Selon une enquête réalisée par CAS/ILO en 2022, le taux de chômage au Liban a atteint des niveaux préoccupants, exacerbés par la crise économique et financière qui sévit depuis 2019. Cette enquête révèle que les pertes d’emplois ont touché 27,7 % de l’emploi total initial de 2019. Plus alarmant encore, le ratio emploi-population a chuté à 30,6 % en 2022, marquant une baisse de plus de 10 points de pourcentage par rapport au taux de 43,3 % en 2019.
Ce pourcentage important intervient alors qu’une grande majorité des entreprises libanaises se plaignent de ne trouver que des personnes sous-qualifiées pour les emplois qu’elles proposent, amenant à ces interrogations en rapport aux pertes de compétences liées à l’émigration de ces jeunes.
Le Chômage des Jeunes: une Crise dans la Crise
Le tableau est encore plus sombre pour les jeunes Libanais. En 2022, le taux de chômage des jeunes a atteint le niveau vertigineux de 47,8 %, soulignant l’ampleur de la crise de l’emploi qui frappe cette catégorie de la population. Cette situation dramatique contribue à l’augmentation de la volonté d’émigrer parmi les jeunes diplômés et les professionnels qualifiés en quête de meilleures opportunités à l’étranger.
La Fuite des Cerveaux: Un Double Tranchant
Le phénomène de la fuite des cerveaux, bien que représentant une perte significative pour le pays en termes de compétences et de potentiel humain, a également un aspect positif indirect. Les remises des expatriés libanais ont constitué une part importante du PIB du Liban en 2022, offrant une bouffée d’oxygène financière essentielle à l’économie nationale. Néanmoins, cette dépendance aux remises rend l’économie vulnérable aux chocs extérieurs.
LibanFocus
Le syndrome hollandais est une situation économique dans laquelle la découverte de ressources naturelles (ou l’afflux massif de capitaux étrangers) affaiblit d’autres secteurs de l’économie, en particulier le secteur manufacturier.
Le Liban est souvent cité comme un exemple de pays souffrant du syndrome hollandais à cause de sa diaspora importante. Les transferts de fonds de la diaspora libanaise représentent une part importante du PIB du pays (environ 20% en 2022).
Cependant, l’impact de ces transferts sur l’économie libanaise est complexe et controversé.
Arguments en faveur d’un syndrome hollandais au Liban:
- Appréciation du taux de change réel: Les transferts de fonds ont contribué à une appréciation du taux de change réel de la livre libanaise, ce qui a rendu les exportations libanaises moins compétitives.
- Développement du secteur non échangeable: Les transferts de fonds ont stimulé la demande pour des biens et services non échangeables (comme l’immobilier), ce qui a détourné des ressources des secteurs échangeables (comme l’industrie).
- Faible diversification de l’économie: L’économie libanaise est déjà peu diversifiée, et les transferts de fonds peuvent renforcer cette tendance en favorisant les secteurs non échangeables.
Arguments contre l’existence d’un syndrome hollandais au Liban:
- Difficultés à isoler l’impact des transferts de fonds: Il est difficile de déterminer l’impact réel des transferts de fonds sur l’économie libanaise, car d’autres facteurs (comme la guerre civile) ont également joué un rôle important.
- Impact positif des transferts de fonds: Les transferts de fonds peuvent également avoir des effets positifs sur l’économie, comme la réduction de la pauvreté et l’augmentation du niveau de vie.
- Besoin de réformes structurelles: La solution au syndrome hollandais ne réside pas nécessairement dans la réduction des transferts de fonds, mais plutôt dans la mise en place de réformes structurelles pour améliorer la compétitivité de l’économie libanaise.
Les flux financiers de la diaspora libanaise:
En 2022:
- Flux entrants:
- Transferts de fonds: environ 7 milliards de dollars américains (USD)
- Investissements directs étrangers (IDE): environ 3 milliards USD
- Flux sortants:
- Importations: environ 20 milliards USD
- Remboursement de la dette: environ 4 milliards USD
