Si la livre libanaise semble aujourd’hui voir sa parité s’être stabilisée autour des 21 000 LL/USD suite à l’injection massive de devises étrangères par la Banque du Liban depuis le début du mois, un nouveau danger la menacerait.

Pour remettre les choses dans leur contexte, la dégradation de la parité de la livre libanaise face au dollar a été principalement induite par l’augmentation importante de la masse monétaire M3 qui équivaudrait à 201 080 milliards de livres libanaises dont 41 514 milliards de livres libanaises en circulation (M0) (monnaie en circulation), soit aujourd’hui équivalent 2 milliards de dollars au taux Sayrafa et marché noir et 27 milliards de dollars au taux officiel.

MONEY SUPPLY
In billions of LBP27-janv-2120-janv-2227-janv-22Change Over WeekY-O-Y % Change
M 142 13256 56954 022-2 54728,22
M 269 07277 41474 750-2 6648,22
M 3 200 912198 463195 691-2 772-2,60
M 4 212 436212 235209 552-2 683-1,36
1. Starting Mar 22nd 2018, the compilation of the Monetary Aggregates incorporates all of the Depository Corporations; including the MLT Banks
2. Discrepancies are due to rounding
3. DefinitionsM1 = Currency in Circulation + Demand Deposits in LBP
M2 = M1 + Other deposits in LBP 
M3 = M2 + Deposits in FX 
M4 = M3 + TBs held by non banking system including accrued interests
Weekly Money Supply – January 27, 2022
Source : Statistics Department, Banque du Liban

Ne pouvant plus influencer la masse monétaire via les taux d’intérêt qui se sont fortement réduits depuis la crise, la Banque du Liban a mis une politique d’injection de devises étrangères via la circulaire 161 qui arrive à expiration fin du mois de février, des devises étrangères issues de ses réserves monétaires obligatoires. Si cette politique d’injection de billets verts a permis de retirer entre 7 0000 à 8 000 milliards de livres libanaises pour un montant équivalent à 360 millions de dollars, permettant parallèlement d’imposer la plateforme électronique Sayrafa par rapport au marché noir,

Cependant, la parité de la livre libanaise fait face à une nouvelle menace induite par le budget 2022 qui prévoit un déficit de 7 000 milliards de livres libanaises, un déficit théorique mais qui pourrait être plus important en pratique, surtout en cas de dégradation à nouveau de la parité de la monnaie locale, parité qui s’est imposée pour le financement des produits et marchandises importées, alors que la Banque du Liban ne disposera plus des moyens de défendre la livre libanaise face au dollar sur le marché, faute d’avoir les liquidités nécessaires, probablement sacrifiées à l’approche des élections législatives à venir.

Pour rappel, la parité de la livre libanaise s’est fortement dégradée depuis l’écart entre parité officielle de 1507 LL/USD et parité officieuse en mai 2019 suite à des problèmes de liquidité apparues au sein des banques libanaises. Depuis plusieurs taux de parité sont apparus, taux officiel, taux de 3 900 LL/USD instauré par la BdL via la circulation 158, puis taux à 8 000 LL/USD instauré par la circulaire 161 et taux de la plateforme électronique Sayrafa toujours de la BdL.

Etant donné la situation de défaut de paiement et donc de l’impossibilité d’emprunter à l’étranger d’une part et d’autre part de l’état déplorable des banques libanaises qui ne disposent plus des sommes nécessaires au financement du secteur public, le maintien aujourd’hui de la parité autour du seuil des 21 000 LL/USD semble ainsi être d’autant plus très incertain alors que les négociations avec le Fonds Monétaire International semble toujours achopper sur la répartition des pertes du secteur bancaire dont les estimations s’établissent entre 63 milliards de dollars selon le gouverneur Mikati III, 83 milliards de dollars selon des sources du FMI à 103 milliards de dollars selon certaines agences de notation. Le gouvernement Mikati tenterait de faire supporter 55% de ces pertes aux déposants via des artifices utilisant des taux de parité différentiels selon le solde des comptes.

En cas de nouveau dérapage de la parité de la livre libanaise face au dollar, la pérénité du plan du gouvernement, déjà fortement affaiblie par la demande du FMI à ce qu’il soit réexaminé, pourrait donc être remis en cause.

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