Le siège du Grand Sérail avant l'explosion du Port de Beyrouth.
Le siège du Grand Sérail avant l'explosion du Port de Beyrouth.

Le Liban s’enfonce un peu plus dans la crise politique alors que les difficultés à former le prochain gouvernement se confirment entre partis politiques qui ont temporisé afin de ne pas organiser des élections législatives anticipées comme le mouvement Amal du Président de la Chambre Nabih Berri, le Hezbollah ou encore le Courant Patriotique Libre et l’opposition à ces derniers qui se déchirent à ce même sujet.

Les retards pris à la formation du prochain cabinet pourrait encore envenimer la situation économique que traverse le Liban avec une diminution de plus en plus importante des réserves monétaires de la banque centrale. Même si la situation monétaire s’est quelque peu améliorée ces derniers jours en raison de décision de la banque du Liban de permettre aux entreprises financières non bancaires de disposer de dollars, la parité entre livre libanaise et dollar pourrait à nouveau et rapidement se dégrader.

Le mouvement Amal le Hezbollah et le Courant Patriotique Libre appellent à la formation d’un gouvernement d’union nationale pour faire face aux conséquences de l’explosion du port de Beyrouth, 4 août 2020, alors que le dernier bilan fait état de 180 morts, 7000 blessés et plus de 300 000 personnes dont le logement ont été endommagés.

Ainsi, si le dirigeant du parti socialiste progressiste Walid Joumblatt appelle à la formation d’un gouvernement neutre et indépendant, un gouvernement d’urgence pour faire face a la dégradation des conditions économiques et pour mener des réformes, d’autres parties comme celui des Forces Libanaises encore le parti Kataëb continuent à exiger la mise en place d’un processus électoral anticipé, étant appuyés par les derniers propos du patriarche maronite Bechara Boutros Rahi qui a également appelé à des élections législatives anticipées lors de son sermon dominical.

L’identité du prochain premier ministre est également une autre inconnue, même si l’ancien premier ministre Saad Hariri semble être pour l’heure donné favori alors que la date du début des consultations parlementaires obligatoires n’a pas encore été rendue publique par la présidence de la république. Certaines sources de Baabda indiquent que le chef de l’état souhaiterait à ce que les négociations de formation du prochain cabinet visant à remplacer le gouvernement Hassan Diab puissent aboutir avant cette nomination afin d’accélérer le processus.

D’autres noms commencent à circuler, celui de Nawaf Salam, ancien ambassadeur du Liban à l’ONU mais qui fait face à l’opposition du Hezbollah et du mouvement Amal ou encore celui de Khaled Kabbani, même si Saad Hariri semble être soutenu par la France et les USA.

Par ailleurs, la semaine dernière a été marquée par une vague diplomatique au Liban avec la présence du sous-secrétaire d’État américain en charge du Proche-Orient David Hale, de la ministre de la défense française Florence Parly sur place officiellement pour surveiller la distribution de l’aide humanitaire française suite à l’arrivée du PHA Le Tonnerre au port de Beyrouth mais également la présence du ministre iranien des affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.

Pour l’heure, l’aide économique internationale à moyen et long terme reste conditionnée à la mise en place de réformes économiques et financières. Sans plus particulièrement visés le secteur de l’énergie où sont présents les intérêts politiques mais également le préalable de la conduite d’un audit du secteur financier et de la Banque du Liban.

Par ailleurs, certaines sources étrangères notent que la gestion du port de Beyrouth était gangrenée par l’interaction de plusieurs personnalités politiques qui avaient transformé les installations comme plate-forme pour de nombreux trafics dont bénéficiaient la presque totalité des partis politiques.

Le sous-secrétaire d’État américain au Proche-Orient David Hale, qui a passé trois jours au Liban, a ainsi estimé que l’aide internationale reste conditionnée à des réformes systématiques, appelant par ailleurs à une enquête transparente, exhaustive, et crédible, de l’explosion du port de Beyrouth.