Le 7 janvier 2022, Ramy el-Amine publiait un article à propos d’Antoun Sehnaoui sur le site internet Daraj.com[1] financé par Open Society Foundations (de George Soros), IMS et European Endowment for Democracy (de l’Union Européenne). Décryptage.

Antoun Sehnaoui, membre éminent du « parti des Banques », est décrit comme un mafieux qui n’hésite pas à intimider ses opposants et à utiliser les armes. Par ailleurs, l’auteur précise que l’homme a réussi grâce à l’argent gagné au détriment des déposants de sa banque, la SGBL. Surtout, il a étendu son l’influence en tissant sa toile. En politique tout d’abord. Il a financé la campagne du général Jean Talouzian, député de Beyrouth et membre du bloc parlementaire du parti des Forces libanaises de Samir Geagea. Antoun Sehnaoui et le général Talouzian négocient en ce moment, avec Samy Gemayel, une alliance à Beyrouth avec le parti Kataëb en vue des élections législatives du mois de mai. Au sein du système judiciaire, ensuite. Sans oublier les médias, afin d’assurer l’omerta : il finance les sites internet francophones Mondafrique.com et Icibeyrouth.com.

Le journaliste de Daraj.com cite la page Wikipedia d’Antoun Sehnaoui qui présente ce dernier comme un « banquier, producteur de films et philanthrope ». Daraj.com évoque également le soutien d’Antoun Sehnaoui en faveur des droits des animaux.

Fils du banquier pro-israélien Nabil Sehnaoui, Antoun Sehnaoui fait partie de l’oligarchie politico-financière de la bancocratie libanaise qui s’est enrichie par le biais des politiques de la Banque du Liban et de son gouverneur, Riad Salamé, notamment par les opérations dites d’ingénierie financière qui, écrit le même Ramy el-Amine, « ont enrichi les banquiers et conduit le pays à la pire crise économique de son histoire, qui ont poussé la plupart des Libanais au bord de l’effondrement et les ont plongés sous le seuil de pauvreté ». Antoun Sehnaoui et les autres membres de l’Association des Banques du Liban (aidés par la Banque du Liban), le président du Parlement, le vice-président du Parlement, le club des anciens Premiers ministres (dont l’actuel, Najib Mikati), la Commission parlementaire aux Finances et au Budget, ont fait capoter le plan Lazard qui aurait permis d’éviter un tel désastre. La raison ? Ils refusent que les actionnaires des banques couvrent les pertes et rapatrient l’argent qu’ils ont gagné avant le 17 octobre 2019, ou qu’ils ont fait sortir depuis.

L’activiste Rudy Hanna a indiqué au journaliste que des agents de la Sûreté de l’État lui avaient affirmé qu’il serait arrêté s’il ne cessait pas de s’en prendre à la banque SGBL. Puis une dizaine d’hommes ont fait irruption et l’ont molesté, en lui signifiant que la banque SGBL est une « ligne rouge ». Rudy Hanna ne peut pas être catégorique, mais selon lui, il s’agirait de miliciens affiliés à la banque SGBL.

En 2010 déjà, et à la demande d’Antoun Sehnaoui, des hommes avaient ouvert le feu dans la boîte de nuit « Maison Blanche ». L’ONG Legal Agenda – qui milite pour l’indépendance du pouvoir judiciaire – a rappelé que le juge d’investigation de Beyrouth de l’époque, Ghassan Oueidate, qui n’est autre que l’actuel procureur général près la Cour de cassation (et donc le chef du pouvoir judiciaire pénal), n’avait pas inculpé Antoun Sehnaoui dans cette affaire[2]. Le même Ghassan Oueidate a déployé beaucoup d’efforts pour bloquer les enquêtes des juges Ghada Aoun (sur Riad Salamé et sur les auteurs de différents crimes financiers) et Tarek Bitar, le magistrat en charge de l’enquête sur l’explosion au port de Beyrouth.


[1] https://daraj.com/85113/?fbclid=IwAR1s4ogNfjCLv2RYBj-M3eWEiLQxD7EPSu_meq47AnhtI2dWrU7BQQd6UIo.

[2] https://english.legal-agenda.com/the-maison-blanche-shooting-how-influential-people-get-away-with-it/.

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