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Revue de presse du 25/04/25: tensions électorales à Beyrouth, loi sur la confidentialité bancaire et guerre à Gaza

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La journée du 25 avril 2025 a été marquée au Liban par trois faits saillants : la controverse autour de la modification de la loi électorale municipale de Beyrouth, l’adoption attendue de la réforme de la confidentialité bancaire, et l’intensification du conflit militaire à Gaza. Ces événements, couverts par l’ensemble de la presse libanaise, témoignent d’un climat politique et régional à haute tension.

Conflit confessionnel autour de la réforme électorale municipale

Le Parlement libanais s’est embrasé lors de débats sur la réforme du système électoral municipal de Beyrouth. Selon Ad Diyar (25 avril 2025), une proposition visant à instituer la parité confessionnelle dans les listes électorales a suscité des divisions profondes entre députés. Des élus chrétiens ont proposé de verrouiller les candidatures selon des critères communautaires, en contrepartie d’une cession des pouvoirs du gouverneur. Cette démarche a rencontré une opposition farouche de députés sunnites, attachés à un équilibre différent dans les prérogatives municipales.

Face à cette impasse, le président du Parlement Nabih Berri est intervenu pour désamorcer la situation. Il a refusé que la Chambre adopte une mesure de cette nature, renvoyant la question à la commission de l’Intérieur et des Municipalités. Cette décision, rapportée par Al Joumhouriyat (25 avril 2025), a été présentée comme un moyen de neutraliser les tensions confessionnelles sans ajourner les élections. La même source affirme que les élections municipales se tiendront à la date prévue, selon le cadre légal en vigueur.

Dans Nahar (25 avril 2025), des analystes politiques ont observé que les calculs électoraux de certains députés beyrouthins ont été guidés par une volonté de flatter leur base confessionnelle. Des campagnes de communication sur les réseaux sociaux, parfois coordonnées directement par les élus, ont été déployées pour influencer les débats parlementaires en faveur de la parité communautaire. Cet usage de la mobilisation numérique en soutien à des enjeux confessionnels témoigne de la persistance de logiques politiques identitaires au sein des institutions.

Adoption d’une réforme clef : la levée du secret bancaire

Le second événement marquant de la journée concerne l’adoption par le Parlement de la réforme sur la levée du secret bancaire. Présentée comme une étape décisive sur le chemin des réformes structurelles, cette mesure a été adoptée par une large majorité. Al Joumhouriyat (25 avril 2025) souligne que ce vote a coïncidé avec la participation d’une délégation libanaise aux réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à Washington. La presse évoque un calcul stratégique : offrir un signal positif aux partenaires internationaux pour renforcer les discussions financières.

Selon Al Bina’ (25 avril 2025), le vote de cette réforme a été perçu comme une tentative de restaurer partiellement la crédibilité de l’État. Le texte permet désormais d’ouvrir des enquêtes sur les comptes bancaires de personnalités soupçonnées de corruption, de détournement ou d’enrichissement illicite, notamment ceux qui auraient profité des politiques monétaires controversées mises en place après la crise de 2019.

Le président Joseph Aoun a signé le texte le soir même, et l’a transmis pour publication, comme le rapporte Al Sharq (25 avril 2025). Cette rapidité d’exécution vise à montrer une volonté politique ferme de mettre fin à l’opacité bancaire, longtemps considérée comme un obstacle majeur aux réformes et à la justice économique.

Cependant, plusieurs journaux expriment des doutes quant à l’application effective de cette loi. Al Akhbar (25 avril 2025) avertit que cette réforme pourrait connaître le même sort que d’autres textes adoptés mais jamais appliqués. Les observateurs pointent l’absence d’un mécanisme de suivi indépendant et redoutent des pressions politiques pour empêcher des poursuites contre certaines figures influentes. L’histoire récente du Liban montre en effet que l’adoption d’un texte ne garantit pas son exécution.

Gaza : violences militaires et indignation humanitaire

Au niveau régional, le conflit israélo-palestinien continue de provoquer une onde de choc politique et médiatique au Liban. Selon Ad Diyar (25 avril 2025), une série de bombardements israéliens a fait au moins 30 morts dans la bande de Gaza. Ces attaques ont eu lieu dans un contexte de combats intenses dans le nord du territoire, notamment autour de Beit Hanoun, où l’armée israélienne a reconnu la perte d’un commandant de char et la blessure de trois soldats lors d’une embuscade de la résistance palestinienne.

La situation humanitaire est décrite comme catastrophique. Le docteur Ahmad Al-Farra, directeur d’un hôpital à Gaza, a déclaré à la presse que les enfants souffrent d’une malnutrition sévère, et que les hôpitaux manquent de médicaments essentiels ainsi que de lait pour nourrissons. Ces propos, relayés par Al Bina’ (25 avril 2025), traduisent une dégradation accélérée des conditions de vie sous les bombardements, dans un territoire déjà sous blocus depuis plusieurs années.

Plusieurs factions palestiniennes ont annoncé leur boycott du Conseil central de l’Organisation de libération de la Palestine, dénonçant des pressions internationales visant à faire valider des décisions politiques en pleine guerre. Cette prise de position est interprétée comme un rejet de la normalisation diplomatique et une volonté de ne pas légitimer un cadre jugé illégitime dans un contexte de conflit ouvert.

Dans la presse libanaise, les réactions oscillent entre indignation morale et dénonciation de l’inaction internationale. Al Akhbar (25 avril 2025) publie une tribune dénonçant l’indifférence généralisée du monde arabe et occidental face à ce qui est décrit comme une « banalisation du massacre ». Le journal s’interroge sur le silence de certaines chancelleries et sur le double discours de plusieurs pays occidentaux, qui se disent défenseurs des droits humains tout en fermant les yeux sur la situation à Gaza.

Vers un été sous haute surveillance : espoirs énergétiques et craintes sécuritaires

Dans un registre plus technique, la presse a aussi relevé des annonces concernant l’amélioration potentielle de la situation énergétique. D’après Ad Diyar (25 avril 2025), le Liban a obtenu un prêt de 250 millions de dollars pour renforcer le réseau électrique et augmenter le nombre d’heures de courant. Grâce à un accord d’importation de fuel avec l’Irak et à la réactivation de la Commission de régulation de l’électricité, le gouvernement espère atteindre 16 heures d’approvisionnement quotidien cet été.

Ce projet est présenté comme un élément de stabilisation économique et touristique. Le gouvernement mise sur le retour des Libanais de la diaspora ainsi que sur la venue de touristes étrangers pour relancer une activité économique fortement affaiblie. L’amélioration de la sécurité dans les zones touristiques est également mise en avant, avec des efforts particuliers pour organiser l’aéroport de Beyrouth et son port, présentés comme des infrastructures modernisées, comparables aux standards européens.

Cependant, ces perspectives optimistes dépendent fortement de la stabilité sécuritaire. Les tensions politiques internes, les risques de débordements liés au conflit régional, et les tensions communautaires autour des municipales pourraient menacer cette fragile reprise.

Politique locale : affrontements confessionnels, positionnements électoraux et équilibre institutionnel

La politique intérieure libanaise est en pleine ébullition à l’approche des élections municipales. Le débat parlementaire du 24 avril 2025 sur la réforme électorale de la ville de Beyrouth, largement couvert par les journaux datés du 25 avril, a cristallisé des tensions communautaires profondes. Parallèlement, plusieurs partis et personnalités politiques ont adopté des postures pré-électorales marquées, tandis que l’exécutif cherche à rassurer sur la tenue du scrutin et la continuité institutionnelle. Cette séquence politique illustre une dynamique où les intérêts locaux, les équilibres communautaires et les tensions interpartisanes s’entrecroisent dans un climat tendu.

Blocage communautaire autour de la loi électorale de Beyrouth

Le principal dossier politique de la semaine a concerné la tentative de modification de la loi électorale municipale de la capitale. Selon Ad Diyar (25 avril 2025), plusieurs députés, en majorité chrétiens, ont proposé de redéfinir les mécanismes électoraux à travers une « parité confessionnelle » dans la composition des listes électorales. En contrepartie, ils étaient prêts à céder certaines prérogatives du gouverneur de Beyrouth. Ce projet a suscité une opposition immédiate des députés sunnites, qui ont vu dans cette démarche une tentative de marginalisation institutionnelle.

Le débat, d’une rare intensité, a été interrompu par le président du Parlement Nabih Berri. Al Joumhouriyat (25 avril 2025) rapporte qu’il a fermement écarté l’idée de faire adopter ce texte dans l’état, déclarant que ce genre de proposition ne pouvait passer ni par lui, ni par d’autres. Le texte a été renvoyé à la commission de l’Intérieur et des Municipalités, ce qui constitue un gel politique déguisé.

Le même journal note que les élus de Beyrouth ont été particulièrement actifs dans la communication autour de cette réforme, mobilisant des campagnes numériques pour rallier leurs bases communautaires. Cette instrumentalisation des réseaux sociaux dans une logique confessionnelle renforce l’idée d’un système politique fondé sur la représentation exclusive plutôt que sur la citoyenneté partagée.

Positionnement du gouvernement : maintien du scrutin et neutralité officielle

Face à la polarisation croissante, le Premier ministre Nawaf Salam a réaffirmé la tenue des élections municipales dans les délais prévus. Al Liwa’ (25 avril 2025) rapporte que le chef du gouvernement a insisté sur la nécessité de respecter les échéances constitutionnelles, quels que soient les débats internes au Parlement. Cette position vise à préserver un minimum de stabilité institutionnelle et à rassurer les observateurs internationaux.

La presse relève également que le président de la République Joseph Aoun a signé la réforme de la confidentialité bancaire dans les heures suivant son adoption parlementaire, envoyant un message de réactivité politique. Bien que ce geste ne concerne pas directement le dossier électoral, il participe à la stratégie du pouvoir exécutif de se montrer actif et responsable dans une phase critique pour le pays.

Nahar (25 avril 2025) rapporte que plusieurs ministres ont cherché à calmer les esprits en soulignant que la réforme électorale municipale n’est pas une urgence nationale. Ils ont appelé à laisser les mécanismes existants fonctionner le temps que le débat législatif se poursuive dans des conditions apaisées. Cette approche reflète une volonté de désamorcer un conflit communautaire qui pourrait rapidement se généraliser.

Mobilisation des partis : entre alliances locales et calculs communautaires

En coulisse, les formations politiques affûtent leurs stratégies. Al Akhbar (25 avril 2025) indique que des négociations avancées ont lieu entre les principaux partis en vue de constituer des alliances municipales, notamment à Beyrouth, Tripoli et Saïda. Les discussions portent moins sur les programmes que sur les répartitions communautaires et les garanties de représentation au sein des conseils municipaux.

À Beyrouth, les tensions sont particulièrement fortes autour de la répartition des sièges entre communautés chrétienne et sunnite. La proposition de modification de la loi électorale a été perçue comme une tentative de certains partis chrétiens de verrouiller leur présence dans une ville de plus en plus diversifiée. Cette lecture confessionnelle, omniprésente dans les analyses des journaux, laisse peu de place à un débat civique autour de la gouvernance urbaine, de la gestion des déchets, des infrastructures ou des espaces publics.

Al Bina’ (25 avril 2025) révèle que des membres du Courant patriotique libre ont tenu des réunions internes pour déterminer leur stratégie municipale à Beyrouth, en tenant compte de leur poids électoral affaibli depuis la crise économique. Ils envisagent des alliances ciblées avec des candidats indépendants soutenus par certaines associations chrétiennes, afin de maintenir leur influence.

Du côté sunnite, les Forces libanaises et des figures proches de Saad Hariri s’activent pour reconstituer des blocs électoraux capables de contrer l’élan communautaire adverse. Les élections municipales sont perçues comme un test politique grandeur nature pour mesurer la recomposition des forces sunnites après le retrait progressif d’Hariri de la vie politique active.

Le rôle ambivalent du Parlement

Si le Parlement est le lieu naturel de débat et de législation, il est aussi, dans ce dossier, une chambre d’écho des divisions communautaires. La proposition de réforme n’a pas fait l’objet d’un travail préalable de concertation, mais a été présentée comme un fait accompli, créant une situation de tension directe dans l’hémicycle. Al Sharq (25 avril 2025) relève que plusieurs députés ont exprimé publiquement leur rejet de toute réforme électorale imposée sans consensus interconfessionnel.

L’absence d’un cadre de dialogue structuré entre partis sur les réformes municipales accentue le risque de crises à répétition. Le Parlement apparaît à la fois comme l’espace du blocage et celui du possible dénouement. Tout dépendra de la capacité de ses membres à sortir des postures identitaires pour privilégier un raisonnement institutionnel.

Cette ambivalence est d’autant plus préoccupante que d’autres réformes électorales, notamment celles concernant la loi générale sur les élections législatives, sont également à l’ordre du jour. Si le Parlement échoue à gérer sereinement un dossier local comme celui de Beyrouth, il y a lieu de craindre une impasse encore plus sérieuse sur les sujets nationaux.

Perspectives politiques à court terme

Dans les semaines à venir, plusieurs scénarios sont envisageables. Le plus probable est celui d’un maintien du scrutin selon la loi actuelle, faute d’un accord sur une réforme partagée. Ce scénario, bien que techniquement possible, pourrait nourrir le ressentiment de certains partis, qui verraient dans ce maintien une défaite politique.

Un second scénario, plus incertain, serait celui d’un compromis parlementaire in extremis sur un ajustement de la loi, destiné à satisfaire symboliquement chaque camp. Mais cela supposerait une relance rapide du dialogue interpartisan, dans un climat qui reste marqué par la défiance.

Enfin, un troisième scénario – peu probable mais redouté – serait celui d’une escalade politique menant à une interruption du processus électoral. Les autorités semblent vouloir éviter à tout prix cette issue, conscientes que le moindre report serait interprété comme un signe de délitement institutionnel.

Diplomatie : inertie politique, positionnements prudents et impuissance face aux enjeux régionaux

Dans les journaux libanais du 25 avril 2025, la diplomatie nationale apparaît à la fois discrète et fragmentée. Face aux crises régionales, notamment la guerre en cours à Gaza, le positionnement officiel du Liban se caractérise par une prudence assumée, mais qui confine à l’impuissance. Par ailleurs, certaines initiatives multilatérales sont relayées, comme la participation du Liban aux réunions internationales économiques à Washington, sans pour autant constituer une politique étrangère structurée. Cette section met en lumière une diplomatie en retrait, réactive plutôt que proactive, et souvent paralysée par les tensions internes.

Gaza : silence diplomatique libanais et réactions périphériques

L’un des dossiers majeurs couverts dans la presse du jour concerne la poursuite de l’offensive israélienne sur Gaza. Alors que les bombardements s’intensifient, causant de nombreuses pertes civiles, le Liban officiel reste étonnamment silencieux. Aucun communiqué émanant du ministère des Affaires étrangères n’est rapporté par les journaux. Ce silence contraste avec l’indignation exprimée dans plusieurs éditoriaux, notamment dans Al Akhbar (25 avril 2025), qui accuse les gouvernements arabes, dont celui du Liban, de faire preuve d’indifférence ou de complaisance face aux « massacres » commis dans le territoire palestinien.

Selon Al Bina’ (25 avril 2025), plusieurs formations palestiniennes ont annoncé qu’elles boycotteraient les instances de l’Organisation de libération de la Palestine, dénonçant la pression internationale pour valider des décisions en pleine guerre. Le journal rapporte que des représentants du Liban ont été sollicités pour participer à une rencontre de solidarité organisée à Amman, mais que la participation libanaise est restée au niveau consulaire, sans engagement politique clair.

Ce retrait diplomatique s’explique en partie par la volonté d’éviter toute escalade régionale, le Liban étant lui-même dans une situation sécuritaire fragile. Mais il traduit aussi un affaiblissement de la voix libanaise sur la scène internationale, autrefois active sur les questions palestiniennes. L’incapacité à articuler une réponse diplomatique forte à la situation à Gaza est symptomatique de la fragmentation de la politique étrangère libanaise.

Présence aux réunions internationales : une diplomatie économique plutôt que politique

Comme le relèvent Al Joumhouriyat et Ad Diyar (25 avril 2025), le Liban a été représenté à haut niveau aux réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à Washington les 23 et 24 avril. Cette participation s’est centrée sur des discussions techniques autour de la situation économique libanaise, avec pour objectif principal de débloquer une aide conditionnée à la mise en œuvre de réformes structurelles.

Cette mobilisation de la diplomatie économique constitue une exception dans un paysage diplomatique national par ailleurs atone. Le président Joseph Aoun, tout comme le Premier ministre Nawaf Salam, ont autorisé la délégation à mettre en avant la réforme du secret bancaire comme preuve de bonne volonté. Cependant, cette participation reste limitée à un volet financier, sans déploiement d’une politique étrangère plus large ni positionnement clair sur les dossiers régionaux.

Les médias notent également que les contacts bilatéraux lors de ces réunions sont restés techniques, centrés sur les conditions de l’aide, sans qu’il soit question d’une quelconque relance du rôle diplomatique libanais au Proche-Orient. Cela confirme le virage d’une diplomatie centrée sur la survie économique, au détriment de l’initiative politique.

Le retrait stratégique de la scène régionale

Dans ce contexte, la presse s’interroge sur la nature de la politique étrangère libanaise. Nahar (25 avril 2025) constate que le Liban n’est plus consulté dans les grandes négociations régionales, que ce soit sur le dossier syrien, la normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes, ou encore les discussions sur les réfugiés. Ce retrait est à la fois le fruit de l’instabilité intérieure et le reflet d’un affaiblissement institutionnel qui empêche la définition d’une ligne diplomatique claire.

Al Liwa’ (25 avril 2025) note que certains diplomates libanais à l’étranger ont alerté le ministère sur le manque de directives concernant les positions à adopter dans les forums multilatéraux. Sans consignes précises, nombre d’entre eux se contentent de postures protocolaires, voire d’abstentions systématiques dans les votes sensibles.

En parallèle, le Liban ne participe pas activement aux initiatives diplomatiques arabes, telles que les réunions ministérielles de la Ligue arabe ou les sommets régionaux sur la sécurité. Cette absence n’est pas seulement physique, elle est aussi idéologique : le pays ne formule plus de doctrine diplomatique, pas même sur les enjeux qui le concernent directement.

Diplomatie fragmentée et leadership en retrait

Ce repli diplomatique s’explique aussi par l’absence de leadership unifié au sein de l’exécutif. Alors que la Constitution libanaise attribue au président de la République la direction de la politique étrangère, en concertation avec le gouvernement, les rivalités partisanes bloquent toute initiative cohérente. Le ministre des Affaires étrangères, issu d’un compromis politique, n’a ni la marge de manœuvre ni l’autorité nécessaire pour engager le pays dans des orientations stratégiques fortes.

Al Akhbar (25 avril 2025) rappelle que cette fragmentation institutionnelle se traduit par une diplomatie incohérente, où les ambassades fonctionnent en vase clos, sans coordination centrale. Des diplomates évoquent un isolement croissant, un manque de budgets, et une perte d’influence même dans les enceintes où le Liban jouissait d’un certain prestige, comme les Nations unies ou l’UNESCO.

Cette désorganisation nuit également à la défense des intérêts libanais, notamment dans les négociations sur les ressources offshore ou les dossiers frontaliers. Alors que plusieurs États voisins multiplient les initiatives, le Liban reste dans l’attente, incapable de mettre en place une task force diplomatique sur les sujets vitaux de sa souveraineté.

Le Liban et la scène internationale : entre neutralité et oubli

Traditionnellement, le Liban revendiquait une posture de neutralité active, se positionnant comme un médiateur possible dans les conflits régionaux. Cette doctrine, esquissée depuis les années 1990, est aujourd’hui reléguée aux marges du discours politique. Aucun acteur gouvernemental ne l’évoque plus sérieusement, et aucun effort n’est fait pour lui donner corps.

Dans ce vide stratégique, le Liban glisse progressivement de la neutralité à l’oubli. Il n’est plus invité à jouer les intermédiaires, ni même à faire entendre une voix singulière sur les crises régionales. Ce silence diplomatique, déjà pointé lors des dernières escalades en Syrie ou en Irak, se confirme aujourd’hui avec le conflit à Gaza, mais aussi avec les tensions croissantes en mer Rouge et autour des corridors énergétiques.

Ce basculement est également perceptible dans la presse étrangère, où le Liban n’est plus mentionné comme acteur régional, sauf à travers le prisme de ses crises internes. Le poids de la diplomatie libanaise dans les enceintes internationales a fortement décliné, malgré la présence de plusieurs représentants expérimentés au sein des missions permanentes.

Politique internationale : Gaza sous les bombes, tensions diplomatiques et réalignements régionaux

La presse libanaise datée du 25 avril 2025 accorde une large place à la situation explosive dans la bande de Gaza, où les bombardements israéliens s’intensifient. Les journaux relaient également des informations sur des ruptures diplomatiques, des repositionnements géopolitiques, ainsi que des évolutions militaires à l’échelle régionale. Le traitement de l’actualité internationale est marqué par une forte focalisation sur la guerre israélo-palestinienne, perçue comme un facteur de déstabilisation majeur. Autour de ce foyer central, d’autres signaux révèlent un paysage géopolitique en recomposition.

Gaza : multiplication des frappes et désastre humanitaire

Les affrontements entre l’armée israélienne et les factions armées palestiniennes dans la bande de Gaza ont connu un nouvel épisode de violence. Ad Diyar (25 avril 2025) indique que trente Palestiniens ont été tués en vingt-quatre heures lors d’une série de bombardements ciblés sur le nord de Gaza. Le journal précise que plusieurs immeubles d’habitation ont été détruits dans les secteurs de Beit Hanoun et Jabaliya, entraînant des pertes civiles importantes, dont des enfants.

Selon les informations rapportées par Al Bina’ (25 avril 2025), l’armée israélienne a reconnu la mort d’un officier, commandant de char, ainsi que la blessure de trois autres soldats. Ces pertes ont eu lieu lors d’une opération d’infiltration palestinienne. Les brigades de la résistance affirment avoir tendu une embuscade avec des explosifs déclenchés à distance, signalant une coordination militaire toujours active malgré les moyens de surveillance déployés par Israël.

La situation humanitaire, déjà critique, continue de se détériorer. Le docteur Ahmad Al-Farra, directeur de l’hôpital Al-Tahrir à Gaza, cité par Ad Diyar (25 avril 2025), déclare que les enfants de Gaza traversent une des pires crises de malnutrition jamais enregistrées. Les infrastructures hospitalières sont en état d’effondrement : manque de médicaments, absence de soins spécialisés, coupures d’électricité. Le lait infantile est désormais introuvable, ce qui aggrave le taux de mortalité néonatale.

Fracture politique palestinienne et tensions internes à l’OLP

Au-delà de la dimension militaire, les journaux rapportent une aggravation des dissensions internes à la direction palestinienne. Plusieurs factions, dont le Front démocratique pour la libération de la Palestine, ont annoncé leur intention de boycotter les réunions du Conseil central de l’Organisation de libération de la Palestine. Al Bina’ (25 avril 2025) indique que ces groupes dénoncent la tentative d’imposer des décisions politiques sous pression internationale, en particulier l’approbation d’un nouveau leadership provisoire sans consultation populaire.

Ce désaccord profond reflète l’incapacité de l’OLP à jouer un rôle fédérateur dans un contexte de guerre totale. L’absence de stratégie unifiée, la coupure entre les instances de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et les groupes de combat actifs à Gaza, ainsi que la méfiance croissante envers les interlocuteurs internationaux, aggravent l’isolement politique de la cause palestinienne.

Cette crise de représentation a également des effets sur les canaux diplomatiques régionaux. Al Sharq (25 avril 2025) rapporte que plusieurs capitales arabes, notamment Le Caire, Doha et Amman, cherchent à réactiver des pistes de cessez-le-feu en coordination avec les Nations unies. Mais les divergences internes côté palestinien compliquent la médiation.

Israël : stratégie militaire et enquêtes internes

Dans un article paru dans Nahar (25 avril 2025), des sources militaires israéliennes annoncent l’ouverture d’une enquête sur la disparition de matériel militaire depuis un poste frontalier avec le Liban. Bien que les autorités n’aient fourni aucune précision sur les circonstances, cette affaire vient s’ajouter aux critiques croissantes au sein même de l’armée israélienne sur la gestion du conflit à Gaza. Certains responsables militaires s’inquiètent d’un enlisement et d’une guerre d’usure qui pourrait durer des mois.

En parallèle, des sources citées dans Al Liwa’ (25 avril 2025) mentionnent l’intensification de la coopération militaire entre Israël et plusieurs pays occidentaux pour le renouvellement de stocks d’armement. Cette information intervient alors que des voix s’élèvent en Europe contre la livraison continue d’armes à Israël, en raison des pertes civiles observées à Gaza.

Le gouvernement israélien maintient une position inflexible. Il affirme poursuivre les opérations jusqu’à l’élimination totale des « capacités offensives » des factions armées, et refuse toute trêve tant que les conditions sécuritaires ne sont pas remplies. Ce discours ferme, largement relayé dans les médias israéliens et arabes, empêche l’émergence d’un espace politique propice à une désescalade.

Réactions internationales : sanctions, ruptures et diplomatie hésitante

La réponse internationale reste inégale. Selon Al Akhbar (25 avril 2025), la majorité des capitales occidentales ont exprimé leur « inquiétude » face à l’escalade mais se sont abstenues de mesures concrètes. Seule l’Espagne a franchi un cap, annonçant la rupture d’un contrat d’armement de 6,8 millions d’euros avec une entreprise israélienne. Ce geste, rapporté par Nahar (25 avril 2025), est présenté comme le fruit d’un compromis interne entre les composantes du gouvernement espagnol, sous pression de la société civile.

D’autres pays européens, comme la Belgique ou l’Irlande, envisagent des mesures similaires, mais sans calendrier précis. Les États-Unis maintiennent leur ligne traditionnelle de soutien à Israël, tout en exprimant leur « préoccupation humanitaire ». Cette double position illustre l’ambiguïté diplomatique de Washington, à la fois allié stratégique d’Israël et financeur des agences humanitaires opérant à Gaza.

Au sein du monde arabe, les condamnations verbales se multiplient, mais aucune coordination réelle n’est visible. La Ligue arabe ne s’est pas réunie en session extraordinaire, et les appels à la solidarité restent symboliques. Cette fragmentation du monde arabe contribue à l’impasse diplomatique, donnant à Israël une marge de manœuvre quasi totale sur le terrain.

Autres points d’actualité : tensions armées, redéploiements stratégiques

En dehors de Gaza, plusieurs journaux rapportent des évolutions préoccupantes. Al Bina’ (25 avril 2025) note que des affrontements se sont intensifiés dans le nord de la Syrie entre des factions kurdes et des milices pro-turques. Cette résurgence de la violence pourrait provoquer un nouveau déplacement de population vers la frontière turque, aggravant la situation humanitaire dans les camps.

Par ailleurs, Ad Diyar (25 avril 2025) mentionne des mouvements de troupes russes en direction de la frontière avec la Géorgie. Bien que les autorités russes n’aient pas commenté officiellement cette information, plusieurs analystes y voient une stratégie de pression dans un contexte de tensions renouvelées autour du Caucase. Ce redéploiement intervient alors que la Russie est sous pression occidentale sur plusieurs fronts, y compris en Ukraine.

Enfin, des initiatives diplomatiques sont signalées en Afrique. Le journal rapporte que l’Union africaine prépare une conférence sur la sécurité énergétique, en partenariat avec la Chine, prévue pour juin. Cette initiative, encore peu médiatisée, pourrait marquer une nouvelle étape dans la structuration des relations sino-africaines autour des questions de ressources et d’infrastructures.

Économie : réformes bancaires, espoirs touristiques et promesses énergétiques dans un contexte fragile

La couverture économique de la presse libanaise du 25 avril 2025 met en lumière une série d’événements et d’annonces qui traduisent à la fois une volonté réformiste et les limites d’un système institutionnel toujours en crise. Au cœur des articles : l’adoption de la réforme du secret bancaire, les perspectives estivales pour le tourisme et les espoirs placés dans l’amélioration de la production électrique. Ce tableau d’une économie entre stagnation structurelle et impulsions ciblées montre un pays qui tente de convaincre ses partenaires tout en rassurant sa population.

Réforme du secret bancaire : signal fort ou mesure isolée ?

L’événement économique majeur de la journée du 24 avril, largement couvert le lendemain, reste l’adoption par le Parlement de la réforme de la loi sur le secret bancaire. Cette décision, saluée par l’ensemble des journaux, est présentée comme une avancée symbolique sur le chemin des réformes structurelles exigées par les bailleurs internationaux.

Al Joumhouriyat (25 avril 2025) rapporte que cette loi, votée dans un climat de consensus politique inhabituel, a été perçue comme « la première étape concrète d’un processus de réformes crédibles ». Elle permet désormais aux autorités judiciaires et aux organes de contrôle de demander la levée du secret bancaire dans les cas de corruption, de blanchiment d’argent ou d’enrichissement illégal.

Toutefois, plusieurs observateurs, dont ceux cités dans Al Akhbar (25 avril 2025), mettent en garde contre le risque que cette réforme rejoigne la longue liste des lois non appliquées. L’absence de mécanismes d’exécution, la lenteur judiciaire et la puissance des groupes d’intérêt financiers pourraient empêcher toute mise en œuvre effective. Le précédent de la loi sur la restitution des avoirs transférés illégalement à l’étranger, restée lettre morte, est régulièrement cité comme exemple de réforme vidée de sa substance.

Al Sharq (25 avril 2025) précise que le président Joseph Aoun a immédiatement signé la loi et demandé sa publication au Journal officiel, dans un geste destiné à montrer la détermination de l’exécutif. Cette rapidité est interprétée comme un signal adressé à la communauté internationale, notamment au FMI et à la Banque mondiale, dans le cadre des discussions techniques en cours à Washington.

Washington : la réforme comme levier diplomatique

En parallèle à l’adoption de la loi, la délégation libanaise présente aux réunions de printemps du FMI à Washington a mis en avant cette réforme comme un élément de bonne foi dans le dialogue avec les bailleurs. Selon Ad Diyar (25 avril 2025), cette initiative vise à relancer le processus de négociation gelé depuis plusieurs mois, en démontrant que le Liban peut encore légiférer dans le bon sens.

Les retombées concrètes de cette manœuvre restent incertaines. Aucun engagement formel n’a été pris par les institutions internationales, qui attendent davantage : audit de la Banque centrale, unification du taux de change, restructuration bancaire, mise en place d’un cadastre fiscal. La réforme du secret bancaire, bien qu’importante, ne constitue qu’un élément parmi d’autres dans un programme économique cohérent.

Al Bina’ (25 avril 2025) mentionne que la mission libanaise a obtenu l’assurance d’une visite technique prochaine de la Banque mondiale à Beyrouth pour relancer certains projets suspendus depuis 2021. Cette perspective, bien que modeste, est perçue comme un petit succès diplomatique et économique dans un paysage où les bonnes nouvelles sont rares.

Tourisme et diaspora : l’été en ligne de mire

La deuxième thématique économique centrale dans la presse du jour concerne les préparatifs de la saison estivale. Avec l’espoir de voir revenir les touristes et la diaspora libanaise, les autorités multiplient les annonces positives. Selon Al Joumhouriyat (25 avril 2025), les ministères du Tourisme, de l’Intérieur et de la Santé travaillent de concert pour garantir la sécurité, la stabilité et des services de base renforcés pendant l’été.

Ad Diyar (25 avril 2025) publie les chiffres prévisionnels du secteur touristique : plus de 1,2 million de visiteurs sont attendus entre juin et septembre, dont près de la moitié issus de la diaspora. L’objectif est de générer plus de 2,5 milliards de dollars de recettes directes, notamment dans l’hôtellerie, la restauration, les transports et les services médicaux.

Pour cela, des efforts sont faits pour moderniser les infrastructures clés. Al Liwa’ (25 avril 2025) rapporte que l’aéroport international de Beyrouth a été équipé de nouveaux scanners de sécurité et que le port devrait être partiellement réorganisé pour accueillir davantage de passagers et de cargaisons. Des lignes de transport en commun internes sont également à l’étude pour relier les principales régions touristiques.

Néanmoins, plusieurs obstacles demeurent. Le climat d’insécurité, le risque d’escalade régionale lié au conflit de Gaza, et la fragilité des réseaux de distribution (électricité, eau, internet) pourraient compromettre ces ambitions. La presse s’interroge sur la capacité de l’État à garantir un minimum de confort et de sécurité pour des touristes potentiels encore marqués par les crises successives.

Promesse énergétique : un été électrisé ?

La fourniture d’électricité reste l’un des facteurs déterminants pour la réussite de la saison touristique et pour la reprise économique en général. Sur ce point, les autorités affichent un certain optimisme. D’après Ad Diyar (25 avril 2025), le ministère de l’Énergie a signé un accord de prêt de 250 millions de dollars destiné à renforcer la production nationale.

L’objectif annoncé est d’assurer jusqu’à 16 heures de courant par jour sur la majeure partie du territoire. Ce plan repose notamment sur un accord d’approvisionnement en fuel avec l’Irak, dont les termes ont été récemment renégociés. La commission de régulation de l’électricité, en sommeil depuis des années, a été partiellement réactivée pour suivre la mise en œuvre du projet.

Al Bina’ (25 avril 2025) souligne que ce plan dépend de nombreux paramètres : continuité des livraisons, capacité de stockage, résilience du réseau, absence de détournement politique. Les précédents ont montré que les promesses en matière d’électricité étaient souvent déçues, notamment en raison de l’interférence des partis dans les contrats et les nominations.

Néanmoins, la perspective d’un été plus lumineux, au propre comme au figuré, est utilisée par le gouvernement comme un levier psychologique pour stimuler la consommation intérieure et encourager le retour des expatriés. La presse parle d’un « test grandeur nature » pour les autorités, qui seront jugées sur leur capacité à traduire les annonces en résultats concrets.

Entreprises et dynamique locale : quelques signaux positifs

Dans un registre plus discret, certains journaux évoquent une timide reprise de l’activité dans certains secteurs. Nahar (25 avril 2025) rapporte que plusieurs entreprises du secteur agroalimentaire ont relancé leur production pour répondre à la demande saisonnière. Des coopératives agricoles se sont réorganisées pour exploiter les terres en jachère, notamment dans la Bekaa et au Sud, avec le soutien partiel d’ONG locales.

Al Akhbar (25 avril 2025) mentionne également une hausse des investissements dans le secteur de la technologie financière, avec l’ouverture de deux incubateurs à Beyrouth et à Tripoli. Ces initiatives, bien que limitées, montrent que certaines niches économiques continuent de fonctionner dans un environnement général de crise.

Enfin, la Banque centrale, selon Al Sharq (25 avril 2025), envisage de publier dans les prochains mois un rapport actualisé sur la santé du secteur bancaire, une première depuis le début de la crise. Ce rapport devrait inclure une cartographie des établissements viables, un état des lieux des pertes, et des recommandations sur la gestion future des dépôts. Sa publication est attendue avec beaucoup d’intérêt.

Justice : blocages judiciaires persistants, pressions politiques et réformes symboliques

La justice libanaise traverse une séquence contrastée marquée par des annonces de réformes longtemps attendues, des affaires sensibles en suspens, et des signes de pressions politiques constantes sur l’action des magistrats. Dans les éditions des quotidiens libanais datés du 25 avril 2025, plusieurs dossiers sont évoqués de manière éparse mais convergente : la réforme du secret bancaire, les blocages des enquêtes liées à la corruption, la gestion du pouvoir judiciaire, et l’interaction entre les tensions politiques et les institutions judiciaires. À travers ces articles, un paysage judiciaire libanais se dessine, entre incertitudes structurelles, lois au potentiel entravé, et attentes non satisfaites.

Réforme du secret bancaire : avancée juridique ou illusion d’ouverture ?

Dans son édition du 25 avril 2025, Al Sharq revient sur le vote de la loi sur le secret bancaire, désormais modifié afin de permettre à des entités habilitées, y compris les auditeurs indépendants, d’accéder aux relevés bancaires des dix dernières années. L’article précise que cette mesure a été adoptée après plusieurs reports et négociations parlementaires serrées. Cette réforme, initialement inscrite dans les recommandations du Fonds monétaire international, est présentée par ses promoteurs comme une avancée nécessaire à la transparence financière et à la lutte contre la corruption.

Cependant, comme le souligne Al Akhbar dans son édition du même jour, cette loi reste entourée de doutes quant à son application effective. L’expérience libanaise a montré que la publication d’un texte juridique ne garantit en rien son entrée en vigueur concrète. De nombreuses lois antérieures, votées entre 2008 et 2022 dans le cadre de la lutte contre la corruption, n’ont jamais été suivies d’effets notables. Le journal rappelle, à titre d’exemple, que l’instance nationale de lutte contre la corruption n’a jamais pleinement fonctionné, faute de moyens humains, de volonté politique et de soutien administratif.

Al Bina’ évoque également cette réforme du secret bancaire comme un outil politique destiné à démontrer, auprès de la délégation libanaise présente à Washington pour les réunions de printemps du FMI, la capacité du Liban à respecter ses engagements. Ce positionnement suggère que le but de cette réforme dépasse la sphère judiciaire pour s’inscrire dans une stratégie diplomatique plus large, ce qui renforce les doutes sur sa mise en œuvre domestique réelle.

Pouvoir judiciaire : inertie des dossiers sensibles et absence de communication institutionnelle

Dans sa couverture du 25 avril 2025, Al Joumhouriyat ne signale aucune avancée majeure dans les dossiers judiciaires emblématiques. L’affaire de l’explosion du port de Beyrouth, qui a provoqué en août 2020 plus de deux cents morts et des milliers de blessés, reste gelée. Les juges successifs se sont heurtés à des dizaines de recours en dessaisissement, notamment contre Tarek Bitar, qui avait repris l’instruction en 2021. Aucune mention dans la presse du jour d’un quelconque redémarrage de la procédure, ni d’un calendrier judiciaire prévisible. Cette absence est en soi révélatrice d’une impasse.

Nida’ Al Watan souligne que plusieurs plaintes déposées par des victimes ou leurs familles sont restées sans réponse. La question de la responsabilité administrative, militaire ou politique dans la conservation du nitrate d’ammonium reste sans traitement. Les experts interrogés dans la presse affirment que l’inertie est totale, et que cette affaire constitue désormais le symbole d’un système judiciaire incapable de traiter les cas qui mettent en cause des personnalités politiques ou des hauts fonctionnaires.

D’après Al Diyar, certains avocats impliqués dans d’autres affaires de corruption ont alerté sur l’absence de mécanismes de protection des juges contre les pressions politiques. Cette vulnérabilité structurelle alimente une culture de prudence, voire de blocage, au sein du pouvoir judiciaire. Le journal évoque également les difficultés budgétaires de la justice libanaise : manque d’archivage, d’équipement numérique, de greffiers qualifiés, et retards dans les salaires. Ces éléments nuisent à la qualité de l’instruction et à la capacité du système à répondre à l’attente de justice des citoyens.

Résistances à la transparence et culture de l’impunité

La rubrique de Nahar, bien que concise, revient sur la situation des affaires dites de « grande corruption », et en particulier sur les dossiers relatifs à l’enrichissement illicite et au détournement de fonds publics. Le journal relève que depuis la promulgation de la loi de 2020 sur la déclaration obligatoire du patrimoine pour les hauts responsables, moins de dix dossiers ont été ouverts, et aucun procès n’a abouti à une condamnation.

Les raisons invoquées sont multiples : complexité juridique, lenteur procédurale, résistance des accusés à comparaître, interventions politiques sur les procureurs ou les juges. Ce schéma se répète pour d’autres affaires liées aux marchés publics, aux banques, ou à la fiscalité. Nida’ Al Watan mentionne une affaire de surfacturation d’un projet routier dans la région de Zgharta, signalée à la Cour des comptes, mais restée sans suite faute de poursuites judiciaires.

Al Joumhouriyat insiste sur le rôle des partis dans le maintien de l’impunité, en conditionnant les nominations judiciaires à des logiques de quotas confessionnels. Les nominations des présidents de chambre, des procureurs et même des greffiers sont encore dictées par les équilibres communautaires, ce qui rend toute réforme fonctionnelle difficilement applicable.

Réactions modérées des instances juridiques

Les journaux du 25 avril 2025 ne rapportent aucune déclaration officielle du Conseil supérieur de la magistrature sur ces blocages. Le silence de cette institution, censée garantir l’indépendance de la justice, est noté par Al Akhbar comme une preuve supplémentaire du recul de l’autorité judiciaire. Le journal ajoute que des magistrats, en privé, font état d’une lassitude croissante face à l’instrumentalisation politique de leurs fonctions et à l’impossibilité d’exercer leur métier dans un cadre institutionnel stable.

Certains avocats cités par Al Bina’ affirment que le système judiciaire libanais s’apparente désormais à une « structure suspendue », capable d’émettre des communiqués mais pas de rendre des décisions exécutoires. Cette perte de pouvoir réel se manifeste aussi dans l’impossibilité pour les justiciables d’accéder à des décisions judiciaires dans des délais raisonnables.

État de droit en suspens et attentes de la société

L’absence de verdicts, le gel des grandes enquêtes et l’absence de poursuites renforcent le sentiment de défiance des citoyens vis-à-vis des institutions. Le système judiciaire, censé représenter le recours ultime contre l’arbitraire, est désormais perçu comme un prolongement de la crise politique. Cette perception est alimentée par l’échec à poursuivre les crimes économiques majeurs, mais aussi par la passivité face à des faits de violence, d’homicide ou d’abus de pouvoir.

Dans ses pages intérieures, Al Sharq publie une tribune anonyme signée par un ancien magistrat qui appelle à « restaurer la parole de justice » dans le pays. Ce texte souligne que l’enjeu est désormais existentiel : soit la justice reprend sa place comme garant de l’État de droit, soit elle s’efface définitivement dans une société dominée par l’informel et les rapports de force.

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