Un appel à l’unité pour sortir de l’impasse politique
L’ancien leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a appelé vendredi les responsables libanais à accélérer la formation d’un gouvernement inclusif, alors que les discussions entre le président Joseph Aoun, le Premier ministre désigné Nawaf Salam et le président du Parlement Nabih Berri sont dans l’impasse.
Dans une interview accordée à Al-Joumhouria, Joumblatt a cité l’ancien Premier ministre Saeb Salam, rappelant que « il n’y a ni gagnants ni perdants » lorsqu’il s’agit de surmonter les défis nationaux. Il a insisté sur la nécessité pour les différentes factions politiques libanaises de mettre de côté leurs différends afin de sortir le pays de la crise actuelle.
Alors que les tensions entre Washington et le Hezbollah compliquent encore plus la situation, Joumblatt a mis en garde contre les illusions que certaines parties pourraient nourrir en pensant pouvoir tirer parti de l’agression israélienne pour affaiblir ou éliminer un adversaire politique au Liban. Cette déclaration semble directement faire référence au Hezbollah, qui a subi des pertes majeures après 14 mois de guerre avec Israël, aboutissant à la mort de son leader historique Sayyed Hassan Nasrallah et à la destruction de plusieurs de ses infrastructures militaires.
Les critiques de Joumblatt contre le projet américain sur Gaza
Outre la situation politique libanaise, Joumblatt s’est aussi exprimé sur les projets américains au Moyen-Orient, notamment le plan de Donald Trump visant à expulser 1,8 million de Palestiniens de Gaza et à transformer le territoire ravagé par la guerre en une « Riviera du Moyen-Orient » sous administration américaine à long terme.
Le leader druze a dénoncé cette initiative comme une tentative d’annihilation de l’identité palestinienne, estimant que Trump s’aligne désormais plus ouvertement que jamais avec le projet sioniste. Il a appelé à une position arabe unifiée et ferme contre ce plan, affirmant que l’objectif réel du projet israélien est non seulement de déplacer les Palestiniens, mais aussi d’effacer leur existence en tant que peuple distinct.
Un Liban divisé et sous pression internationale
Les propos de Joumblatt interviennent à un moment crucial pour le Liban, où les divisions politiques persistent et où les pressions internationales compliquent la formation du gouvernement.
Les discussions entre Joseph Aoun, Nawaf Salam et Nabih Berri n’ont jusqu’à présent pas abouti à un consensussur la composition du futur cabinet, notamment en raison du désaccord autour de la participation du Hezbollah. Alors que les États-Unis souhaitent exclure le mouvement chiite, ce dernier et son allié Amal insistent pour conserver leurs portefeuilles ministériels, ce qui paralyse le processus.
Le rappel de Saeb Salam par Joumblatt vise donc à encourager un compromis politique et à éviter une nouvelle phase de blocage institutionnel, qui risquerait d’aggraver encore plus la situation économique et sociale du pays.
Alors que l’échéance du 18 février approche pour le retrait israélien du sud du Liban, et que l’instabilité régionale menace de s’intensifier, les responsables libanais devront faire face à des choix décisifs dans les semaines à venir.