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En déplacement à l’étranger, le premier ministre a estimé que le cas de Riad Salamé doit être résolu selon – je cite – “the right legal way”…
Sous entendant donc que les autorités politiques s’ingèrent dans le processus judiciaire puisque Riad Salamé a été convié par lui mercredi prochain devant le conseil des ministres alors qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt et d’une convocation devant le juge jeudi de la même semaine. Nous aurons, cette semaine, la confirmation ou non de la venue du gouverneur “Wanted” Salamé puisque la présidence de la république s’opposerait à la présence d’une personne soupçonnée de détournement de fond au sein même de l’exécutif.

Pour l’heure, la convocation du gouverneur semble tomber à l’eau…

Aujourd’hui, la situation sur le front bancaire, puisqu’il s’agit désormais d’une lutte est grave. Ce n’est pas que le système bancaire puisse être sauvé, il est déjà trop tard, mais simplement de désigner les personnes responsables de la situation actuelle, et cette responsabilité incombe en premier à l’institution de tutelle et à l’homme chargé de la surveillance de ce secteur, c’est-à-dire respectivement à la Banque du Liban et à son gouverneur.

Qu’il aurait failli par incompétence, il n’aurait pas été conservé durant 25 ans. Il a agi en connaissance de cause. On ne peut que lui reconnaitre une certaine compétence à en croire la justice … mais probablement pas celle d’avoir oeuvré en faveur des intérêts de la population.

En évoquant à juste titre l’intérêt de la population… Cette semaine, un journaliste – longtemps sponsorisé par la Banque du Liban and Friends – a bientôt tenté de le défendre sur les ondes d’une chaine de télévision, faisant l’éloge de Riad Salamé, l’homme qui aurait maintenu le pouvoir d’achat de la population durant 25 ans en soutenant une monnaie surévaluée et permettant ainsi de conserver des rentrées en devises fortes. Ce journaliste a en fin de compte parfaitement décrit en réalité ce qu’on peut reprocher aux responsables de la Banque du Liban, à savoir le fait d’avoir fait vivre ce pays à crédit durant 25 ans, d’avoir fait dépenser les dépôts des gens durant cette période pour maintenir une illusion au lieu justement de travailler dur pour créer des richesses et non les dépenser. Avec de tels avocats sur le plan médiatique appelant à un public qui ne comprend rien à la chose économique et financière, évidemment que la cause semble avoir été perdue… mais en réalité, il s’agit du plus mauvais avocat puisque cette plaidoirie constitue l’aveux d’un crime financier.

Pour en revenir aux propos du premier ministre, il n’y a pas de “right legal way”, il y a un seul “way”, celui d’appliquer les textes à la lettre et non via un comité, comme celui que Mikati cherche à constituer avec banquiers et juges, excluant les victimes premières des “malpractices” du secteur financier, à savoir les déposants…Le seul “right legal way” aujourd’hui pour Riad Salamé est de se présenter à Roumieh et non pas au Palais de Baabda ou encore au Grand Sérail. C’est un “one way ticket”.

À moins que le “right legal way” que souhaite obtenir le premier ministre soit celui conforme à son conflit d’intérêt d’actionnaire de banque qui cherche aussi à échapper à ses responsabilités, celui de l’ingérence du parti des banques dans le dernier carré de la résistance de l’état face aux mafias, à savoir la Justice Libanaise qui s’était tue jusqu’à présent avant de se réveiller aujourd’hui.

La justice est désormais non pas souhaitable mais nécessaire et l’entrave à la justice n’est plus possible en raison de l’ampleur des crimes commis au Liban par des mafias qui se sont greffées sur des systèmes politiques, administratifs et sécuritaire. La fuite à l’étranger n’est plus possible pour eux et l’immunité qu’ils tentent d’obtenir localement ne fera qu’isoler le Liban du reste du Monde… Ce ne sont pas les procédures judiciaires qui mettent le pays des cèdres au banc des Nations mais simplement l’entrave à la justice qui bloque, comme l’absence de réformes politiques, économiques et monétaires, l’aide de la communauté internationale face à cette crise considérée comme l’une des plus majeures depuis le milieu du XIXème siècle.

And now, “the end is near” pour certains comme dirait Frank Sinatra

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