Un extrait de Fanny et Alexandre par ‎Ingmar Bergman
Un extrait de Fanny et Alexandre par ‎Ingmar Bergman

Le monde va de plus en plus mal. Les humains sont monstrueux. Les machines sont  monstrueuses. Les guerres sont monstrueuses. Epouvantables. Exécrables. Implacables. Comme Bergman. Bergman qui aura eu raison de laisser les stigmates de tous les possibles suspendues. Là où le temps et l’espace n’existent plus. Là où Fanny et Alexandre auraient pu continuer à avoir une enfance normale, au lieu de sombrer dans le monde hyperréaliste du romancier et cinéaste. Bergman avant-gardiste, qui n’a jamais cessé de remettre en question l’existentialisme de la condition humaine.

Trente ans après ce chef d’œuvre, le monde continue d’aller de plus en plus mal. La nature humaine vacille entre sadisme et narcissisme. Les guerres sont infondées, épouvantables, et renvoient l’image du cataclysme humain pervers. Mais où va le monde ? Injustement. Et surement vers une troisième guerre mondiale qui ne ressemble pas à ses aïeules. À défaut d’une guerre de tranchées, une guerre tranchante. À défaut de bombardiers, des kamikazes à l’image des franquistes « Viva la Muerte ». À défaut de tanks, des carnages en masse commis aux noms d’idéologies ratées.

Le monde entier pleure Nice le temps de passer à autre chose, mais nous trouvons presque normal  et sans verser aucune larme qu’une bombe explose en Irak, et plus personne ne se demande pourquoi un explosif déflagre en Afghanistan. En moins de vingt-quatre heures, plus de quarante deux mille déplacés soudanais essayent de trouver un campement de fortune. Avec  leurs cabas, ils ne vont sûrement pas en vacances. Les combats en Syrie ? Et alors ? Ils vont bien finir par se lasser après avoir tués tout ce qui bouge… Jusqu’aux arbres. Chacun a sa théorie concernant cette partie de la planète. On alimente les combattants en armement d’un côté, pour mieux les combattre de l’autre. Ou alors, il  suffit d’envoyer la coalition internationale pour survoler les écoles, et se confondre en excuses par la suite. Mais y-a-t-il eu des excuses ? On n’ose surement pas évoquer la bombe H ! Les deux bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki ont suffi par leurs effets, à faire basculer l’humanité dans l’ère nucléaire apocalyptique. Et même si nous sommes en pleine Apocalypse… Sur la terre comme au ciel, la volonté de gouverner des plus grands de ce monde se résume en deux mots presque insignifiants : dommages collatéraux.  Les jours se succèdent alors et amènent leurs lots de grandes surprises ! Entre coup d’état et coup monté, Erdogan retrouve son rôle de Sultan vénéré, et fait pâlir Iznogoud qui n’a jamais pu devenir calife à la place du calife. Erdogan lui, reste en Turquie. Poutine rit aux éclats ! Et on tourne en rond. Et rond et rond, petit Patapon !

Sur une toile de réalité accablante le terrorisme tisse de nouveaux motifs. On appelle ça du terrorisme, parce que la terreur est indéfinissable. Insurmontable. Angoissante. À mes peurs qui peuvent aussi être les vôtres,  à mon désarroi face à tant de haine, à mes silences face à tout ce que je n’arrive plus à expliquer…  Contre les croisés de la mort, la débâcle politicienne,  le monde qui devient fou, la perte de notre humanité. Le temps et l’espace n’existent plus. Je reste avec Bergman et les manèges de mon enfance. Le reste de la planète, « je m’en foutiste »,  après avoir versé une petite larme le temps d’une news lues sur Facebook, est à la chasse aux Pokémons.

Tout est dit. Nous sommes les barbares des temps modernes !

Photo: Capture d’écran du film “Fanny et Alexandre” de Bergman de 1982

Hala Moubarak
Trentenaire aux cheveux rouges. Hier, un cri. Aujourd’hui, elle est «À cor et à cri ». Ambidextre. Architecte d’intérieur. Enseignante. Designer à ses heures perdues. Dévoreuse de livres d’histoire et de littérature. Mordue d’art. Râleuse au second degré. Vit une relation ambigüe avec Beyrouth. Se promène souvent avec l’énergie d’une étoile. Aime manger de la glace à la vanille. Grande rêveuse idéaliste. Atteinte d’une folie passagère. Fut le chat de Toulouse Lautrec dans une vie antérieure ! Si, si… je vous le jure !

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