Riad Salamé sur Al Hadath, 24 mai 2021

Par une dépêche publiée par l’AFP, le très-controversé gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé a estimé que 12 à 15 milliards de dollars d’aide internationale sous forme de prêts seraient nécessaires pour amorcer la reprise économique, alors que le Pays des Cèdres traverse une crise financière décrite comme l’une des 3 pires prises crises depuis la moitié du XIXème siècle par la banque Mondiale.

Il estime ainsi que si le Liban pourrait obtenir 4 milliards de dollars de quote-part du Fonds Monétaire International, cette somme pourrait être complétée par d’autres pays. Il a également révélé que les réserves monétaires ont baissé à 12.5 milliards de dollars, en-deça des réserves monétaires obligatoires qui étaient estimées à 14 milliards de dollars, encore il y a peu.

Si 12 à 15 milliards de dollars sont nécessaires pour amorcer la reprise économique alors que la récession économique a atteint 25% en 2020 et pourrait atteindre 11% en 2021, des interrogations portent toujours sur le montant nécessaire pour surmonter totalement la crise économique, notent certaines sources.

Cette information intervient alors que le Liban, s’il a fourni un chiffrage des pertes du secteur bancaire au FMI, n’a toujours pas formellement entamé un retour à la table des négocations suspendues depuis l’année dernière avec l’institution internationale en raison de la résistance des institutions financières publiques et privées à reconnaitre même l’existence d’importantes pertes financières que cela soit de la part des banques privées ou encore de la Banque du Liban qui déclarait de manière unilatérale d’importants profits fiduciaires pour les combler.

Les difficultés actuelles à réunir le gouvernement en raison de la crise politique induite par la mise en examen de plusieurs proches du président de la chambre des députés dans le cadre de l’enquête en cours sur l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020, pourraient également repousser l’ouverture formelle des négociations et aggraver la situation économique, faute de la mise en place des réformes nécessaires conditionnant l’aide économique de la communauté internationale.

Le nouveau gouvernement estime cependant que ces pertes atteignent 63 milliards de dollars contre 83 milliards de dollars selon l’ancien gouvernement Diab qui espérait obtenir 10 milliards de dollars d’aide économique. Cette diminution des chiffres des pertes financières pourrait également induire une diminution de l’aide que pourrait obtenir le Liban, loin en-dessous de l’objectif de 12 à 15 milliards de dollars aujourd’hui fixé par Riad Salamé, souligne certains économistes alors que la situation financière continue à se dégrader sur place, avec une livre libanaise proche de son plus-bas historique face au dollar et une détérioration continue du pouvoir d’achat ces 2 dernières années.

Le rôle du gouverneur de la Banque du Liban dans cette crise est d’ailleurs soulignée par de nombreuses personnes, notamment en raison de sa politique monétaire basée sur le maintien artificiel d’une parité officielle depuis 1997 pour attirer des capitaux au Liban en même réinvestis par les banques en certificat de dépôts ou en dette publique au détriment de l’économie réelle. Riad Salamé fait également l’objet de poursuites financières dans certains pays, comme en Suisse ou encore en France alors que le chef de l’état, le général Michel Aoun serait sur le point d’officialiser sa demande de départ en raison de ces démarches judiciaires à l’étranger même s’il bénéficie localement toujours du soutien du président de la chambre des députés, Nabih Berri, de celle de l’ancien premier ministre Saad Hariri ou encore de l’ancien député Walid Joumblatt et du patriarche maronite Béchara Boutros Rahi.

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