FINUL, pressions croisées et fracture libanaise : entre jeu diplomatique, insécurité et déni institutionnel

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Le mandat de la FINUL à l’épreuve : désaccords et crispations dans l’arène diplomatique

Le 10 juin 2025, la presse libanaise publie des analyses convergentes sur la montée des tensions autour du mandat de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL). Les informations rapportées indiquent une accélération des concertations entre les partenaires internationaux du Liban, dans un climat de défiance et de désaccords. Plusieurs articles évoquent un contexte de « pressions croisées » où l’avenir de la mission est devenu un point d’affrontement diplomatique majeur entre grandes puissances, notamment entre les États-Unis, Israël, la France, et, dans une moindre mesure, les États européens contributeurs.

La critique principale formulée par Washington porte sur ce que les autorités américaines considèrent comme une inefficacité croissante de la FINUL à faire respecter la résolution 1701, notamment dans ses clauses sur le désarmement des groupes armés non étatiques et la limitation de leur liberté de mouvement au sud du Litani. Cette ligne, soutenue par Israël, semble viser principalement les activités militaires présumées du Hezbollah. Des responsables américains, cités par la presse du jour, affirment que la mission doit être « réévaluée » et rendue plus proactive dans sa surveillance des violations du cessez-le-feu.

À l’inverse, les autorités françaises adoptent une position plus mesurée. Paris plaide pour une reconduction du mandat dans sa forme actuelle, tout en insistant sur l’importance de préserver la stabilité locale. Le discours diplomatique français, tel que retranscrit dans les colonnes des journaux, rejette l’idée d’un mandat offensif qui risquerait de transformer la FINUL en force d’interposition armée directe. Les responsables français mettent en avant l’efficacité relative des mécanismes de coordination existants entre la FINUL et l’armée libanaise, soulignant que toute modification substantielle du mandat doit être approuvée à l’unanimité par le Conseil de sécurité.

D’autres partenaires internationaux, comme l’Italie et l’Espagne, qui disposent également de contingents déployés dans la mission, expriment des réserves face aux propositions américaines. Leur crainte : qu’une révision précipitée du mandat ne conduise à une désaffection du terrain, fragilisant encore davantage l’équilibre de sécurité dans le Sud-Liban. Ils rappellent que les contingents déployés ne sont pas des forces de combat mais de surveillance et d’appui logistique. Certains articles mentionnent aussi les contraintes logistiques croissantes, liées à la sécurité des soldats et à l’absence d’infrastructure locale capable de soutenir des opérations de plus grande intensité.

La FINUL, quant à elle, se refuse à commenter les discussions diplomatiques en cours. Toutefois, des sources au sein de la mission, citées dans plusieurs journaux, affirment que tout changement de mandat en dehors du cadre légal existant risquerait de compromettre la crédibilité de la mission, et de placer les contingents en contradiction avec leur formation initiale et leur cahier des charges. Le commandement local réitère son engagement à œuvrer dans le strict respect de la légalité internationale et en coopération avec les autorités libanaises.

La souveraineté en débat : les clivages politiques libanais face à la redéfinition du mandat

La couverture politique de la presse libanaise du 10 juin 2025 montre à quel point la question du renouvellement du mandat de la FINUL exacerbe les lignes de fracture entre les principales forces institutionnelles et partisanes du pays. Le président de la République, interrogé lors d’un déplacement officiel à Amman, réaffirme la position de l’exécutif libanais : toute modification du rôle de la FINUL doit impérativement faire l’objet d’un accord avec l’État libanais et s’inscrire dans le respect de la souveraineté nationale. Le président insiste sur la nécessité de maintenir la mission dans un rôle d’observation, d’accompagnement logistique et de stabilisation, rejetant toute tentation de lui conférer une mission offensive ou un rôle direct dans la régulation sécuritaire des zones frontalières.

Cette position, bien que ferme, ne masque pas l’existence de divergences internes au sein de l’appareil politique libanais. Le Premier ministre se montre plus pragmatique. Il admet dans ses déclarations la nécessité de prendre en compte les attentes des partenaires internationaux, en particulier celles des puissances membres permanents du Conseil de sécurité, mais conditionne toute évolution à un consensus national. Il affirme qu’il ne saurait être question de « céder à une logique d’imposition sécuritaire venue de l’extérieur ». En parallèle, il propose de relancer une plateforme de concertation nationale autour des enjeux sécuritaires et diplomatiques liés à la mission onusienne.

Du côté du Parlement, les positions sont nettement plus polarisées. Plusieurs députés proches des partis d’opposition appellent à une redéfinition claire du rôle des armes au Liban, mettant en cause de manière plus ou moins explicite la présence militaire du Hezbollah au sud du pays. Ils estiment que la présence de la FINUL est devenue symboliquement centrale pour la stabilité du Liban, mais qu’elle ne saurait être instrumentalisée ni par Israël, ni par les groupes armés. Certains parlementaires proposent même que l’Assemblée nationale examine en séance publique les conditions du renouvellement du mandat onusien, un débat qui ne s’est jamais tenu de manière formelle dans l’hémicycle depuis 2006.

Le Hezbollah, pour sa part, hausse le ton. Son secrétaire général affirme dans un discours retranscrit intégralement par la presse que le mouvement refuse toute modification du mandat de la FINUL qui viserait à restreindre la « liberté de mouvement de la résistance » dans les zones frontalières. Il accuse les États-Unis de vouloir transformer la mission en outil de renseignement au profit d’Israël, et affirme que toute tentative de surveillance non concertée des mouvements de ses combattants serait perçue comme une agression. Il rappelle que la légitimité du Hezbollah repose sur son rôle de défense du territoire, face à une menace israélienne constante.

Ce discours provoque des réactions immédiates dans le camp adverse. Plusieurs responsables politiques dénoncent ce qu’ils qualifient d’« appropriation abusive du discours sécuritaire » par un acteur non étatique. Ils appellent l’armée à affirmer son rôle exclusif dans la gestion des frontières, tout en reconnaissant la complexité d’une transition dans un contexte de crise économique et d’institutions fragilisées.

Sur le terrain, les sources militaires restent discrètes. Toutefois, des articles font état de réunions à huis clos entre les représentants de l’état-major libanais et les commandants locaux de la FINUL. L’objectif serait de renforcer les mécanismes de liaison opérationnelle afin de garantir la continuité de l’ordre dans la zone sud, quel que soit l’aboutissement des discussions diplomatiques. L’armée libanaise, confrontée à un sous-financement chronique, à des pénuries logistiques et à des mutations structurelles non finalisées, est souvent contrainte de s’appuyer sur les moyens de la FINUL pour maintenir une présence minimale dans certaines zones reculées.

La tension entre affirmation de souveraineté et dépendance sécuritaire devient alors l’un des nœuds centraux de la problématique. Le Liban se trouve ainsi pris dans une contradiction profonde : défendre une souveraineté juridique complète tout en n’ayant ni les moyens militaires, ni la stabilité politique, ni l’unité nationale pour l’assumer de manière autonome sur l’ensemble de son territoire.

La réalité du terrain : inquiétudes croissantes dans les villages du Sud-Liban

Le 10 juin 2025, les reportages de terrain dans les journaux livrent un aperçu des réalités que vivent les habitants du Sud-Liban face aux incertitudes entourant le mandat de la FINUL. Dans les villages situés au sud du Litani, la présence de la mission onusienne est ressentie de manière ambivalente : à la fois comme un facteur de protection relative contre les incursions israéliennes, et comme un acteur souvent jugé trop passif face aux risques réels d’escalade. Toutefois, l’éventualité d’un retrait ou d’un redimensionnement alarme les communautés locales, qui redoutent un vide sécuritaire dans une région historiquement marquée par les conflits.

Les témoignages rapportés mettent en évidence une peur diffuse de revivre les tensions de 2006. Plusieurs habitants déclarent que, malgré son efficacité limitée, la présence physique de la FINUL dans les localités frontalières a permis, dans certaines situations, de contenir les hostilités ou d’intervenir rapidement en cas d’incident. Un chef de village du district de Marjayoun affirme que « sans les patrouilles régulières, certains axes seraient aujourd’hui totalement abandonnés à la loi du plus fort ».

Des ONG locales actives dans le domaine humanitaire soulignent également le rôle essentiel des composantes civiles de la mission. Ces organisations, souvent soutenues logistiquement par la FINUL, alertent sur le risque d’un effondrement des chaînes d’approvisionnement alimentaire, médicale et éducative en cas de réduction des effectifs ou de suspension de certaines activités. Elles rappellent que la FINUL ne se limite pas à des opérations militaires, mais qu’elle soutient des projets communautaires, des campagnes de vaccination, et des programmes d’aide à l’éducation dans des zones où l’État est structurellement absent.

L’accès aux soins, à l’eau potable, à l’électricité et même à l’infrastructure scolaire repose dans de nombreuses localités sur des partenariats triangulaires entre la FINUL, les autorités locales et des ONG internationales. La presse rapporte que plusieurs projets en cours — notamment la réhabilitation de centres de santé dans les villages de Rmeich et d’Aita ech Chaab — risquent d’être suspendus en raison de l’incertitude pesant sur les financements onusiens. Les populations locales, déjà affectées par la crise économique généralisée, seraient directement impactées.

À cela s’ajoute une dynamique de repli communautaire alimentée par la perception d’une menace extérieure. Dans les quartiers périphériques de Bint Jbeil ou de Khiam, certains témoignages font état d’une méfiance croissante à l’égard des acteurs internationaux, perçus comme étant potentiellement alignés sur des agendas politiques étrangers. Cette méfiance, exacerbée par les discours de certains responsables politiques locaux, renforce les réseaux de solidarité interne — confessionnels, partisans ou familiaux — qui prennent de plus en plus en charge les fonctions défaillantes de l’État.

Des comités populaires, soutenus par des mouvements politiques, se sont organisés dans plusieurs localités pour assurer la sécurité locale, distribuer des aides alimentaires ou mettre en place des systèmes d’alerte précoce en cas d’incursion militaire ou de survol de drones. Cette auto-organisation, bien qu’efficace à court terme, alimente une fragmentation de l’autorité et conforte l’existence de zones échappant partiellement à la régulation institutionnelle. Elle pose également la question de la légitimité : qui contrôle, qui commande, qui arbitre dans un espace de souveraineté divisée ?

Enfin, les articles évoquent les inquiétudes exprimées par les personnels libanais employés par la FINUL dans le Sud. Ces derniers — chauffeurs, traducteurs, assistants techniques, agents d’entretien — redoutent des suppressions de postes si les budgets venaient à être revus à la baisse. Pour beaucoup, la mission représente la seule source de revenu stable dans une région où l’emploi privé s’est effondré. Un technicien local témoigne : « Je travaille pour la FINUL depuis douze ans. S’ils partent ou réduisent leur présence, je perds tout. »

L’ensemble de ces éléments montre une réalité contrastée : alors que les élites politiques discutent souveraineté, diplomatie et droit international, les populations du Sud sont confrontées à une inquiétude concrète, immédiate, liée à leur quotidien. La FINUL, bien qu’imparfaite, reste à leurs yeux un filet de sécurité dans un environnement marqué par la pénurie, l’insécurité latente et la fragilisation des repères institutionnels.

Une mission piégée dans le jeu régional : entre rivalités diplomatiques et intérêts contradictoires

La presse libanaise du 10 juin 2025 rapporte que le débat autour du renouvellement ou de la modification du mandat de la FINUL s’inscrit dans une reconfiguration diplomatique plus large. À travers les articles publiés, il apparaît que la mission onusienne est devenue un terrain d’affrontement indirect entre puissances régionales et internationales, chacune tentant de faire valoir ses priorités stratégiques sous couvert de maintien de la stabilité.

Israël mène depuis plusieurs semaines une offensive diplomatique intensive pour obtenir un mandat plus strict et plus contraignant. Les responsables israéliens accusent la FINUL de « passivité » et de « collaboration implicite » avec les réseaux du Hezbollah dans le sud du Liban. Cette rhétorique, largement relayée dans les médias israéliens et dans certains cercles diplomatiques à Washington, vise à démontrer que la mission ne joue plus son rôle de tampon, et qu’elle permettrait, par son immobilisme, la consolidation d’un front armé à proximité immédiate de la frontière nord d’Israël.

En réponse à ces accusations, les responsables onusiens insistent sur la neutralité du dispositif et sur les contraintes imposées par leur mandat. Ils rappellent que la FINUL n’est pas une force d’intervention, mais une force d’observation et de liaison. Le respect de la souveraineté libanaise demeure une condition juridique incontournable de leur présence. Toutefois, les pressions exercées sur les membres du Conseil de sécurité pourraient déboucher sur des ajustements subtils du langage du renouvellement, ce qui, dans la pratique, ouvrirait la voie à une militarisation progressive du rôle de la mission.

Les États-Unis soutiennent cette approche. La presse rapporte que des diplomates américains ont transmis à Beyrouth un document de travail proposant une redéfinition du mandat centré sur des « capacités renforcées de surveillance et de réaction ». Cette formule ambiguë pourrait inclure, selon les observateurs, la possibilité pour la FINUL d’intervenir directement en cas de mouvement suspect dans sa zone de déploiement, sans consultation préalable avec l’armée libanaise. Une telle évolution serait en rupture avec la pratique actuelle, qui repose sur une coordination quasi systématique avec les forces armées libanaises.

La France, principal soutien européen de la mission, se trouve dans une position intermédiaire. Elle défend le maintien de la mission sous son format actuel, tout en admettant la nécessité de renforcer certains outils d’évaluation. Les responsables français cités dans les articles insistent sur la nécessité de préserver l’équilibre délicat entre sécurité régionale et souveraineté nationale. Toute modification trop brutale risquerait, selon eux, de provoquer une réaction hostile des acteurs armés locaux, de compliquer la mission de l’armée libanaise, et d’affaiblir durablement le rôle de l’ONU dans la région.

Les pays européens contributeurs, tels que l’Italie, l’Espagne ou l’Irlande, expriment des positions prudentes. Ils craignent que l’évolution du mandat ne transforme leurs contingents en cibles directes. La sécurité de leurs soldats est une priorité, d’autant plus que plusieurs incidents récents — notamment des jets de pierres contre des véhicules blindés, ou des coupures de route par des groupes locaux — ont montré que le terrain est loin d’être pacifié. Les gouvernements concernés conditionnent leur engagement futur à la garantie d’un mandat clair, limité et accepté par toutes les parties.

La position de la Russie, bien que moins directement impliquée, pèse également dans les équilibres onusiens. Selon les analyses reprises dans la presse, Moscou pourrait utiliser son droit de veto au Conseil de sécurité pour bloquer toute résolution perçue comme déséquilibrée ou favorable aux intérêts israéliens ou américains. Le soutien russe au respect des prérogatives de l’État libanais reste constant, dans une logique d’opposition systématique aux projets unilatéraux occidentaux.

Le Liban, dans cette configuration, apparaît comme un espace de projection stratégique où les rivalités entre puissances prennent la forme d’une bataille sémantique sur le périmètre d’un mandat. Mais au-delà des mots, c’est la pérennité même de la présence internationale qui est en jeu. La crainte exprimée dans plusieurs articles est celle d’un retrait progressif, ou d’un désengagement discret des contingents européens, qui laisserait le terrain vide, ou livré à des arrangements bilatéraux plus opaques, hors du cadre multilatéral.

Cette dynamique pourrait aboutir à une situation de transition non maîtrisée. Certains analystes évoquent le scénario d’un gel temporaire du mandat, le temps de renégociations, ce qui impliquerait la suspension de certaines activités, et donc une fragilisation immédiate de la sécurité des zones concernées. D’autres redoutent une « libanisation » complète du sud, c’est-à-dire un retour à une gestion exclusivement locale de la sécurité, avec les risques de chevauchement de compétences, de tensions communautaires, et de résurgence de la violence.

La mission de la FINUL, initialement conçue comme un outil de désescalade post-conflit, semble aujourd’hui prise en étau entre la fragmentation interne libanaise, la polarisation régionale et les recompositions diplomatiques internationales. Elle cristallise les impasses du multilatéralisme dans les zones de conflit prolongé, et son avenir immédiat dépendra moins des besoins exprimés localement que des rapports de force mondiaux.

Crise du mandat, crise d’État : conséquences internes d’un affaiblissement de la FINUL

Les articles parus le 10 juin 2025 permettent d’identifier des conséquences profondes que pourrait engendrer une modification substantielle, une suspension ou un retrait du mandat de la FINUL sur les équilibres politiques internes et l’architecture sécuritaire du Liban. Cette dimension, moins médiatisée que les débats diplomatiques internationaux, traverse pourtant en filigrane l’ensemble des analyses.

L’un des premiers effets immédiats d’un affaiblissement du mandat serait une reconfiguration du rapport de force politique à l’échelle nationale. Plusieurs articles montrent que les formations politiques qui soutiennent ouvertement la résistance armée verraient dans un retrait de la FINUL la confirmation de leur légitimité stratégique, renforçant ainsi leur poids local dans les zones d’influence situées au sud du pays. Le Hezbollah, par exemple, pourrait capitaliser sur une situation perçue comme une victoire contre la pression étrangère, ce qui accentuerait la marginalisation des forces politiques plus souverainistes ou attachées à une exclusivité du rôle de l’armée nationale.

En parallèle, les institutions étatiques, déjà fragilisées par la crise économique et budgétaire, verraient leur rôle symbolique encore plus réduit. L’armée libanaise, qui s’appuie sur la coopération logistique, les patrouilles conjointes et le partage d’informations avec la FINUL, se retrouverait isolée dans une zone difficile à contrôler sans appui extérieur. Cette situation affaiblirait sa capacité à se poser comme arbitre national en matière de sécurité, alors même qu’elle reste l’un des rares organes publics encore perçus comme crédibles par une partie de la population.

Un autre effet structurel redouté est la montée des dynamiques de militarisation locale. Dans les zones frontalières et les villages les plus isolés, la disparition des patrouilles de la FINUL pourrait ouvrir un espace à la reconstitution de réseaux d’autodéfense non institutionnels, voire à une autonomisation de certaines entités sécuritaires locales. Déjà, des comités populaires armés existent dans plusieurs régions du Sud, opérant sous la coordination plus ou moins explicite de formations politiques. Un retrait des forces internationales pourrait renforcer ces groupes, au détriment de l’unité du monopole de la violence légitime.

Les implications ne se limitent pas au plan sécuritaire. Sur le plan administratif, plusieurs programmes publics sont actuellement soutenus, directement ou indirectement, par des projets de coopération encadrés par la FINUL. Cela concerne notamment l’entretien des routes rurales, la réhabilitation de bâtiments municipaux, le soutien aux coopératives agricoles ou la distribution d’équipements dans les écoles. La disparition de ces projets affecterait non seulement les conditions de vie, mais aussi la capacité des institutions locales à maintenir une présence symbolique dans des zones parfois perçues comme délaissées.

La fracture institutionnelle pourrait aussi s’aggraver à travers la remise en cause des mécanismes de gouvernance partagée. Dans un Liban où l’équilibre entre communautés repose sur une série de compromis tacites, le déséquilibre sécuritaire dans une région donnée peut provoquer un effet de domino dans d’autres régions, avec la montée de discours victimaires, des revendications autonomistes implicites, et des revendications communautaires de protection exclusive. Plusieurs analystes soulignent que la perte de la FINUL ne doit pas être évaluée uniquement en termes militaires, mais comme un affaiblissement d’un facteur de coordination intercommunautaire indirect.

Enfin, les conséquences pourraient aussi se faire sentir dans la relation entre le Liban et ses partenaires internationaux. La FINUL est, pour de nombreux États, l’unique canal d’implication sécuritaire dans le pays. Sa disparition ou sa transformation radicale pourrait provoquer un retrait diplomatique plus large, affectant les programmes d’aide bilatéraux, les mécanismes de soutien aux réfugiés syriens, ou les projets d’appui à la réforme de la justice et de l’administration. En perdant ce lien, le Liban risquerait une forme d’isolement partiel qui viendrait s’ajouter aux effets des sanctions américaines ciblées et à la méfiance croissante des bailleurs de fonds.

Plusieurs articles posent donc en creux une question centrale : la crise du mandat de la FINUL est-elle le symptôme d’une crise plus profonde, celle de la conception même de l’État libanais ? Le pays peut-il encore fonctionner comme entité politique intégrée, capable de dialoguer d’égal à égal avec les puissances qui l’entourent, ou est-il condamné à subir les recompositions stratégiques sans capacité de peser sur leur contenu ? En l’état, et selon les constats publiés ce jour-là, rien ne permet d’assurer que l’État dispose des moyens politiques, administratifs ou militaires pour assumer seul une transition stratégique dans le Sud.

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