversé par des rebelles islamistes après 13 ans de guerre, Israël a intensifié ses initiatives envers la communauté druze syrienne, qui représente environ 3 % de la population, concentrée dans la province méridionale de Soueïda. Joumblatt y voit une tentative de semer la discorde dans une Syrie déjà fragilisée.

Israël a déployé des troupes dans la zone tampon surveillée par l’ONU le long de la ligne d’armistice sur le plateau du Golan, annexé par Israël, tandis que l’Observatoire syrien des droits de l’homme rapporte des incursions régulières plus profondes dans le sud de la Syrie. Ces mouvements coïncident avec des gestes humanitaires : le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a annoncé l’envoi de 10 000 colis d’aide aux Druzes syriens dans les zones de combat, vantant « une alliance audacieuse avec nos frères et sœurs druzes ».

Une exploitation des Druzes rejetée

Depuis décembre, Israël a multiplié les gestes envers les Druzes syriens, notamment en autorisant un pèlerinage inédit de clercs druzes syriens vers un sanctuaire en Israël, le premier en 50 ans. Le ministre de la Défense, Israel Katz, a averti les nouvelles autorités syriennes qu’il ne tolérerait pas de « préjudice » contre les Druzes, suite à un affrontement meurtrier près de Damas entre des combattants druzes et des forces liées au gouvernement intérimaire. Cependant, les leaders druzes syriens ont rejeté cette ingérence, affirmant leur loyauté à une Syrie unie.

Des négociations entre représentants druzes et le gouvernement intérimaire d’Ahmed al-Sharaa étaient sur le point d’aboutir à l’intégration des milices druzes dans l’armée nationale, mais une « pression israélienne » sur certaines parties a bloqué l’accord, selon une source proche des discussions s’exprimant sous anonymat. Joumblatt a rappelé un précédent historique : sous le mandat français dans les années 1920 et 1930, la Syrie avait été divisée en quatre entités – un État alaouite, un État druze, Damas et Alep (sunnites) – mais une révolte druze et nationaliste avait empêché ce morcellement. « Les Druzes, avec les autres nationalistes syriens, ont su prévenir la division de la Syrie », a-t-il souligné, espérant qu’un tel scénario puisse être évité aujourd’hui.

Un appel aux leaders arabes et une justice en attente

Joumblatt a exhorté les dirigeants arabes à soutenir Ahmed al-Sharaa pour contrer cette menace de division. En décembre, il fut le premier officiel libanais à rencontrer Sharaa après la chute d’Assad, obtenant la promesse que la Syrie cesserait toute « ingérence négative » au Liban, où la dynastie Assad est accusée d’avoir déstabilisé le pays et assassiné de nombreux officiels, dont Kamal Joumblatt, père de Walid et fondateur du Parti socialiste progressiste, tué en 1977 près de la frontière syrienne.

Ce mois-ci, les forces de sécurité syriennes ont arrêté Ibrahim Huweija, ancien officier du renseignement soupçonné de cet assassinat et d’autres crimes contre le peuple syrien. « C’est un grand criminel, il devrait être jugé en Syrie », a déclaré Joumblatt, saluant une justice tardive mais nécessaire.

Pressions externes et internes

Le Liban subit une pression accrue depuis la guerre dévastatrice de 2024 entre Israël et le Hezbollah, allié d’Assad. Selon Joumblatt, « les Américains veulent que le Liban normalise ses relations avec Israël », une exigence compliquée par le cessez-le-feu de novembre 2024, qui stipulait un retrait du Hezbollah de la frontière sud et une démilitarisation, mais où Israël maintient encore cinq positions stratégiques. Cette situation fragilise davantage le gouvernement de Nawaf Salam, divisé par la nomination controversée de Karim Souaid à la BDL le même jour, imposée par une coalition Aoun-Berri au détriment des réformes.

Dans ce chaos, les accusations de Joumblatt contre Israël résonnent comme un cri d’alarme face à une région menacée de fragmentation, où les Druzes syriens deviennent un pion dans un jeu géopolitique plus vaste, au détriment d’un Liban et d’une Syrie en quête de stabilité.

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Newsdesk Libnanews
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