S’exprimant à l’occasion de la IVe Conférence de Bruxelles sur le soutien de l’avenir de la Syrie et de la région, le Premier Ministre Libanais a appelé les participants à sauver le Liban des répercussions du CAESAR act, une réglementation américaine instaurant des sanctions économiques contre tout état ou toute entité conduisant des affaires avec Damas.

Hassan Diab s’exprimait par vidéo conférence depuis le Grand Sérail.

“J’appelle les Nations Unis, les pays européens et les pays amis à épargner le Liban des répercutions de toute action contre la Syrie et en particulier le CAESAR Act”, a déclaré le premier ministre libanais qui rappelle la lourde charge financière pesant sur le Liban avec la présence de nombreux réfugiés syriens.

Pour rappel, la semaine dernière l’UNHCR avait publié un rapport faisant état de la présence officielle d’un réfugié syrien pour 7 habitants libanais, la 2ème proportion la plus élevée au Monde. Le Liban, confronté à une grave crise économique aurait ainsi fait face à 1.9% de perte de croissance annuellement en raison des conséquences du conflit syrien.

Hassan Diab a ainsi rappelé que le Liban héberge une proportion de réfugiés syriens la plus élevée par rapport aux autres pays, ce qui coûte au pays des cèdres des millions de dollars. Il rappelle aussi que de nombreux réfugiés syriens sont des étudiants qui sont scolarisés dans les écoles publiques libanaises alors que la crise économique pousse de nombreux libanais à également y faire intégrer leurs enfants.

La conséquence est que les écoles publiques libanaises sont au-delà de leurs capacités.

Le Liban, le 2ème pays qui accueille le plus de réfugiés proportionnellement à sa population

Le Liban inquiété par le CAESAR ACT entrant en vigueur le 17 juin

Le texte de loi est devenu effectif dès le 17 juin et concerne toute personne qui conduit des affaires avec le gouvernement syrien, des entités contrôlées par ce dernier ou des personnes proches du régime. Cela concerne également tout soutien financier, matériel ou encore technologique. Outre le Liban, sont également visés les autorités russes ou encore irakiennes et iraniennes. Egalement, même les opérations humanitaires de l’ONU en Syrie pourraient être contraintes à être réduites.

Premier pays pratiquement visé, le Liban avec sa seule frontière terrestre ouverte vers l’étranger. Ce projet de loi pourrait encore réduire l’activité économique entre les 2 pays, une activité déjà très restreinte avec la fermeture des frontières suite à l’adoption par le gouvernement libanais de mesures visant à réduire les risques de voir le coronavirus se propager sur son territoire.

Pour l’heure, les liens commerciaux entre les 2 pays sont constitués par la fourniture d’électricité par la Syrie au Liban. Par ailleurs, ces sanctions devraient également amener les autorités libanaises à mieux contrôler les frontières jusqu’à présent poreuses entre les 2 pays et notamment lutter contre les trafics qui y ont lieu.

Le texte de la loi CAESAR a d’ailleurs été examiné par le gouvernement libanais.

Ainsi, Beyrouth a ainsi annoncé que l’Armée Libanaise sera chargée de fermer les différents points de contrôle illégaux qui jalonnent la frontière. Cette mesure visait notamment à mettre fin à la contrebande de fioul et de farine, 2 produits subventionnés par la Banque du Liban. Ce trafic était estimé à 400 millions de dollars annuellement.

Cependant, les industriels et les exportateurs libanais s’inquiètent également de l’impact de la loi américaine. Certains industriels libanais avaient ainsi investi en Syrie, pensant ainsi bénéficier des salaires plutôt bas de la main d’oeuvre locale. Par ailleurs, les exportateurs libanais estiment que l’accession aux marchés des pays de la péninsule arabique via la Syrie reste primordiale.

Par ailleurs, certaines banques libanaises, même si elles n’opèrent pas directement en Syrie depuis le début de la guerre civile, possèderaient certains actionnaires en lien avec la famille Assad. D’autres entreprises et hommes d’affaires locaux lui sont également liés. Ce texte de loi pourrait ainsi les rendre vulnérables face à des sanctions économiques.

Aussi, la reconstruction de la Syrie à laquelle auraient pu participer des entreprises libanaises du BTP, confrontées à d’importantes difficultés économiques sur un plan local, pourrait être entravée.