L’armée israélienne poursuit son retrait du sud du Liban, conformément à l’accord de cessez-le-feu négocié par les États-Unis et la France et entré en vigueur le 27 novembre 2024. Ce retrait, qui devait initialement durer 60 jours, a été prolongé jusqu’au 18 février 2025 afin de permettre un transfert progressif du contrôle sécuritaire aux forces libanaises. Le général de division Jasper Jeffers, responsable américain chargé de superviser l’application de l’accord, a déclaré être « confiant que l’armée libanaise (LAF) contrôlera tous les centres de population de la zone sud du Litani d’ici mardi prochain ».
Un haut responsable de la sécurité israélienne, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a confirmé que Tsahal respecte les délais fixés et remettra progressivement le contrôle des zones évacuées à l’armée libanaise, en coordination avec la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL).
Une présence militaire contestée sur cinq points stratégiques
Toutefois, ce retrait suscite des tensions entre Beyrouth et Tel-Aviv. Le président du Parlement libanais, Nabih Berri, a affirmé jeudi que les États-Unis lui avaient communiqué qu’Israël quitterait bien le Liban le 18 février, mais qu’il maintiendrait une présence sur cinq positions stratégiques. Beyrouth a immédiatement rejeté cette éventualité. Les autorités libanaises demandent un retrait total, conformément aux engagements pris. Le responsable israélien interrogé sur la question n’a pas confirmé cette information, précisant simplement que l’armée israélienne « se retirera jusqu’à la ligne bleue, en transférant progressivement les zones concernées à l’armée libanaise ».
Cependant, plusieurs informations contradictoires circulent sur la volonté d’Israël de respecter pleinement l’accord. Selon des sources proches de Nabih Berri, ce dernier ne fait pas confiance aux engagements américains concernant le respect du calendrier du 18 février.
Un manque de confiance dans la médiation américaine
Des divergences existent également parmi les médiateurs internationaux. Les représentants français, qui participent au comité de surveillance du cessez-le-feu, ont eux aussi exprimé leur scepticisme quant à la volonté des États-Unis de faire pression sur Israël pour un retrait total. De son côté, l’ambassadeur américain au Liban, Lisa Johnson, ainsi que le général Jeffers, ont rencontré Berri pour tenter de rassurer les autorités libanaises. Le président du Parlement a toutefois maintenu sa position, déclarant : « Il est de la responsabilité des Américains de faire respecter ce retrait. S’ils échouent, ils porteront la plus grande responsabilité dans cet échec. »
Par ailleurs, des sources françaises ont confirmé que des discussions intensives sont en cours avec Israël pour garantir un retrait total dans les délais prévus. Le président Emmanuel Macron a personnellement contacté le président libanais Joseph Aoun pour réitérer le rejet par le Liban de toute extension de la présence israélienne.
Dates clés | Événements |
---|---|
27 novembre 2024 | Entrée en vigueur du cessez-le-feu. |
18 février 2025 | Fin de la période de retrait israélien. |
En cours | Négociations internationales sur le respect du calendrier. |
Des accusations mutuelles de violations du cessez-le-feu
Alors que le processus de retrait se poursuit, les tensions restent vives entre les différentes parties. Israël accuse le Hezbollah de ne pas respecter l’accord, affirmant avoir détecté plusieurs tentatives d’infiltration de la part du groupe libanais. « Nous avons identifié des cas où des membres du Hezbollah tentaient de revenir au sud du Litani sous couvert de vêtements civils, de récupérer des munitions ou d’organiser des transferts d’armes dans la Bekaa », a indiqué le responsable israélien.
Le Hezbollah, de son côté, accuse Israël de ne pas respecter pleinement l’accord. L’ONU a également relevé des violations israéliennes du cessez-le-feu, sans fournir de précisions sur leur nature. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a récemment souligné l’importance « d’un retrait ordonné et du respect des engagements de toutes les parties afin d’éviter toute escalade ».
Israël veut conserver cinq postes militaires après la date butoir
Des informations contradictoires émergent également sur le terrain. Selon le média israélien Kan, l’armée israélienne a déjà commencé à construire cinq postes militaires à l’intérieur du territoire libanais. Israël chercherait à maintenir ces positions avec l’accord tacite des États-Unis, malgré l’opposition officielle de Washington.
D’après Bloomberg, un haut responsable israélien a confirmé que Tsahal conservera cinq points stratégiques au-delà du 18 février, déclarant : « Nous conserverons ces positions jusqu’à ce que le Liban remplisse ses obligations. Cela ne signifie pas seulement éloigner le Hezbollah de la frontière, mais aussi désarmer le groupe. »
Ce maintien d’une présence militaire israélienne dans le sud du Liban pourrait provoquer une nouvelle impasse diplomatique et alimenter les tensions sur le terrain.