Le samedi 22 mars 2025, une nouvelle escalade a secoué la frontière sud du Liban, où des roquettes ont été tirées vers le nord d’Israël, provoquant une réponse immédiate de l’armée israélienne et ravivant les craintes d’un conflit plus large. Alors que le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a mis en garde contre les risques d’une reprise des opérations militaires, les deux parties échangent des accusations de responsabilité, mettant à rude épreuve le fragile cessez-le-feu conclu le 27 novembre 2024.
Tirs de roquettes et réponse israélienne
À 7h30 (05h30 GMT), des sirènes d’alerte ont retenti à Metula, une localité israélienne proche de la frontière libanaise. L’armée israélienne a rapporté que trois roquettes, lancées depuis la région de Nabatieh au sud du Liban, ont pénétré son espace aérien mais ont été interceptées avec succès. Peu après, une source militaire libanaise a indiqué à Al-Arabiya que l’identité des responsables de ces tirs restait inconnue, précisant que des consultations étaient en cours avec le comité technique des cinq parties – impliquant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et la FINUL – pour éviter une escalade.
En réaction, l’armée israélienne a lancé des tirs d’artillerie sur des zones du sud du Liban, ciblant notamment le district de Nabatieh et la ville de Khiam, où trois obus de chars Merkava ont été signalés par l’Agence nationale de l’information (NNA) libanaise. Des tirs d’armes automatiques ont également visé les villages frontaliers de Houla, Markaba et Kfar Kila, tandis que des avions de guerre israéliens ont survolé l’est du Liban sud, accompagnés d’explosions de missiles intercepteurs. La NNA a également rapporté que des troupes au sol israéliennes ont ouvert le feu sur les collines de Hamames avec des armes automatiques.
Le chef d’état-major israélien, le général de division Eyal Zamir, a conduit une évaluation de la situation suite aux tirs de roquettes. L’armée israélienne a promis une « réponse sévère » et a maintenu ses lignes directrices du Commandement du front intérieur sans changement, tout en déclarant que « l’État du Liban porte la responsabilité de respecter l’accord » de cessez-le-feu.
Mise en garde du Premier ministre Salam
Treize minutes avant cet article, Nawaf Salam a averti qu’une reprise des opérations militaires à la frontière sud « risquerait de plonger le pays dans une nouvelle guerre, entraînant des tragédies pour le Liban et les Libanais ». Dix-sept minutes plus tôt, il avait contacté le ministre de la Défense pour insister sur « la nécessité de prendre toutes les mesures sécuritaires et militaires afin d’affirmer que l’État seul décide de la guerre et de la paix ». Ces déclarations soulignent la volonté du gouvernement libanais de conserver le monopole des décisions stratégiques, dans un contexte où le Hezbollah, soutenu par l’Iran, a longtemps dominé militairement la région sud.
Des contacts libanais avec le comité des cinq membres ont été signalés il y a 49 minutes par Al-Arabiya, dans une tentative de désamorcer la situation avec Israël. Ces efforts diplomatiques visent à maintenir le cessez-le-feu, qui avait mis fin à plus d’un an de combats entre le Hezbollah et Israël, incluant deux mois de guerre ouverte marqués par une incursion terrestre israélienne.
Israël pointe la responsabilité du Liban
Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réagi avec fermeté, déclarant il y a 51 minutes : « Le sort de Metula est le même que celui de Beyrouth, et le gouvernement libanais porte la responsabilité de tout tir depuis son territoire. » Dans une déclaration officielle, Katz a ajouté : « Nous ne pouvons tolérer des tirs depuis le Liban sur les communautés de Galilée. J’ai ordonné à l’armée de répondre en conséquence. » Il a réaffirmé l’engagement d’Israël à garantir la sécurité des localités de Galilée, menaçant de représailles si les attaques persistaient.
Il y a 58 minutes, l’armée israélienne avait déjà signalé l’interception des trois roquettes et le début des bombardements d’artillerie sur le sud du Liban, ciblant les zones suspectées d’être les points de lancement. Cette réponse rapide illustre la position israélienne selon laquelle tout tir depuis le Liban, quel qu’en soit l’auteur, engage la responsabilité de l’État libanais.
Un cessez-le-feu sous tension
Le cessez-le-feu du 27 novembre 2024 avait largement stoppé les hostilités qui avaient débuté en octobre 2023, lorsque le Hezbollah avait lancé des roquettes sur Israël en solidarité avec le Hamas à Gaza, provoquant une riposte israélienne massive. Cet accord, négocié sous la médiation des États-Unis et de la France, prévoyait le retrait des forces israéliennes du Liban et le repositionnement du Hezbollah au nord de la rivière Litani, avec un déploiement accru de l’armée libanaise et de la FINUL pour sécuriser la frontière. Cependant, des violations sporadiques, incluant des survols israéliens et des tirs de roquettes non revendiqués, ont mis cet accord à l’épreuve.
La source militaire libanaise citée par Al-Arabiya a confirmé que l’enquête sur l’origine des tirs de ce matin était en cours, soulignant la difficulté d’identifier les responsables dans une région où plusieurs groupes armés opèrent. Cette incertitude complique les efforts pour maintenir la trêve, alors que le Liban cherche à éviter un retour à une guerre ouverte.
Une situation volatile
Les événements de ce samedi matin ravivent les inquiétudes dans un Liban déjà fragilisé par des années de crise économique et politique. La mise en garde de Salam reflète la crainte que des incidents comme celui-ci ne dégénèrent en un conflit plus large, impliquant à nouveau le Hezbollah et Israël. De son côté, la rhétorique musclée de Katz et la réponse militaire israélienne immédiate signalent une tolérance zéro pour toute violation du cessez-le-feu depuis le territoire libanais.