Le ministère des finances a publié une déclaration indiquant que le le ministre Youssef Al-Khalil n’a pas déclaré que la prolongation du gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, sera déclarée.

“Les conditions que traverse le Liban sont difficiles, et il peut être difficile pour les forces politiques de se mettre d’accord sur l’alternative. Quant à la prolongation, ce qu’il n’a pas dit non plus, il a fait référence à la proposition qui comprenait l’extension pour les employés de première classe, donc cela nécessitait des éclaircissements”, précise le communiqué.

Cette information intervient alors que l’ancien bras-droit du gouverneur de la Banque du Liban, considéré à l’origine de la politique des taux de change multiples et actuel ministre des finances Youssef Khalil a évoqué hier, selon des sources médiatiques proches des banques, une possible prolongation de Riad Salamé à la tête de la Banque du Liban en dépit du fait que ce dernier est vivement critiqué pour la forte détérioration de la parité de la livre libanaise face au dollar, détérioration qui atteint 98% par rapport à son niveau d’il y a 4 ans, mais aussi un homme accusé de détournements de fonds dans de nombreux pays européens et alors qu’une action en justice au Liban est également lancée mais est confrontée aux pressions d’une partie de la classe politique et financière.

Pour rappel, Riad Salamé a refusé, jusqu’à présent, à se produire devant les magistrats en charge d’instruire son dossier, au prétexte de l’immunité dont il jouit à son poste et en dépit de l’abandon du soutien des Etats-Unis. Ces derniers, dans le dernier train de sanctions visant un changeur proche du Hezbollah, avaient notamment cité son nom comme ayant un lien direct avec celui-ci, une première. Cependant, les observateurs notent que Riad Salamé, en poste depuis 1993 à la tête de la Banque du Liban et à l’origine de la politique de maintien de la parité depuis 1997 jusqu’en 2019, début de l’apparition d’un marché de change parallèle, jouit toujours de l’appui d’une grande partie de la classe politique également impliquée dans le système financier dont il est l’architecte.

Pour rappel 43% des actions des banques sont détenues par des hommes politiques au Liban alors que les accusations d’un schéma Ponzi ayant siphonnées les fonds des aides de Paris I, II et III et des dépôts privés au sein des banques libanaises se sont multipliées y compris au niveau international comme l’évoquait le président français Emmanuel Macron lors de sa visite au Liban le 6 août 2020 suite à l’explosion du port de Beyrouth.

Pour l’heure, aucun nom évoqué comme potentiel successeur n’a accepté de prendre la relève en raison d’une banque centrale faisant face à d’importante pertes financières estimées à plus de 60 milliards de dollars aujourd’hui. Ces pertes, en effet, étaient couvertes dès 2015 alors que les réserves nettes de la BdL se sont retrouvées être négatives, estiment des sources financières, ont été par des écritures comptables, la BdL augmentant ainsi la masse monétaire et déclarant d’importants profits fiduciaires en réalité inexistants.

Par ailleurs, la BdL, par des opérations d’ingénierie financière, a réussi à attirer les devises étrangères des dépôts des banques privées, échangés contre des livres libanaises à fort taux d’intérêt, gonflant ainsi les profits des banques mais les rendant insolvables suite à la détérioration de la parité de la livre libanaise.

Aussi la nomination d’un successeur est du ressort des prérogatives de la présidence de la république qui devrait choisir un nom sur proposition du ministre des finances. Cependant, le Liban est sans président de la république depuis la fin du mandat du général Aoun, le 1er novembre 2022. Ce dernier, après avoir reconduit à ses fonctions Riad Salamé en 2016 suite à d’importantes pressions locales et sous couvert de menaces internationales y compris américaines à l’époque, avait tenté à plusieurs reprises de l’écarter sans succès.

La dernière tentative s’était heurtée au refus du premier ministre lui-même, Najib Mikati, qui avait alors estimé qu’ »on ne change pas un général en pleine bataille », même si les experts notaient que la guerre de la livre libanaise était perdue.

Newsdesk Libnanews
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