Le Premier ministre libanais Nawaf Salam a récemment multiplié les déclarations publiques affirmant la primauté de la souveraineté nationale dans la gestion des affaires internes, avec une insistance particulière sur la question du désarmement du Hezbollah et du contrôle de l’État sur l’ensemble du territoire. Ces déclarations, rapportées par Al Joumhouriyat dans son édition du 10 avril 2025, s’inscrivent dans un contexte de fortes tensions régionales et de pressions internationales croissantes sur le Liban pour clarifier sa position face aux ingérences extérieures et aux activités militaires non étatiques.
Interrogé depuis Bkerké, Nawaf Salam a rappelé que les décisions relatives à la guerre et à la paix relèvent exclusivement de l’État libanais. Cette affirmation, précise Al Joumhouriyat, intervient alors que les débats s’intensifient sur l’avenir du Hezbollah et la nécessité pour le gouvernement d’affirmer son autorité sur toutes les milices opérant sur le sol national. Le Premier ministre a souligné que la question du désarmement avait été clairement posée lors des réunions du Conseil des ministres, et qu’il revenait désormais aux ministères concernés, en premier lieu celui de la Défense, de définir les modalités d’application des engagements pris dans la déclaration ministérielle du gouvernement Salam.
Ces propos traduisent une volonté manifeste de réaffirmer le monopole de l’État sur la politique de défense, dans un pays où les équilibres politiques restent fragiles et les tensions communautaires exacerbées par les développements régionaux. Nawaf Salam semble ainsi vouloir tracer une ligne de conduite claire, articulée autour du respect des institutions étatiques et du droit international, afin de préserver la stabilité interne et de répondre aux attentes de la communauté internationale.
La prise de position du Premier ministre intervient alors que les forces israéliennes poursuivent leurs opérations dans la bande de Gaza et que les tensions montent entre Israël et le Hezbollah. Les frappes israéliennes récentes sur des cibles supposées du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth et dans la région de Saïda renforcent la pression sur le gouvernement libanais pour qu’il contrôle l’activité militaire du parti chiite sur son territoire. Comme le souligne Al Nahar, Israël poursuit une stratégie de pression maximale, visant à pousser Beyrouth à prendre des mesures concrètes contre le Hezbollah.
Dans ce contexte, Nawaf Salam cherche à affirmer l’indépendance de la décision libanaise, tout en naviguant habilement entre les attentes des différentes composantes de la scène politique locale. Al Joumhouriyat rapporte que le Premier ministre met un point d’honneur à consulter étroitement les différentes parties prenantes, y compris les représentants du Hezbollah, pour éviter que la question du désarmement ne dégénère en crise politique majeure. Il s’agit pour lui de maintenir la cohésion gouvernementale tout en rassurant les partenaires internationaux du Liban quant à la solidité de ses institutions.
Cette stratégie de concertation s’accompagne d’une volonté de renforcer les capacités de l’armée libanaise et des forces de sécurité, afin de leur permettre d’assurer pleinement leur mission sur l’ensemble du territoire national. Selon les informations d’Al Joumhouriyat, des discussions sont en cours pour accroître le soutien logistique et opérationnel aux forces armées, en particulier dans les zones frontalières où les risques de débordement du conflit régional sont les plus élevés.
Par ailleurs, Nawaf Salam se trouve confronté à une double pression : d’une part, celle de la communauté internationale, qui réclame des actions concrètes pour limiter l’influence du Hezbollah ; d’autre part, celle des équilibres internes du Liban, où toute tentative de désarmement précipité pourrait entraîner des remous majeurs, voire un risque de déstabilisation. Le Premier ministre, conscient de cette double contrainte, s’efforce de maintenir un discours mesuré, appelant à la responsabilité collective et à la préservation de l’unité nationale face aux défis extérieurs et intérieurs.
Les déclarations du Premier ministre trouvent un écho particulier dans le contexte des discussions régionales sur la sécurité. Alors que les négociations entre les États-Unis et l’Iran sont attendues avec espoir par de nombreux acteurs libanais, Nawaf Salam mise sur une désescalade régionale pour créer les conditions favorables à un règlement interne des questions sécuritaires. Selon les informations rapportées par Ad Diyar, la diplomatie libanaise suit de près les évolutions des pourparlers américano-iraniens, espérant que ceux-ci contribueront à réduire la pression sur le Liban et à ouvrir la voie à un apaisement durable des tensions internes.
En parallèle, Nawaf Salam multiplie les contacts avec les chancelleries étrangères pour garantir un soutien international au processus de renforcement de l’État libanais. Des discussions sont ainsi en cours avec les partenaires européens et arabes du Liban, afin de mobiliser l’aide nécessaire à la stabilisation économique et sécuritaire du pays. Comme l’indique Al Liwa’, ces efforts diplomatiques visent à sécuriser les engagements financiers et logistiques indispensables au maintien de la souveraineté libanaise et à la consolidation des institutions étatiques.
Au fil de ses interventions publiques, Nawaf Salam trace donc les contours d’une politique de fermeté équilibrée, qui refuse les solutions de confrontation directe mais affirme avec clarté la nécessité pour l’État libanais de reprendre la maîtrise de ses choix stratégiques. Il s’agit pour le Premier ministre d’affirmer le rôle central des institutions nationales, tout en ménageant les susceptibilités locales et en répondant aux attentes de la communauté internationale.
Les semaines à venir seront déterminantes pour évaluer la capacité de Nawaf Salam à traduire ces déclarations en actes concrets. La situation régionale reste extrêmement volatile, et la moindre étincelle pourrait faire basculer le Liban dans une spirale de violences incontrôlées. Le Premier ministre, en appelant à la responsabilité de tous les acteurs, parviendra-t-il à maintenir le fragile équilibre sur lequel repose encore la paix civile au Liban ?