Quand on a la culture de l’excellence, on ne fait pas l’apologie de la médiocrité en dépit des circonstances qui se posent à nous avec la crise, à moins qu’il faille rappeler l’état de ce pays, un pays en voie d’effondrement, même pour sa culture. Le constat est d’autant plus dur que ce spectacle était en effet unique cette année, sans possibilité donc de se rattraper.

Baalbeck, c’est Bacchus: ce délice visuel et auditif avec notamment les orchestres philharmoniques étrangers, les ballets, les concerts qui se produisent pour une fois au Liban faute d’une alternative sérieuse sur place et se prendre à rêver d’être dans un autre monde, le temps d’un spectacle.

Baalbeck, c’est Vénus ou l’amour: c’était Rostropovitch qui célèbre quelques années plus tard après la chute du mur de Berlin et l’unité retrouvée de l’Europe, la coexistence retrouvée du Liban, ce pays-message autrefois en guerre civile, avec une improvisation sur fond du chant de l’appel à la prière d’un muezzin qui l’avait précédemment interrompu et mêlant ainsi Occident et Orient comme dans une nouvelle lune de miel.

Baalbeck, c’est Jupiter ou la fierté et l’impertinence notamment quand Madame Hraoui était huée parce qu’en retard et retardant d’autant le spectacle d’ouverture. C’était Béjart et ses ballets d’avant-garde qui surprenaient le monde entier et les esprits bien-pensants ici même. C’est également Johnny Hallyday, autrefois interdit de séjour au Liban dans les années 60 jusqu’à être refoulé à l’aéroport et qui a finalement pu se produire sous les colonnes du temple de Jupiter dans les années 2000.

Baalbeck, c’est la grandeur d’un pays au-delà de ses frontières qui rayonne et non la petitesse d’un pays qui se replie sur la médiocrité telle qu’on la connait quotidiennement.

Baalbeck, c’était évidemment bien… avant

Si l’excuse était d’offrir à de jeunes artistes locaux l’opportunité de réussir à l’ombre des lions des bas-reliefs, les organisateurs leurs ont plutôt offert le spectacle d’un suicide artistique collectif où on avait fort vite à zapper rapidement sur les réseaux sociaux ou à la télévision pour arrêter le massacre pour ne même pas évoquer le reste. Ils auraient pu ainsi faire appel à de grands artistes libanais comme M, Mika, Hiba Tawaji, Ibrahim Maalouf et à tant d’autres, pour apprendre et pour donner à ces jeunes l’opportunité de réussir à nous séduire avec eux sur scène. Ils n’auraient certainement pas refusé d’être au service de leur pays … et que nenni!

S’il fallait découvrir des sites artistiques différents, le format n’était pas le bon. Il fallait plutôt expliquer l’histoire ou l’importance des lieux et non les exposer à de nouvelle jérémiades sans nul nom à moins qu’il s’agisse d’un nouveau type de sacrifice 2.0 qu’on offre aux dieux anciens pour obtenir leurs bienveillances dans la grande cours des sacrifices du Grand Temple de Jupiter en vue d’améliorer la situation actuelle de crise du pays.

Peut-être est-ce là le voeux bien pieux des organisateurs… qui semblent avoir épuisé tous leur sac à malice et qui devraient passer le flambeau à du sang neuf qui seul pourrait sauver ce monument qu’est le festival aujourd’hui à l’agonie.

Et mieux, ils auraient pu nous en épargner et ainsi conserver un souvenir de grandeur qu’était le notre.

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