D’une perte à une autre …

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D’une perte à une autre…

Le Liban cumule ses dommages… et la descente aux enfers se précipite. Le bilan s’aggrave !

Certains continuent à tirer la corde vers l’un ou l’autre, accusent à tort ou à raison, d’autres se découragent … La peur et l’angoisse regagnent le terrain… Une guerre des nerfs… la guerre de l’écrasement, de la pression psychologique. La guerre de la division et du doute… de la haine et de la vengeance…

Seuls ceux qui ont déjà vécu cela, qui ont gardé en leur souvenir intérieur cette douleur, pourront aujourd’hui vous dire que la situation est grave mais pourrait être encore réversible…

Il appartient à ma génération de reprendre le flambeau de l’éveil, le discours de la méfiance, les paroles de la concordance… Ecarter les doutes et réagir en masse … Rien ne fera face à la peur si ce n’est l’union du peuple… Mais Hélas, tant que la population restera éparpillée, la haine et la peur gagneront du terrain.

Des accusations creusant davantage le fossé entre la population, de quoi faire perdre du temps à l’organisation en groupe… La vie continue, chacun de son côté, mais à un moment, il faudra se décider quand et comment réagir… Car tôt ou tard, la vie sera paralysée, le conflit gagne le terrain à grands pas…

La peur n’est pas constructive, au contraire, elle isole, elle sépare et sème le doute entre les plus proches… Il est normal que les uns soient en désaccords avec les autres…, ça se discute ! Il est normal qu’on ait une divergence d’avis … ça se tolère entre adultes et hommes de réflexion… Mais quand la haine aveugle, empêche de raisonner, l’ennemi gagne le terrain…

Nous avons été tous, pour la majorité d’entre nous, témoins des années de guerre, ces longues années interminables et cette angoisse, cette peur du quotidien et se souvenir traumatisant… Nous sommes, pour la majorité d’entre nous, les derniers témoins de ce que le pays était avant ou après et durant… Oui je dis « durant » car la guerre à pris plusieurs formes et plusieurs sens, une évolution, une dégradation et des générations sont nées depuis, ne connaissant ni pourquoi ni comment ce conflit a ravagé le pays et il continu de ravager nos esprits aussi …

Nous sommes les derniers témoins qui devons rappeler à tous, que si l’heure est grave, les choses pourront encore être reprises en mains. L’union fait la force et le courage comme la peur sont contagieux… Si nous sommes incapables de nous unir, nous serons tués l’un après l’autre… il y aura deux catégories parmi les citoyens : ceux assassinés et martyrisés et ceux qui creuseront les tombes pour les enterrer et les pleurer ! C’est tout ce qui nous restera… et le pays se transformera en cimetière des âmes et des jours heureux. Le tableau est noir, pourtant j’ai toujours voulu positiver … Je continue à espérer l’union car la haine est aveugle et celui qui a décidé d’assassiner le pays a déjà choisi sa cible et sa tactique : semer le doute entre la population…

Les accusations entre les deux clans ne cessent de monter crescendo… alors qu’on assiste à un Crescendo de silence…

En dépit des différents qu’on peut tous avoir dans le choix d’une idéologie ou une autre, qu’est-ce qui empêcherait le libanais lambda de faire appel à l’armée seule autorité représentant le pays ? Cela est-il possible de nous mettre tous d’accord, en l’absence de leur accord et décider à leur place ?

Nous sommes devant deux choix,

  • Soit continuer sur le chemin sur ce rythme et cela signifie que la population toute entière baisse les bras et accepte d’être prise en otage. Dans ce cas là, nous acterons et validerons la descente aux enfers, mettant fin au pays et à tout espoir…
  • Soit prendre la parole, par le terrain, par tout moyen pacifiste et imposer notre volonté de nous faire protéger par l’armée…

La situation est grave !!! Nous n’avons que ces deux choix… Il est donc urgent, provisoirement, de mettre de côté nos appuis à l’un ou l’autre et de nous diriger ensemble main dans la main vers le bout de ce tunnel …Nous sommes assez nombreux à le penser, mais pas assez à le crier et à le réclamer…

L’armée ne pourrait intervenir que si le peuple réclamera haut et fort sa protection… L’heure de la décision et de la réaction sonne. L’union tarde à venir… Ni vainqueur, ni vaincu… mais ensemble nous éviterons la descente aux enfers…

Nous savons tous, ceux de ma génération et d’autres, qu’il est encore possible de trouver l’entente nationale… Il suffit de regarder dans la bonne direction et dire haut et fort ce que la majorité silencieuse pense…

Un drame nous uni, car nous sommes tous blessés, écœurés, à bout, nous rêvons de dignité humaine et de respect, d’une vie paisible et d’un amour qui veut que nos enfants puissent survivre et à avoir un lendemain, mais apparemment pas assez prêts pour anticiper le drame, car l’ennemi œuvre par la division et le doute semant ainsi la zizanie pendant lui, il gagne du terrain…

Jinane Chaker-Sultani Milelli

 
Jinane Chaker Sultani Milelli
Jinane Chaker-Sultani Milelli est une éditrice et auteur franco-libanaise. Née à Beyrouth, Jinane Chaker-Sultani Milelli a fait ses études supérieures en France. Sociologue de formation [pédagogie et sciences de l’éducation] et titulaire d’un doctorat PHD [janvier 1990], en Anthropologie, Ethnologie politique et Sciences des Religions, elle s’oriente vers le management stratégique des ressources humaines [diplôme d’ingénieur et doctorat 3e cycle en 1994] puis s’affirme dans la méthodologie de prise de décision en management par construction de projet [1998].

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