De l’intĂ©rĂȘt d’un attentat

Les attentats terroristes, lors de situations de grande tension, produisent un Ă©lan national propre Ă  relativiser les enjeux en question et Ă  crĂ©er un regroupement autour du pouvoir et des institutions. Les Ă©meutes dans les “quartiers” il y a une dizaine d’annĂ©es avaient jouĂ©, pendant un certain temps, le mĂȘme rĂŽle.
Les attentats de novembre 2018, dont celui du Bataclan, qui a fait cent trente morts et plus de quatre cents blessĂ©s, avait servi en plus Ă  justifier en plus l’Ă©tat d’urgence et sonnĂ© par lĂ -mĂȘme la disparition de Nuit debout.
L’attentat de Strasbourg participe de la rĂšgle gĂ©nĂ©rale.

D’autre part, tout pouvoir n’a pas besoin de provoquer nĂ©cessairement un attentat. Il a beaucoup d’amis indĂ©pendants de lui. Et tout ami digne de ce nom souhaite  venir en aide Ă  celui qui est dans le besoin, y compris le plus discrĂštement possible.
Il y a aussi les amis encombrants, qui en font toujours un peu plus. Et il y a aussi les amis douteux.

Et quand on est puissant, comme tout pouvoir d’État d’ailleurs, on traĂźne toujours quelques amis douteux. Ces derniers peuvent aussi ĂȘtre encombrants dans certains cas.

L’État français ne manque ni d’amis, ni d’amis douteux et encombrants. On peut penser Ă  tout ces riches États du Golfe et producteurs en chef du terrorisme djihadiste mondial. L’un deux, ou quelque prince bien intentionnĂ©, un chef de rĂ©seau pourquoi pas, et hop ! Le tour est jouĂ©. Pas besoin de soit disant complot, pas besoin d’appel du pied, juste le petit coup de pouce d’un ami Ă  qui on n’a rien demandĂ©.
Et puis, de quoi je me mĂȘle, bon sang ! Je suis suffisamment grand pour me dĂ©brouiller tout seul quand mĂȘme !  J’ai dĂ©jĂ  provoquĂ© pas mal de violence, grĂące Ă  ma police que j’ai mis les nerfs Ă  fleur de peau et qui ne demande qu’Ă  en dĂ©coudre pour nombre de ses membres ; gazĂ© abondamment suffisamment de gilets jaunes pour qu’eux aussi finissent par exploser Ă  leur tour ; envoyĂ© mes sbires en civil, efficaces en diable ceux-lĂ . Pour commencer Ă  semer le doute sur toutes ces bonnes Ăąmes qui Ă©prouvent de la sympathie pour ces satanĂ©s gilets jaunes.
Bon, je ne vais quand mĂȘme pas faire la fine bouche face Ă  un tel mouvement d’union nationale aprĂšs ce maudit attentat qui va en refroidir plus d’un, mĂȘme momentanĂ©ment s’il le faut. Vous avez vu l’atmosphĂšre Ă  l’AssemblĂ©e nationale ! Waou !
De quoi laisser les mesures promises faire aussi leur effet. En attendant d’autres astuces, genre Sarko ou Pasqua. N’est-ce pas ce dernier qui disait que « quand on est emmerdĂ© par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire, et si nĂ©cessaire une autre affaire dans l’affaire de l’affaire, jusqu’Ă  ce que personne n’y comprenne plus rien ».

Une intelligence collective en gestation

Parce que, figurez-vous, les gilets jaunes, ces impudents, d’une masse hĂ©tĂ©roclite de citoyens isolĂ©s les uns les autres, ont rĂ©ussi Ă  se mĂ©tamorphoser en un peuple uni se constituant progressivement en vĂ©ritable force collective gĂ©nĂ©rant Ă  terme une intelligence collective propre Ă  faire face Ă  ces Ă©lites dont l’intĂ©rĂȘt politique majeur est de jongler Ă  qui mieux mieux avec les grandes idĂ©es, les formules les plus brillantes et les plus sophistiquĂ©es, jusqu’Ă  en ĂȘtre rĂ©guliĂšrement alambiquĂ©es, et dont le grand intĂ©rĂȘt est de subjuguer l’adversaire et en jeter plein les yeux.
La population, c’est abstrait. Les gens, on passe sans les voir. Les gens, c’est loin des yeux, loin du cƓur. Ce n’est pas pour eux qu’on fait la politique, c’est pour jongler avec des idĂ©es, prendre une place, avoir un sentiment d’autoritĂ©, les entourer d’un idĂ©al quitte Ă  lui tordre le cou et le reformuler chaque fois que nĂ©cessaire !
L’intelligence collective d’un peuple organisĂ© en force collective rend chacun de ses membres fier, lui-mĂȘme intelligent Ă  son tour, participant au dĂ©bat qui surgit, se mettant Ă  ĂȘtre crĂ©atif.

La double peine

Ce citoyen va se rendre compte qu’avec le type de fiscalitĂ© en cours, il est en fait soumis Ă  la double peine. Il paie ses propres impĂŽts et taxes. Mais le comble, c’est qu’il paie aussi ceux que le riche ne paie pas, et que l’État compense par des emprunts Ă  la banque. Et qui paie ces emprunts doublĂ©s en plus d’intĂ©rĂȘts, mais c’est bibi, par le biais de l’alourdissement de ses propres impĂŽts et taxes ! Ce n’est pas le riche qui paie les emprunts d’État.
Et non satisfaits de cette double peine, ils nous y rajoutent un sentiment de culpabilitĂ© sur nos pauvres enfants qui seront obligĂ©s de payer nos dettes et dont nous hypothĂ©quons par lĂ -mĂȘme l’avenir parce que nous dĂ©pensons trop, figurez-vous !  Eh oui, jusqu’au 16 du mois, il nous reste encore de l’argent dans nos comptes, privant nos pauvres banquiers des agios dont nous leur serions redevables pour la premiĂšre quinzaine du mois.
Malheureusement, un simple exemple de toute la misĂšre et l’injustice subie, malgrĂ© les paillettes en tous genres, par la grĂące de l’ultralibĂ©ralisme dĂ©bridĂ© qu’on nous sert depuis Reagan et Thatcher et qui est devenu le catĂ©chisme de nos Ă©lites.

Scandre Hachem

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