Des billets de 100 dollars. Crédit Photo: Libnanews.com
Des billets de 100 dollars. Crédit Photo: Libnanews.com

Le Courant Patriotique Libre a dénoncé l’agression des Forces de Sécurité Intérieure à l’encontre de manifestants devant le bureau Mecattaf venus en soutien à la juge Ghada Aoun qui a fait appel à la décision du conseil supérieur de la magistrature.

Le CPL indique que les manifestants étaient présents sur la voie publique et qu’ils “n’ont attaqué aucune propriété publique ou privée et n’ont agressé aucune des forces de sécurité”, alors que certains médias les ont accusé d’avoir tenté de pénétrer à l’intérieur des locaux visés par la juge.

Les locaux avaient été fermés par les employés estimant que la juge n’avait plus la main sur le dossier après qu’il ait été officiellement déféré au procureur financier, le juge Ali Ibrahim.

Tout ce qu’ils faisaient était une expression pacifique, civilisée et démocratique de leur droit de récupérer l’argent volé des Libanais et de permettre au pouvoir judiciaire de poursuivre ses enquêtes pour connaître le sort des fonds qui ont été transférés arbitrairement à l’étranger sans aucune norme éthique, professionnelle ou juridique.

Le CPL appelle par conséquent le ministre sortant de l’intérieur “prendre les mesures punitives nécessaires contre ceux qui ont donné l’ordre d’avoir agressé des citoyens pacifiques”.

Pour rappel, la juge Ghada Aoun s’est à nouveau présenté ce mercredi devant les bureaux de change de Michel Mecattaf pour y effectuer une perquisition, en dépit du déferrement du dossier au procureur financier, le juge Ali Ibrahim et du camouflet infligé par le conseil supérieur de la magistrature qui a décidé de la présenter à l’inspection judiciaire.

Des manifestants venus la soutenir ont forcé les portes des bureaux qui étaient précédemment fermés afin qu’elle puisse pénétrer dans les locaux.

La magistrate avait déjà demandé, à plusieurs reprises depuis, d’entendre le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé lui-même dans le cadre de cette affaire, ce qu’il refuse

Le Conseil Supérieur de la Magistrature aurait également approuvé le transfert du dossier Mecattaf au procureur financier, le juge Ali Ibrahim. 

Ce dernier avait déjà reculé à la demande du procureur de la république après avoir mis en examen les principaux actionnaires des banques libanaises. 

Cette décision intervient alors qu’une réunion du Conseil supérieur de la magistrature a eu lieu ce lundi et devrait faire une déclaration qui clarifie pleinement la position du Conseil sur les actions du procureur de l’État du Mont-Liban concernant la juge. 

Celle-ci en dépit d’avoir été dessaisie du dossier à la demande du procureur Ghassan Oweidat, également proche du premier ministre désigné Saad Hariri comme le gouverneur de la Banque du Liban, a perquisitionné à 2 reprises la semaine dernière, le bureau de Michel Mecattaf dans la localité de Awkar.

Pour sa part, Michel Mecattaf indique être prêt à fournir tous les documents demandés et a appelé l’armée et les forces de sécurité à intervenir afin de protéger ses bureaux. Il a également rappelé son appartenance au 14 Mars et estimé que les accusations à son encontre sont politiques. 

Une enquête débutée en mai 2020 suite à des manipulations du cours de la livre libanaise

Pour rappel, le directeur des opérations monétaires de la Banque du Liban Mazen Hamdan avait été arrêté en mai 2020 par les autorités judiciaires en compagnie de responsables du syndicat des agents de change qui avaient alors accusés le gouverneur de la Banque du Liban de complicité. Mazen Hamdan était alors accusé d’avoir mené des opérations pour le compte de la BDL retirant des dollars du marché au lieu d’en injecter pour tenter de faire baisser la pression sur la Livre Libanaise. Egalement, la directrice de la commission de contrôle bancaire, Maya Dabbagh a été mise en examen pour des motifs similaires dans ce même dossier. 

Le PDG de la SGBL Antoine Sehnaoui serait également impliqué dans cette affaire. 

Le gouverneur de la BdL en appelle au procureur de la république face aux menaces judiciaires

Cette information intervient alors que le gouverneur de la banque du Liban Riad Salamé aurait informé, le 7 avril 2021, le procureur de la république, le juge Ghassan Oweidat, de la clôture des comptes de la Banque du Liban auprès de banques correspondantes étrangères, indiquait alors le journal Al Akhbar. Cette lettre a été transféré par le magistrat au Président de la République, le général Michel Aoun, au premier ministre sortant Hassan Diab et aux ministres sortants des finances Ghazi Wazni et de la Justice Marie Claude Najm. 

Selon le gouverneur de la Banque du Liban, ces décisions seraient motivées par l’état de défaut de paiement, les campagnes politiques visant la Banque du Liban et par “le Tollé judiciaire”, allusion aux accusations de détournement de fonds et de corruption visant Riad Salamé lui-même. 

Le quotidien libanais estime, dans son article, que le gouverneur de la banque du Liban tenterait ainsi d’échapper aux investigations de différents pays le visant, notamment après la publication d’information d’un groupe en Grande Bretagne l’accusant de corruption et de détournement de fonds avec la complicité de son frère Raja et de son bras-droit Marianne Hoayek ou encore à sa responsabilité dans la crise actuelle, en rappelant notamment qu’il est à l’origine de la politique monétaire suivie depuis des années.

Le juge Ghada Aoun se serait cependant rendue aux bureaux de la société Mecattaf à l’issue de cette réunion pour clore son dossier. 

Une affaire qui prend une tournure politique 

Le gouverneur de la Banque du Liban, considéré comme un proche de la famille Hariripuisque arrivé à la tête de la Banque Centrale en même temps que l’accession au poste de premier ministre de Rafic Hariri, père de Saad Hariri, en 1993, est très largement critiqué pour les opérations d’ingénierie financière conduites ces dernières années et qui auraient aggravé la crise financière actuelle. Il est également accusé par la justice suisse pour détournement de fonds publics. Celle-ci a d’ailleurs annoncé le gel de ses avoirs.

Pour rappel, la juge Ghada Aoun – considérée comme proche du Courant Patriotique Libre – enquêterait sur plusieurs dossiers sensibles mettant en cause un ancien premier ministre Nagib Mikati, des anciens ministres ou encore le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, également un proche de Saad Hariri.

Le procureur de la république avait déjà par le passé demandé au Conseil suprême de la magistrature a demandé des mesures disciplinaires suite à la mise en examen de l’ancien premier ministre Nagib Mikati à l’encontre à de la magistrate.

1 COMMENTAIRE

  1. Si Ghassane Oueidate tente d’empêcher l’enquête sur la disparition des avoirs des déposants dans les banques, alors qu’il est réputé relever du clan haririen, et que la juge Aoun tente de faire la lumière sur ces affaires, et qu’elle serait liée au courant aouniste, alors cela éclaire l’esprit de toute personne intelligente et sans parti pris sur la nature profonde de chacun de ces deux courants politique.

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