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Arrestations au Liban après des tirs de roquettes sur Israël

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Les autorités libanaises ont annoncé l’arrestation de plusieurs suspects accusés d’avoir tiré des roquettes sur Israël les 22 et 28 mars, des actes qui ébranlent un cessez-le-feu fragile conclu en novembre 2024 entre Israël et le Hezbollah. La Direction générale de la Sûreté générale libanaise a déclaré avoir « appréhendé un certain nombre de suspects », précisant que « les autorités compétentes ont entamé des enquêtes pour établir les responsabilités et prendre les mesures légales nécessaires ». Selon le quotidien Asharq al-Awsat, l’armée libanaise a arrêté un groupe incluant des citoyens libanais et au moins un Palestinien, soupçonnés d’être impliqués dans ces lancements. Ces arrestations, survenues dans un Liban encore marqué par une guerre dévastatrice en 2024 et une crise économique persistante, soulignent les efforts pour maintenir la paix face à une escalade imminente.

Ces tirs, qui ont déclenché une frappe israélienne sur le fief du Hezbollah à Beyrouth le 28 mars – la première depuis le cessez-le-feu –, ont ravivé les tensions régionales. Le Hezbollah, soutenu par l’Iran, a nié toute implication, tandis qu’Israël, par la voix de Benjamin Netanyahu, promet une réponse ferme. Le président français Emmanuel Macron appelle à respecter l’accord, mais les déclarations belliqueuses des deux camps, conjuguées à la traque des suspects, placent le Liban au bord d’un nouveau précipice. Qui sont ces suspects, et que révèlent ces arrestations sur la stabilité du pays ?

Une vague d’arrestations sous surveillance internationale

Les roquettes tirées les 22 et 28 mars depuis le sud du Liban ont visé le nord d’Israël, notamment près de Kiryat Shmona, provoquant des alertes mais peu de dégâts matériels selon les rapports initiaux. Ces incidents ont toutefois suffi à tester les limites du cessez-le-feu de novembre 2024, négocié sous l’égide des États-Unis et de la France après une guerre ayant tué plus de 4000 personnes au Liban et déplacé 60 000 Israéliens. La réponse des autorités libanaises a été rapide : la Direction générale de la Sûreté générale a confirmé les arrestations le 28 mars, tandis qu’une source sécuritaire citée par Al-Arabiya révélait que l’armée avait « identifié des pistes pouvant désigner les responsables », incluant des suspects syriens et palestiniens.

Asharq al-Awsat précise que l’opération, menée par l’armée libanaise, a ciblé un groupe hétérogène : des Libanais, un Palestinien, et potentiellement d’autres nationalités. Une source sécuritaire a assuré au journal que « la poursuite des suspects se fait avec le plus grand sérieux », suggérant une volonté de démontrer un contrôle effectif sur le territoire sud, où le Hezbollah exerce une influence historique. Ces arrestations, bien que limitées en détails publics, reflètent une pression croissante sur l’État libanais pour respecter les termes de l’accord, qui exige l’absence d’activités armées non étatiques au sud du fleuve Litani.

Le Hezbollah hors de cause ?

Le Hezbollah, acteur central du conflit de 2024, a immédiatement pris ses distances. Dans un communiqué diffusé le 28 mars, le mouvement a nié toute implication dans les tirs des 22 et 28 mars, réaffirmant son « engagement envers le cessez-le-feu ». Cette position a été renforcée par le discours de son chef, Cheikh Naïm Qassem, dans la nuit du 28 au 29 mars : « Nous n’avons aucune présence au sud du Litani et nous respectons pleinement l’accord. » Qassem a accusé Israël d’utiliser ces incidents comme « de faux prétextes » pour justifier des frappes, notamment celle du 28 mars sur la banlieue sud de Beyrouth, qui a fait plusieurs victimes selon le ministère libanais de la Santé.

Cette frappe, la première sur Beyrouth depuis novembre 2024, a conduit le Hezbollah à annuler un rassemblement prévu le 28 mars dans son fief. « Israël ne peut pas imposer une nouvelle équation par la force », a averti Qassem, tout en laissant planer la menace de « solutions alternatives » si l’État libanais échoue à contenir les agressions israéliennes. Bien que le Hezbollah se désengage des tirs, les arrestations de suspects non affiliés – potentiellement des factions palestiniennes ou des groupes indépendants – soulignent la complexité du paysage sécuritaire libanais, où des acteurs multiples pourraient chercher à déstabiliser l’accord.

Une riposte israélienne qui divise

La frappe israélienne du 28 mars sur Beyrouth, en réponse aux tirs de roquettes, a suscité des réactions contrastées. Benjamin Netanyahu, lors d’une réunion du cabinet le 30 mars, a défendu une politique « dure et intransigeante » : « Le Liban est responsable de tout ce qui sort de son territoire, et il doit garantir qu’aucune attaque contre Israël ne s’y produise. » S’adressant à l’armée libanaise, qu’il dit « respecter », il a exigé des mesures concrètes. Le ministre de la Défense Israel Katz a surenchéri, menaçant : « S’il n’y a pas de calme à Kiryat Shmona, il n’y en aura pas à Beyrouth. »

Cette escalade a provoqué l’ire de Emmanuel Macron, qui, lors d’un appel téléphonique avec Netanyahu, a qualifié la frappe de « violation inacceptable » et appelé à « respecter strictement le cessez-le-feu ». La France, ancienne puissance mandataire au Liban, joue un rôle clé dans le suivi de l’accord via la FINUL. Macron avait déjà dénoncé les frappes israéliennes régulières dans le sud et l’est du Liban depuis novembre, visant des « cibles militaires » du Hezbollah selon Israël, mais perçues comme des violations par Beyrouth.

Un cessez-le-feu sous pression constante

Le cessez-le-feu de novembre 2024, prolongé jusqu’au 18 février 2025 après un délai manqué en janvier, repose sur un équilibre précaire. Israël devait retirer ses troupes du Liban, mais maintient cinq positions « stratégiques », tandis que le Hezbollah devait démanteler ses infrastructures au sud du Litani. L’armée libanaise, déployée dans le sud avec 10 000 soldats, peine à contrôler un territoire historiquement dominé par le Hezbollah et parsemé de camps palestiniens. Les tirs de roquettes de mars, bien que limités, révèlent ces failles : si le Hezbollah n’est pas impliqué, qui l’est ? Les suspects syriens et palestiniens arrêtés pointent vers des groupes autonomes, peut-être liés à des factions pro-iraniennes ou à des cellules indépendantes exploitant le vide sécuritaire.

Cheikh Naïm Qassem a dénoncé une « agression quotidienne » israélienne : « Ce ne sont pas des violations, mais une agression qui dépasse toutes les limites. » Il a accusé Israël de chercher à forcer une normalisation avec le Liban, une ligne rouge pour le Hezbollah. « Israël ne gagnera pas en temps de paix ce qu’il n’a pas obtenu par la guerre », a-t-il martelé, tout en affirmant que la patience du mouvement vise à « donner une chance aux solutions diplomatiques ».

Contexte d’une crise persistante

Ces événements s’inscrivent dans un Liban exsangue. La guerre de 2024, déclenchée par des vagues de frappes israéliennes en septembre après un an d’échanges transfrontaliers initiés par le Hezbollah le 8 octobre 2023, a décimé le mouvement (mort de Nasrallah inclus) et laissé 11 milliards de dollars de dégâts selon l’ONU. L’économie, déjà en ruines avec une inflation de 269 % en 2023 selon les données de l’ONU, ne se relève pas, et 80 % de la population vit dans la pauvreté selon la Banque mondiale. Les arrestations, si elles montrent une réactivité, ne masquent pas les fragilités d’un État aux prises avec des défis internes et externes colossaux.

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Newsdesk Libnanews
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