En ce samedi 1er mars 2025, le président libanais Joseph Aoun entame aujourd’hui une visite historique en Arabie Saoudite, sa première à l’étranger depuis son élection en novembre 2024. Ce sommet avec les dirigeants saoudiens, rapporté par Al Sharq Al-Awsat, marque un tournant potentiel dans les relations tumultueuses entre Beyrouth et Riyad, après des années de refroidissement liées à l’influence croissante du Hezbollah et aux crises internes libanaises. Les discussions, qui ont débuté ce matin à Riyad, portent sur une aide financière cruciale pour un Liban exsangue, mais aussi sur des conditions strictes imposées par Riyad, notamment une réduction de l’emprise du Hezbollah. Dans un pays où la crise économique a anéanti 70 milliards de dollars de dépôts bancaires, où 82 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, et où une guerre avec Israël a coûté cher en 2024, ce rapprochement pourrait redéfinir les équilibres internes et régionaux. Face aux conditions strictes du FMI, critiquées par les banques libanaises, l’aide saoudienne est évoquée comme une alternative clé. Quels sont les enjeux de cette rencontre en cours ? Entre espoirs de renouveau et défis colossaux, cet article décrypte une relation stratégique à un moment décisif.
Un sommet sous haute tension : Beyrouth cherche une lifeline
La visite de Joseph Aoun à Riyad, entamée ce 1er mars 2025, intervient dans un contexte critique pour le Liban, un pays au bord de l’effondrement total. Élu après deux ans de vacance présidentielle, l’ancien commandant en chef de l’armée libanaise incarne un espoir fragile de stabilité dans une nation ravagée par une crise économique sans précédent – le PIB a plongé de 55 milliards de dollars en 2019 à 33 milliards en 2023 selon la Banque mondiale – et par une guerre au sud en 2024 contre Israël qui a coûté 3 000 vies libanaises et détruit des infrastructures déjà précaires, selon le ministère de la Santé libanais. Al Sharq Al-Awsat rapporte que ce sommet, débuté ce matin avec le prince héritier Mohammed ben Salmane et d’autres hauts responsables comme le ministre des Finances Mohammed Al-Jadaan, vise à relancer une coopération financière et politique interrompue depuis les tensions de 2021, déclenchées par les déclarations pro-Hezbollah de l’ancien ministre George Kordahi. Ces remarques, critiquant l’intervention saoudienne au Yémen, avaient conduit à l’expulsion de diplomates libanais, à un boycott économique saoudien sévère et à un gel des relations bilatérales, coûtant au Liban 600 millions de dollars d’exportations annuelles vers le Golfe (ministère de l’Économie libanais, 2022).
L’Arabie Saoudite, jadis un pilier économique du Liban – 500 000 expatriés libanais y envoient 2 milliards de dollars annuels, soit 6 % du PIB selon la Banque mondiale en 2023 – a conditionné son retour à des réformes drastiques. Al Akhbar retrace l’historique des tensions : Riyad avait promis une aide militaire de 5 milliards de dollars en 2016, suite à l’arrestation à l’aéroport de Beyrouth du prince Abdel Mohsen ben Walid ben Abdelaziz, pris avec 2 tonnes de Captagon dans son jet privé le 26 octobre 2015, une affaire qui avait humilié la monarchie et mis en lumière les réseaux de trafic liés à des élites saoudiennes. Cette aide, annoncée pour équiper l’armée libanaise avec des armes françaises (missiles, hélicoptères) et renforcer son autonomie face au Hezbollah, a été annulée en février 2016 après des pressions du parti chiite au sein du gouvernement de Tammam Salam, qui avait refusé de condamner les attaques contre les missions saoudiennes en Iran. Aujourd’hui, Aoun cherche à obtenir des fonds pour reconstruire un pays où 80 % des infrastructures publiques sont endommagées (Banque mondiale, 2024), où l’inflation a atteint 200 % en 2024 (ESCWA), et où le chômage touche 40 % de la population active (OIT, 2024). Selon Al Sharq Al-Awsat, Riyad envisage une aide de 2 milliards de dollars – subventions militaires, humanitaires, et économiques – mais exige un contrôle renforcé sur le Hezbollah et des réformes pour stabiliser une économie en chute libre.
Ce sommet, qui se déroule aujourd’hui sous les yeux d’une délégation libanaise comprenant le ministre des Finances, le chef d’état-major de l’armée, et des conseillers économiques, n’est pas sans risques. Une aide saoudienne pourrait relancer les exportations libanaises vers le Golfe – 600 millions de dollars perdus depuis 2021 – et redonner un souffle à une armée sous-financée (1,2 milliard de dollars en budget contre 5 nécessaires, estimations 2025), qui a perdu 200 millions de dollars d’aide militaire américaine suspendus par Donald Trump en février 2025 dans une révision « America First ». Contrairement au FMI, dont les conditions strictes – restructuration bancaire avec haircut de 70 milliards de dollars et austérité (FMI, 2022) – sont rejetées par les banques libanaises comme « destructrices de confiance » (Association des Banques du Liban, 2020), l’aide saoudienne est vue comme une alternative plus souple, bien que conditionnée politiquement. Mais les exigences de Riyad testent la capacité de Aoun à naviguer entre les factions internes : un alignement trop marqué sur les Saoudiens pourrait provoquer une rupture avec le Hezbollah et ses alliés chiites (32 sièges au Parlement), tandis qu’un échec à sécuriser des fonds discréditerait son mandat face à une population désespérée, où 1,2 million de personnes dépendent de l’aide alimentaire (PAM, 2024). Al Akhbar avertit : « Le précédent de 2016, avec 5 milliards promis puis annulés, montre que Riyad ne tolère pas les demi-mesures. » La relation Beyrouth-Riyad, florissante dans les années 1990 avec 20 milliards de dollars injectés entre 1990 et 2005 (Banque mondiale), est à un tournant, mais les cicatrices historiques et les exigences actuelles en font un pari audacieux pour Aoun.
L’Arabie Saoudite et le Hezbollah : une équation impossible ?
Une condition non négociable : limiter l’influence du Hezbollah
Le Hezbollah est au cœur des discussions entre Aoun et les dirigeants saoudiens aujourd’hui, et Riyad ne transige pas sur son objectif. Selon Al Joumhouriyat, l’Arabie Saoudite conditionne toute aide financière à une réduction drastique de l’influence du Hezbollah, accusé d’avoir transformé le Liban en un champ de bataille régional au service de l’Iran, son principal bailleur avec 100 millions de dollars annuels (Trésor US, 2024). Ce parti-milice, fort de 30 000 combattants et d’un arsenal de 150 000 roquettes selon l’Institute for National Security Studies en 2024, a dominé la politique libanaise depuis son entrée au gouvernement en 2005, contrôlant des ministères stratégiques comme les Télécommunications, la Santé, et les Travaux publics, et défiant l’État avec une puissance militaire surpassant celle de l’armée libanaise – 48 000 soldats sous-équipés, avec des salaires de 230 dollars par mois contre 1 200 avant 2019 (données officielles 2025). Al Sharq Al-Awsat rapporte que Mohammed ben Salmane, lors des pourparlers de ce matin à Riyad, a réitéré cette exigence : « Pas un dollar tant que le Hezbollah reste maître du jeu. » Cette position reflète une méfiance ancrée dans des décennies de rivalité avec l’Iran, exacerbée par le rôle du Hezbollah dans les guerres régionales.
Al Akhbar retrace les antécédents de cette hostilité : les relations entre Riyad et le Hezbollah se sont détériorées après l’assassinat de Rafic Hariri le 14 février 2005 (37 morts), attribué au parti chiite par un tribunal international en 2021, un crime qui a marqué un tournant dans la perception saoudienne du groupe comme une menace directe. La guerre syrienne (2011-2024) a aggravé les tensions, le Hezbollah soutenant Bachar el-Assad contre les rebelles appuyés par Riyad, tandis que la guerre au Yémen voyait le parti chiite aligné avec les Houthis contre la coalition saoudienne, causant des pertes estimées à 2 milliards de dollars pour Riyad (SIPRI, 2023). En 2016, l’arrestation du prince Abdel Mohsen ben Walid ben Abdelaziz à Beyrouth avec 2 tonnes de Captagon dans son jet privé – une drogue produite en Syrie sous contrôle Hezbollah – avait poussé Riyad à promettre une aide militaire massive de 5 milliards de dollars pour équiper l’armée libanaise avec des armes françaises (missiles Milan, hélicoptères Gazelle) et renforcer son autonomie face au Hezbollah. Cette aide, annoncée en grande pompe par le roi Salmane en décembre 2015, visait à contrer l’influence iranienne, mais elle a été annulée en février 2016 après des pressions du Hezbollah au sein du gouvernement de Tammam Salam, qui a refusé de condamner les attaques contre les missions saoudiennes en Iran suite à l’exécution du cheikh Nimr al-Nimr – un fiasco diplomatique qui a coûté au Liban un soutien crucial. La guerre de 2024 contre Israël, où le Hezbollah a tiré 5 000 roquettes (données IDF) et perdu 3 000 combattants (ministère de la Santé libanais), a renforcé la perception saoudienne d’une menace régionale : Al Joumhouriyat note que « Riyad craint que chaque dollar investi au Liban ne finisse indirectement dans les poches de Téhéran via le Hezbollah ».
Aoun, dans Al Sharq Al-Awsat, propose une stratégie nationale de défense pour que « l’État ait le monopole des armes », une allusion claire au Hezbollah qui résonne dans les discussions de ce matin avec les Saoudiens. Mais cette ambition est un défi monumental. Le Hezbollah, bien qu’affaibli par la guerre (3 000 morts) et la chute d’Assad en 2024, reste une puissance incontournable : 32 sièges au Parlement via le bloc de la Résistance (élections 2022), un soutien chiite massif (35 % de la population, recensement officieux 2024), et un réseau militaire sophistiqué – 50 km de tunnels au sud (rapports israéliens 2024) et des roquettes capables de frapper Tel Aviv. Naim Qassem, secrétaire général du Hezbollah, a réaffirmé en janvier 2025 que « la résistance est notre bouclier contre Israël », rejetant toute idée de désarmement (Al Sharq Al-Awsat). Face à une armée libanaise sous-financée – 1,2 milliard de dollars contre 5 nécessaires, selon des estimations internes – et désormais privée des 200 millions de dollars d’aide militaire américaine suspendus par Trump en février 2025, Aoun manque de leviers pour imposer sa volonté. Al Akhbar met en garde : « Toute tentative de désarmement forcé pourrait rallumer une guerre civile, comme en mai 2008 » (100 morts à Beyrouth après des affrontements entre Hezbollah et milices sunnites). Les Saoudiens, dans leurs pourparlers aujourd’hui, insistent sur des mesures concrètes – démilitarisation partielle du sud, audits des ministères contrôlés par le Hezbollah – mais Aoun peut-il les appliquer sans provoquer une crise interne majeure ?
Une équation insoluble ?
L’équation semble insoluble pour Aoun alors que les discussions se poursuivent ce 1er mars 2025. Le Hezbollah, bien que diminué, conserve un pouvoir de nuisance militaire et politique qui rend son contrôle illusoire sans un bouleversement radical. Al Joumhouriyat note que Riyad veut un Liban aligné sur les intérêts arabes anti-iraniens, mais Aoun doit ménager cette milice pour éviter une escalade interne – une ligne rouge pour ses alliés chiites (32 sièges) et une population divisée, où 40 % soutiennent encore le Hezbollah pour sa « résistance » contre Israël (sondage officieux 2024). Les antécédents – l’assassinat de Hariri en 2005, les guerres syrienne et yéménite, l’échec de l’aide de 2016 – montrent une incompatibilité fondamentale : Riyad voit le Hezbollah comme une menace existentielle à son influence régionale, tandis que le parti chiite se considère comme le bouclier du Liban contre Israël, renforcé par l’occupation persistante de cinq points au sud libanais malgré la résolution 1701 (données ONU 2025). La promesse saoudienne de 5 milliards de dollars en 2016, avortée après l’affaire du prince dealer et les pressions du Hezbollah, illustre ce blocage : l’Arabie Saoudite exige des garanties que Beyrouth n’a jamais pu offrir, et l’histoire pourrait se répéter aujourd’hui. Aoun, dans Al Sharq Al-Awsat, reste diplomate : « Nous voulons les meilleures relations avec les pays arabes. » Mais sans un désarmement improbable du Hezbollah ou une médiation internationale – compliquée par la suspension de l’aide américaine par Trump –, cette équation impossible pourrait torpiller les espoirs d’une aide saoudienne, laissant le Liban dans une impasse où Riyad hésite à réinvestir sans résultats tangibles, comme en 2016.
Arabie Saoudite et Liban : un retour en force de Riyad sur la scène libanaise ?
L’Arabie Saoudite voit dans la visite de Aoun, entamée aujourd’hui 1er mars 2025, une chance de reprendre pied au Liban, un pays où elle a perdu du terrain face à l’Iran depuis une décennie. Al Sharq Al-Awsat rapporte que Riyad envisage une aide de 2 milliards de dollars – 500 millions pour l’armée (achat d’armes, formation), 700 millions humanitaires (nourriture, santé), et 800 millions économiques (infrastructures, énergie) – pour soutenir un Liban où 82 % des 6 millions d’habitants vivent dans la pauvreté et où 1,8 million de réfugiés syriens coûtent 4 milliards annuels (OCHA, 2024). Mais cette aide est assortie de conditions strictes : des réformes économiques pour débloquer un accord FMI suspendu depuis 2022 (3 milliards promis, exigeant un haircut de 70 milliards de dollars sur les dépôts bancaires, FMI), un contrôle accru sur le Hezbollah, et le respect de la résolution 1701 de l’ONU, qui exige un retrait israélien du sud – toujours occupé par cinq points en 2025 – et une démilitarisation. Ces exigences reflètent une volonté saoudienne de stabiliser le Liban pour contrer l’Iran tout en sécurisant des intérêts économiques : relancer les exportations libanaises vers le Golfe (600 millions de dollars perdus depuis 2021, ministère de l’Économie) et soutenir les 500 000 expatriés libanais à Riyad et Djeddah, dont les transferts (2 milliards annuels) sont vitaux.
Historiquement, Riyad a été un pilier du Liban post-Taëf (1989), injectant 20 milliards de dollars entre 1990 et 2005 pour reconstruire un pays dévasté par la guerre civile – routes, écoles, hôpitaux (Banque mondiale). Mais l’influence iranienne via le Hezbollah a brisé cette dynamique : en 2016, la promesse d’une aide militaire massive de 5 milliards de dollars, faite après l’arrestation du prince Abdel Mohsen ben Walid ben Abdelaziz avec 2 tonnes de Captagon à Beyrouth le 26 octobre 2015, a été annulée en février 2016 sous la pression du Hezbollah au sein du gouvernement de Tammam Salam. Cette aide, destinée à équiper l’armée avec des armes françaises (missiles, hélicoptères) pour contrer le parti chiite, a disparu après le refus libanais de condamner les attaques contre les missions saoudiennes en Iran, un fiasco qui a coûté au Liban un soutien stratégique et révélé l’incapacité de Beyrouth à s’affranchir de l’influence iranienne. Aujourd’hui, Aoun doit prouver que cette histoire ne se répétera pas, mais avec une armée sous-financée (1,2 milliard de dollars contre 5 nécessaires) et une dépendance passée envers les États-Unis – 200 millions d’aides militaires suspendues par Trump en février 2025 – le Liban a peu de marge de manœuvre. Face au FMI, dont les conditions strictes – restructuration bancaire avec pertes massives pour les déposants et austérité (FMI, 2022) – sont rejetées par les banques libanaises comme « destructrices » (Association des Banques du Liban, 2020), l’aide saoudienne apparaît comme une alternative plus flexible, bien que politiquement exigeante. Al Akhbar note : « Riyad offre une bouée, mais à un prix que Beyrouth a toujours eu du mal à payer, comme en 2016. »
Intérêts régionaux et influence : un jeu d’équilibre
Le retour saoudien s’inscrit dans une stratégie régionale ambitieuse, et la visite de ce 1er mars 2025 est un test pour Aoun. Al Sharq Al-Awsat souligne que la chute d’Assad en 2024 et l’affaiblissement du Hezbollah (3 000 morts en 2024) offrent à Riyad une fenêtre pour reprendre l’initiative au Levant, après des années de recul face à l’Iran. Le Liban, avec ses 10 452 km², est un terrain stratégique : stabilisé, il peut devenir un allié sunnite contre Téhéran ; laissé à l’abandon, il reste un fief chiite via le Hezbollah. Al Joumhouriyat décrypte : « Riyad veut un Liban qui serve ses intérêts arabes, mais Aoun doit prouver qu’il peut tenir ses promesses sans déstabiliser le pays. » Ces intérêts incluent la sécurisation des routes commerciales – le port de Beyrouth, avant son explosion en 2020, traitait 60 % des importations vers le Golfe – et la consolidation d’un axe anti-iranien, renforcé par une détente avec Téhéran en 2023 négociée par la Chine, mais mise à l’épreuve par les tensions persistantes au Yémen et au Liban. L’Arabie Saoudite, avec un PIB de 1 000 milliards de dollars en 2024 (FMI), a les moyens d’investir, mais cherche un retour sur investissement politique.
Ce retour est un pari risqué pour Riyad et Aoun. L’aide de 5 milliards promise en 2016, annulée après l’incident du prince dealer et les pressions du Hezbollah, montre que Riyad peut se retirer si ses conditions ne sont pas remplies – un précédent qui hante les discussions d’aujourd’hui. Avec une armée libanaise affaiblie par la perte de l’aide américaine (200 millions suspendus par Trump) et un Hezbollah encore puissant, Aoun doit équilibrer les attentes saoudiennes – des réformes économiques et un désarmement partiel – avec les réalités internes : 40 % des Libanais soutiennent encore le Hezbollah pour sa « résistance » contre Israël (sondage officieux 2024), et l’occupation israélienne au sud (5 points en 2025) renforce son rôle. Al Akhbar prévient : « Un alignement trop marqué sur Riyad pourrait rallumer les tensions confessionnelles, comme en 2008. » La visite d’aujourd’hui, avec des réunions prévues jusqu’à demain selon Al Sharq Al-Awsat, teste cette capacité d’équilibre dans un pays où chaque décision peut faire basculer la paix fragile. L’alternative saoudienne à l’aide du FMI, bien que séduisante face aux conditions strictes du Fonds (haircut bancaire, austérité), repose sur une volonté politique que Aoun doit encore démontrer.
Un rêve à l’épreuve : le Liban peut-il renaître ?
Aoun rêve d’un Liban souverain et prospère, libéré des « guerres des autres ». Dans Al Sharq Al-Awsat, il appelle à dépasser les rancunes pour une « Suisse du Moyen-Orient ». Mais avec une armée sous-financée (48 000 soldats à 230 dollars/mois), 70 milliards de dollars de dépôts perdus, 1,8 million de réfugiés syriens, et un conflit israélo-libanais latent – aggravé par l’occupation de cinq points au sud malgré la résolution 1701 –, ses projets semblent ambitieux face à une réalité implacable. La visite saoudienne, débutée ce 1er mars 2025, et la conférence arabe au Caire prévue fin mars seront décisives. « On peut encore le sauver », conclut-il dans Al Sharq Al-Awsat. Mais entre les exigences de Riyad – un contrôle du Hezbollah et des réformes –, l’influence persistante du parti chiite, et la perte de l’aide américaine sous Trump – 300 millions de dollars suspendus en février 2025 (200 millions militaires, 100 millions humanitaires) –, son rêve pourrait rester un vœu pieux dans un pays au bord du précipice. Le précédent de 2016, où 5 milliards de dollars promis par Riyad se sont évaporés, plane comme un avertissement : sans garanties solides, l’aide saoudienne pourrait suivre le même destin, laissant le Liban face à un choix entre les conditions strictes du FMI et une alternative saoudienne incertaine.