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Michel Aoun : « Face aux défis existentiels menaçant le Liban, personne n’échappera aux répercussions »

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Dans une déclaration diffusée ce lundi, le président Michel Aoun a alerté sur les « dangers majeurs » auxquels le Liban est confronté, identifiant trois défis critiques : les agressions israéliennes persistantes, l’insécurité croissante à la frontière syrienne, et l’afflux incontrôlé de déplacés syriens. Soulignant l’urgence d’une action immédiate, il a appelé à une réunion du Conseil supérieur de la défense pour contrer ces menaces à la sécurité nationale, avertissant que « personne ne sera à l’abri des répercussions » si le pays ne réagit pas. Ce discours, prononcé dans un contexte de crise multiforme, reflète les inquiétudes d’un ancien chef d’État face à une situation qu’il juge explosive.

Trois défis existentiels pour le Liban

Michel Aoun, qui a occupé la présidence de 2016 à 2022 et reste une figure influente via le Courant patriotique libre (CPL), a dressé un tableau alarmant des menaces pesant sur le Liban. « Le Liban est aujourd’hui exposé à un grand danger découlant de trois défis », a-t-il déclaré, détaillant chacun avec une gravité marquée.

Premièrement, il a pointé « l’escalade des agressions israéliennes et les violations de la souveraineté libanaise sans aucun frein », dénonçant la mort quotidienne de « martyrs et victimes dans leurs villages et sur leurs terres ». Selon Aoun, ces attaques se poursuivent « malgré les arrangements de cessez-le-feu liés à l’application de la Résolution 1701 » de l’ONU. Adoptée en 2006 pour mettre fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah, cette résolution exige une zone démilitarisée au sud du Litani, réservée à l’armée libanaise et à la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban). Aoun laisse entendre que ces engagements ne sont pas respectés, pointant implicitement Israël comme responsable de cette dérive.

Deuxièmement, il a évoqué « l’anarchie aux frontières terrestres avec la Syrie et leur violation par divers groupes aux affiliations multiples », impliqués dans « des opérations de contrebande, des passages illégaux, des incidents répétés et croissants, des affrontements armés et des agressions contre des villages et des villes des régions est et nord ». Il a souligné que ces violences ont atteint un seuil critique, « jusqu’à l’enlèvement, le meurtre et l’égorgement de citoyens libanais ». Aoun a relayé les « appels et avertissements » des habitants et responsables locaux de ces zones comme des « signaux d’alarme » annonçant des dangers plus graves à venir, sans préciser d’incidents particuliers mais suggérant une situation hors de contrôle.

Troisièmement, il a déploré « l’augmentation du nombre de déplacés syriens sans plan ni perspective claire, libanaise ou internationale, pour résoudre leur situation », malgré « les récents changements politiques en Syrie » qui, selon lui, éliminent « toute justification invoquée auparavant pour leur non-retour ». Il a également noté « de nouvelles vagues de déplacements ces derniers temps », aggravant une crise humanitaire déjà lourde pour le Liban, qui héberge environ 1,5 million de réfugiés syriens depuis 2011, selon les estimations gouvernementales de 2024.

Une mobilisation urgente contre les dangers

Face à ces défis, Michel Aoun a appelé les responsables à « prendre l’initiative immédiatement pour adopter les mesures nécessaires afin de préserver la sécurité de la patrie et des citoyens ». Il a insisté sur leur « responsabilité historique » dans cette conjoncture critique, plaidant pour une réponse concertée et rapide. « Il est requis aujourd’hui que le Conseil supérieur de la défense se réunisse pour prendre les mesures appropriées afin de faire face aux dangers qui menacent la sécurité et la stabilité du pays », a-t-il déclaré, présentant cette réunion comme « un devoir et non une option » pour ceux en position de pouvoir.

Le Conseil supérieur de la défense, composé du président, du Premier ministre, des principaux ministres et des chefs des forces de sécurité, est l’organe chargé de coordonner les réponses aux crises nationales au Liban. En invoquant sa convocation, Aoun suggère une situation d’urgence nécessitant une stratégie unifiée, allant au-delà des capacités actuelles du gouvernement de transition dirigé par Nawaf Salam, formé en février 2025 sous la présidence de Joseph Aoun, son successeur à la tête de l’État.

Une mise en garde nationale

Le président Aoun a conclu son discours par un avertissement solennel : « Que personne parmi les fils de cette patrie ne pense qu’il sera à l’abri des répercussions de ces dangers, car la patrie est une, et ce qui frappe son sud, son nord ou son est la frappe dans son ensemble et atteint son cœur. Ne prenez pas cela à la légère et ne sous-estimez pas. » Cette déclaration, enregistrée dans un message audio diffusé il y a 14 minutes selon votre source, reflète une volonté de mobiliser l’ensemble de la population libanaise face à des menaces qu’il juge universelles et interconnectées.

Cette rhétorique rappelle le style d’Aoun durant son mandat présidentiel (2016-2022), marqué par des appels fréquents à l’unité nationale face à des crises multiples, qu’il s’agisse de l’effondrement économique de 2019 ou des tensions sécuritaires avec Israël et la Syrie. Bien qu’il ne soit plus en fonction, son influence persiste à travers le CPL, qu’il a fondé en 2005 et qui reste un acteur politique clé sous la direction de son gendre, Gébran Bassil.

Un contexte de vulnérabilité structurelle

Le discours d’Aoun intervient dans un Liban fragilisé par des années de crises cumulatives. La guerre de 2024 entre Israël et le Hezbollah, qui a causé des milliers de morts et déplacé 1,4 million de personnes, a laissé des infrastructures dévastées et une économie encore plus exsangue qu’auparavant. Le cessez-le-feu du 27 novembre 2024, prolongé jusqu’au 18 février 2025, a réduit les hostilités, mais des violations persistantes – notamment des frappes israéliennes – ont maintenu une tension latente dans le sud, conforme aux préoccupations d’Aoun sur la Résolution 1701.

À l’est et au nord, la frontière syrienne reste un point de vulnérabilité majeur. Depuis le début du conflit syrien en 2011, le Liban a été confronté à des flux de réfugiés, des opérations de contrebande et des incursions sporadiques, exacerbées par l’instabilité persistante en Syrie, même après la chute du régime Assad et l’émergence d’un gouvernement intérimaire en 2024. Les « changements politiques récents » évoqués par Aoun font référence à cette transition, qui n’a pas encore stabilisé la situation, permettant de nouvelles vagues de déplacements vers le Liban.

La crise des réfugiés syriens, troisième défi mentionné, est un fardeau de longue date. Avec une population d’environ 4 millions d’habitants avant 2019, le Liban a vu son équilibre démographique bouleversé par l’arrivée massive de Syriens, un sujet politiquement sensible qui alimente des appels croissants au rapatriement, notamment de la part du CPL et d’autres factions.

Une responsabilité collective dans un pays en sursis

En soulignant que « ce qui frappe le sud, le nord ou l’est frappe le cœur du Liban », Aoun insiste sur l’interconnexion des défis et la nécessité d’une réponse unifiée. Sa mise en garde contre la sous-estimation des dangers reflète une crainte que l’inaction des autorités actuelles – le gouvernement Salam et le président Joseph Aoun – ne conduise à une dégradation irréversible. L’appel au Conseil supérieur de la défense vise à forcer une prise de décision rapide, dans un pays où les institutions ont souvent été paralysées par des divisions politiques et un manque de ressources.

Le Liban de 2025 reste marqué par les séquelles de la crise économique débutée en 2019, avec une monnaie dévaluée de plus de 97 % et une population majoritairement sous le seuil de pauvreté (estimations 2023). La guerre de 2024 et une sécheresse historique cette année ont aggravé ces difficultés, rendant les défis identifiés par Aoun – agressions israéliennes, insécurité frontalière, crise des réfugiés – d’autant plus pressants. Dans ce contexte, son discours résonne comme un cri d’alarme, appelant à une mobilisation nationale pour préserver ce qu’il reste de la stabilité libanaise.

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Newsdesk Libnanews
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