Défis de souveraineté : le dossier des armes du Hezbollah au cœur des tensions nationales et internationales
La scène politique libanaise reste dominée par la question sensible du monopole de la violence légitime, illustrée par la persistance de l’arsenal militaire du Hezbollah en dehors du cadre étatique. Ce sujet constitue une source de friction constante entre les autorités libanaises et la communauté internationale, notamment les États-Unis. Le président de la République Joseph Aoun, qui multiplie les gestes symboliques en faveur d’un État fort, a récemment été qualifié de « chef déterminé à la reconstruction de la souveraineté » par la diplomate américaine Morgan Ortagus, comme le rapporte Ad Diyar (24 avril 2025). Cette déclaration est intervenue dans le cadre d’une réception diplomatique tenue à Washington, où les responsables américains ont réaffirmé leur appui au président libanais tout en soulignant l’impératif d’une armée nationale pleinement souveraine.
Dans un contexte où les tensions régionales sont exacerbées, notamment par les négociations en cours sur le programme nucléaire iranien, le Hezbollah maintient une position ferme sur son rôle de « résistance ». Son secrétaire général, Naim Kassem, qui a succédé à Hassan Nasrallah, a réaffirmé dans Al Akhbar (24 avril 2025) que l’organisation ne désarmerait pas en dehors d’un consensus national garantissant une alternative sécuritaire crédible face à Israël. Kassem met en avant l’histoire du mouvement et les menaces israéliennes persistantes pour justifier cette posture. Toutefois, cette justification peine à convaincre au niveau international, en particulier dans les chancelleries occidentales qui jugent ce statu quo incompatible avec la stabilité institutionnelle du Liban.
Le dilemme est aggravé par le fait que la Constitution libanaise confie exclusivement à l’État le droit de détenir et d’utiliser les armes. Le Premier ministre Nawaf Salam, appuyé par une partie de l’élite diplomatique libanaise, tente de manœuvrer prudemment dans ce climat. Il appelle à une stratégie nationale de défense qui inclurait progressivement le Hezbollah sous l’égide de l’armée, selon une transition sécuritaire planifiée. Cette approche, relayée dans Al Joumhouriyat (24 avril 2025), a pour objectif de réduire les tensions internes tout en évitant un affrontement direct susceptible de faire basculer le pays dans un nouveau cycle de violence communautaire.
Négociations économiques sous haute tension : entre exigences du FMI et réticences internes
Parallèlement à cette crise institutionnelle, le gouvernement libanais poursuit ses négociations avec les institutions financières internationales. Selon Al Sharq et Ad Diyar (24 avril 2025), une délégation dirigée par le ministre des Finances Yassine Jaber s’est rendue à Washington pour participer aux réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Jaber y a rappelé que « le Liban ne réforme pas pour satisfaire des injonctions extérieures, mais parce que le pays n’a plus le choix », mettant en avant une volonté politique de transformation structurelle.
Parmi les points clés abordés, on retrouve la restructuration du secteur bancaire, le redressement du réseau électrique et la lutte contre la corruption administrative. Le ministre a également annoncé que la Banque mondiale avait donné un accord de principe pour porter de 250 à 400 millions de dollars le montant d’un prêt destiné à financer la reconstruction des infrastructures, un geste interprété comme un signe de confiance prudent. Toutefois, les attentes du FMI sont claires : adoption rapide de lois sur la transparence financière, indépendance de la justice, et levée du secret bancaire dans certaines circonstances. Sur ce dernier point, la controverse est vive. Al Liwa’ (24 avril 2025) rapporte que plusieurs députés refusent toute modification qui violerait la vie privée des déposants, même dans le cadre d’enquêtes judiciaires.
Le dilemme gouvernemental est donc complexe : satisfaire les bailleurs internationaux tout en préservant une cohésion nationale déjà fragilisée. Une partie de la population exprime ouvertement son scepticisme. Des manifestations sporadiques ont eu lieu devant le Parlement, dénonçant une « soumission aux diktats étrangers » et une réforme « sans vision sociale ». D’autres secteurs, comme la fonction publique, s’inquiètent d’un gel potentiel des salaires et de nouvelles privatisations. L’opinion publique reste marquée par les souvenirs de la crise monétaire de 2019 et redoute un retour aux politiques d’austérité.
Tensions autour des élections municipales : entre représentation démocratique et enjeux communautaires
Sur le front électoral, la tenue des élections municipales soulève elle aussi de nombreuses controverses. Prévue dans les prochaines semaines, cette échéance est perçue comme un test de la capacité de l’État à organiser un scrutin transparent malgré un climat d’instabilité. Nahar et Al Sharq Al Awsat (24 avril 2025) rapportent que le débat se focalise actuellement sur le mode de scrutin à Beyrouth, où certaines forces politiques militent pour l’adoption de listes fermées qui garantiraient, selon elles, une meilleure représentativité confessionnelle.
Le président du Parlement Nabih Berri a fermement rejeté toute idée de report du scrutin, qualifiant cette perspective d’ »inacceptable dans une démocratie moderne », comme l’indique Al Joumhouriyat (24 avril 2025). Il a cependant admis qu’un débat était en cours sur la réforme de la loi électorale, en particulier sur la question de la parité entre les communautés et sur le rôle du gouverneur de Beyrouth, accusé par certains d’exercer un pouvoir excessif.
Ce débat prend une dimension nationale dans un pays où les municipalités ne sont pas seulement des structures locales mais aussi des leviers de pouvoir communautaire. Les tensions sont exacerbées par des enjeux liés à la gestion des services publics, notamment les déchets, l’électricité et l’eau, domaines où l’inefficacité est criante. Dans plusieurs régions, notamment au Mont Liban et au Sud, des listes citoyennes non partisanes ont vu le jour, portées par des mouvements issus de la société civile, comme le rapporte Nida’ Al Watan (24 avril 2025).
Ces initiatives montrent une volonté de renouvellement démocratique, mais elles se heurtent encore à un appareil partisan bien implanté et à des clientélismes persistants. Les prochaines semaines seront déterminantes pour savoir si le Liban parviendra à organiser un scrutin crédible, capable de renforcer la légitimité institutionnelle ou s’il s’agira d’un nouveau rendez-vous manqué dans l’histoire de la reconstruction étatique post-crise.
Politique locale : réformes institutionnelles, tensions communautaires et équilibre du pouvoir
La stratégie de Joseph Aoun : réforme par le consensus
Le président de la République Joseph Aoun continue d’inscrire son action dans une logique de réforme consensuelle, malgré les lignes de fracture persistantes au sein de la classe politique libanaise. Dans une allocution relayée par Ad Diyar (24 avril 2025), il a affirmé que la modernisation des institutions libanaises devait « préserver l’unité nationale tout en affirmant l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire ». Cette déclaration s’inscrit dans un climat où la méfiance intercommunautaire reste forte, notamment sur les sujets relatifs à la souveraineté et à la sécurité.
Le chef de l’État mise sur la consolidation des institutions étatiques, en particulier l’armée, comme pilier d’unité nationale. Le rôle central confié au commandement militaire est visible dans plusieurs décisions récentes, notamment l’élargissement des prérogatives du Haut Conseil de Défense, et la relance d’un projet de réhabilitation de l’appareil logistique des forces armées. Cette orientation a été perçue par certains observateurs, selon Nahar (24 avril 2025), comme une tentative de contenir toute dérive sécuritaire liée à des acteurs non-étatiques, sans entrer en confrontation directe avec ceux-ci.
Le gouvernement Salam à l’épreuve du Parlement
Le Premier ministre Nawaf Salam fait face à une équation politique complexe. À la tête d’un cabinet marqué par la fragmentation partisane, il tente de fédérer autour d’une feuille de route politique axée sur la transparence, la réforme de la justice et l’indépendance de la Cour des comptes. Selon Al Joumhouriyat (24 avril 2025), l’exécutif prévoit de présenter dans les semaines à venir un ensemble de textes législatifs sur la réforme de la fonction publique, incluant une révision des critères de nomination et une réorganisation des concours administratifs.
Cependant, cette volonté se heurte à une opposition parlementaire structurée. Le président de la Chambre, Nabih Berri, tout en soutenant certaines initiatives, impose une temporalité politique propre au Parlement. Il a récemment déclaré, dans une interview relayée par Al Liwa’ (24 avril 2025), que « les réformes doivent être discutées dans le cadre des institutions, sans précipitation et avec respect des équilibres communautaires ». Cette posture tempère les ardeurs de certaines factions réformistes qui souhaitent une mise en œuvre accélérée des engagements pris dans le cadre des négociations avec les partenaires internationaux.
En réponse à cette prudence parlementaire, des voix plus radicales au sein de la coalition gouvernementale plaident pour un passage en force sur certaines lois prioritaires. Le ministre d’État à la réforme administrative, dont les propos sont rapportés par Nida’ Al Watan (24 avril 2025), a indiqué que « la légitimité de l’action gouvernementale découle aussi de l’urgence économique et sociale », appelant à une lecture dynamique des prérogatives de l’exécutif.
L’opposition politique entre repositionnement et polarisation
La scène partisane libanaise reste dominée par des mouvements de repositionnement stratégique. Le Hezbollah, dirigé désormais par Naim Kassem, continue de défendre une ligne politique rigide sur les questions de défense nationale. Il s’oppose fermement à toute réforme qui réduirait l’influence de son appareil militaire ou de ses alliés politiques. Dans une déclaration parue dans Al Akhbar (24 avril 2025), Kassem accuse l’exécutif de vouloir « désarmer la résistance sous couvert de rationalisation de la gouvernance », ajoutant que « la souveraineté nationale ne saurait être négociée dans les salons diplomatiques ».
Le Courant patriotique libre (CPL), historiquement proche du Hezbollah, prend ses distances avec certaines positions, notamment en matière de justice et de transparence. Il réclame l’accélération des nominations dans les organes de régulation, comme l’Autorité de régulation de l’électricité, afin de montrer sa volonté de réforme. Dans Al Sharq (24 avril 2025), un député du CPL déclare que « la crédibilité du Liban passe par la démonstration de son autonomie décisionnelle, sans exclure le dialogue national ».
De son côté, le Parti socialiste progressiste (PSP) adopte une ligne plus centriste. Son chef affirme, selon Al Bina’ (24 avril 2025), que « la priorité est d’éviter un effondrement institutionnel et de favoriser des compromis sur les grandes orientations ». Ce positionnement vise à offrir une voie médiane entre blocages politiques et confrontation.
Le casse-tête des nominations : enjeu de pouvoir transversal
Le débat autour des nominations dans les institutions clés du pays cristallise les tensions. Selon Al Sharq Al Awsat (24 avril 2025), les discussions autour du renouvellement du Conseil de développement et de reconstruction, ainsi que de l’Autorité des marchés, bloquent en Conseil des ministres depuis plusieurs semaines. L’opposition accuse l’exécutif de vouloir placer des profils affiliés à ses réseaux, tandis que la majorité évoque une volonté de rupture avec les pratiques du passé.
Le problème est structurel : l’absence de consensus sur les critères de sélection conduit à des blocages répétitifs. Le Conseil des ministres s’est réuni à trois reprises sans parvenir à trancher sur la nomination des juges à la Cour des comptes, malgré l’insistance des partenaires européens sur l’urgence de cette réforme. L’Union européenne a rappelé, via une note diplomatique citée par Nahar (24 avril 2025), que « la transparence et la responsabilité judiciaire sont des conditions incontournables pour le déblocage des aides prévues par le plan CEDRE ».
Cette impasse reflète un malaise plus large : la méfiance généralisée entre les blocs politiques, qui considèrent chaque poste comme un enjeu de pouvoir plutôt qu’un levier de service public. Pour contourner ces obstacles, le président Aoun envisage de proposer un mécanisme de sélection basé sur des recommandations d’experts indépendants, comme évoqué dans Al Joumhouriyat (24 avril 2025).
Communautarisme et réformes : une équation délicate
L’architecture confessionnelle du Liban rend chaque projet de réforme délicat. Toute modification légale est analysée à travers le prisme de l’équilibre communautaire. Ainsi, la réforme de la loi sur les municipalités, qui vise à redéfinir les pouvoirs du gouverneur de Beyrouth, est l’objet d’intenses négociations entre les représentants sunnites, maronites et chiites. Selon Al Liwa’ (24 avril 2025), un compromis partiel pourrait émerger autour d’un transfert progressif de certaines compétences vers le conseil municipal, à condition d’en renforcer simultanément la représentativité.
Mais le défi va au-delà de la simple décentralisation. Il s’agit aussi de redéfinir le rôle de l’État dans un système où les services publics sont souvent délégués à des réseaux politico-confessionnels. Cette question est centrale pour les jeunes générations, dont une partie s’est mobilisée ces dernières semaines sur les campus universitaires. Le journal Nida’ Al Watan (24 avril 2025) rapporte l’organisation d’un forum citoyen à l’Université libanaise, où étudiants et professeurs ont débattu des formes possibles de dépassement du confessionnalisme sans rompre avec le cadre constitutionnel actuel.
Diplomatie : repositionnements internationaux et nouveaux canaux de coopération
La relance des relations franco-libanaises : entre solidarité et conditions
Le Liban continue d’entretenir une relation diplomatique dense avec la France, qui se positionne depuis plusieurs années comme un acteur central de son redressement politique et économique. Lors d’une visite officielle à Bagdad, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a réitéré la priorité accordée à l’aide française à la Syrie et au Liban. Selon Al Sharq Al Awsat (24 avril 2025), Barrot a déclaré que « la stabilité de Beyrouth et Damas est un enjeu stratégique pour la France », insistant sur l’importance pour l’Irak de jouer un rôle actif dans le soutien à ses voisins les plus fragiles. Cette prise de position a été interprétée à Beyrouth comme un signal clair d’une volonté de réengagement diplomatique.
Cependant, cet appui n’est pas sans conditions. La diplomatie française insiste depuis plusieurs mois sur la nécessité de réformes structurelles au Liban. Dans une communication relayée par Al Liwa’ (24 avril 2025), l’ambassadeur de France à Beyrouth aurait transmis un message direct au président Joseph Aoun, l’exhortant à accélérer les nominations judiciaires et à garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire. Paris attend également une clarification de la stratégie sécuritaire nationale, notamment sur la place du Hezbollah dans le paysage politico-militaire libanais.
Le soutien financier promis par la France dans le cadre de la conférence CEDRE reste conditionné à ces avancées concrètes. À l’issue d’une réunion bilatérale entre les ministères de l’Économie des deux pays, Nahar (24 avril 2025) rapporte que de nouveaux mécanismes de coopération économique sont en discussion, incluant des fonds pour le développement rural, des programmes d’échange éducatif, et une ligne de crédit pour les petites entreprises.
L’axe Beyrouth-Téhéran : continuité idéologique et ajustements tactiques
Sur le plan régional, les relations entre le Liban et l’Iran demeurent solides, portées par des affinités historiques et idéologiques profondes, principalement à travers les liens étroits entre Téhéran et le Hezbollah. Dans une interview accordée à Al Akhbar (24 avril 2025), l’ambassadeur iranien au Liban, Mojtaba Amani, a déclaré que « l’Iran respecte les choix des Libanais en matière de défense et ne cherche pas à imposer sa vision ». Cette déclaration intervient dans un climat tendu, alors que les discussions sur le désarmement du Hezbollah s’intensifient au sein des institutions libanaises et dans les cercles diplomatiques occidentaux.
Téhéran tente de projeter une image de partenaire respectueux de la souveraineté libanaise tout en consolidant sa présence par des accords de coopération scientifique, énergétique et sanitaire. Al Bina’ (24 avril 2025) mentionne un nouveau programme de bourses pour étudiants libanais dans les universités iraniennes ainsi que l’envoi prochain de matériel médical à destination des hôpitaux publics libanais.
Toutefois, la politique iranienne au Liban n’est pas sans critiques. Plusieurs diplomates européens, cités anonymement dans Al Sharq (24 avril 2025), expriment leurs inquiétudes quant à la « double loyauté » imposée par la logique de résistance prônée par le Hezbollah. Ces sources estiment que cette situation empêche le Liban de développer une diplomatie équilibrée et indépendante. Elles plaident pour une clarification de la doctrine libanaise de politique étrangère, afin que Beyrouth puisse jouer un rôle de médiateur régional plutôt que d’appendice de blocs conflictuels.
Pressions et conditionnalités américaines : la diplomatie de l’exigence
Les États-Unis poursuivent leur stratégie diplomatique fondée sur une série de conditionnalités politiques et économiques. Le soutien exprimé à Joseph Aoun par la diplomate Morgan Ortagus lors d’une réception à l’ambassade du Liban à Washington, selon Ad Diyar (24 avril 2025), s’est accompagné d’une liste d’attentes précises : transparence budgétaire, réformes judiciaires, et désarmement progressif de toutes les forces armées non étatiques. Ortagus a salué « le courage du président Aoun », mais a aussi averti que « la poursuite de l’aide américaine dépendra du respect des engagements de réforme ».
Cette ligne dure s’inscrit dans une logique de stabilisation régionale défendue par l’administration américaine, dans un contexte marqué par la reprise des négociations sur le nucléaire iranien. Beyrouth est ainsi considéré comme un « champ de test » pour l’influence régionale de Téhéran. Nida’ Al Watan (24 avril 2025) révèle que des canaux diplomatiques informels entre Washington et Beyrouth ont été récemment réactivés, avec pour objectif de contenir les dérives sécuritaires à la frontière sud du Liban et de renforcer la coopération avec l’armée libanaise.
Outre la sphère militaire, les États-Unis investissent également dans la diplomatie éducative et humanitaire. Le lancement d’un nouveau programme de bourses universitaires pour les étudiants libanais, annoncé par l’USAID, et la reconstruction de plusieurs écoles endommagées à Tripoli illustrent cette approche multidimensionnelle. Toutefois, ce soutien reste tributaire d’une stabilisation politique que Washington juge encore fragile.
Ouvertures diplomatiques au sein du monde arabe
La diplomatie libanaise cherche également à redynamiser ses liens avec les capitales arabes, notamment après plusieurs années de refroidissement liées aux positions du Hezbollah dans les conflits régionaux. Al Sharq Al Awsat (24 avril 2025) rapporte que le Premier ministre Nawaf Salam a entamé une série de discussions avec des représentants des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite et du Koweït, en vue de relancer les projets d’investissement suspendus depuis 2019.
Ces discussions s’inscrivent dans une stratégie plus large de « réintégration économique arabe », selon les termes d’un conseiller au ministère libanais des Finances. Les autorités libanaises souhaitent mobiliser les fonds souverains du Golfe pour financer des infrastructures critiques, comme le port de Tripoli ou le réseau de transport du Grand Beyrouth. En contrepartie, les pays du Golfe demandent une garantie de neutralité diplomatique du Liban dans les affaires régionales, une condition qui reste sensible politiquement.
Dans ce contexte, la Ligue arabe a tenu une session spéciale sur le soutien aux États membres en crise, au cours de laquelle le Liban a été mentionné comme « priorité humanitaire ». Un projet d’accord de coopération multilatérale, incluant la Syrie, la Jordanie et le Liban, est en cours de négociation pour coordonner les politiques migratoires et sécuritaires.
Politique internationale : tensions géopolitiques et recompositions stratégiques
Ukraine : le plan controversé de Trump relance les débats sur la souveraineté
Le retour sur le devant de la scène internationale de Donald Trump, désormais principal candidat républicain à la présidentielle américaine, suscite une vague de réactions suite à ses dernières déclarations sur le conflit en Ukraine. Dans une interview relayée par Al Bina’ (24 avril 2025), l’ancien président a proposé une solution radicale : la reconnaissance de la souveraineté russe sur la Crimée, ainsi que l’octroi de 20 % du territoire ukrainien à Moscou en échange d’un cessez-le-feu. Il a également suggéré que les États-Unis prennent le contrôle du site nucléaire de Zaporijia pour le gérer au bénéfice des deux pays.
Cette proposition, vivement critiquée par les chancelleries européennes, relance le débat sur la légitimité des compromis territoriaux en temps de guerre. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fermement rejeté l’initiative, estimant que « la paix ne peut être construite sur le démantèlement de la souveraineté nationale ». Pour de nombreux analystes, cette proposition reflète davantage une stratégie électorale interne qu’un plan diplomatique viable, comme le souligne Al Sharq Al Awsat (24 avril 2025), qui mentionne la surprise des partenaires de l’OTAN face à un tel revirement.
Dans ce contexte, la position de l’Union européenne se durcit : des déclarations de responsables à Bruxelles, citées dans Ad Diyar (24 avril 2025), insistent sur la nécessité de maintenir les sanctions contre la Russie et de renforcer l’aide militaire à Kiev. Une réunion extraordinaire de l’OTAN est prévue à Bruxelles pour discuter des impacts diplomatiques de cette proposition et coordonner une réponse commune.
L’Iran et le dossier nucléaire : diplomatie prudente, préparatifs militaires
Les négociations sur le programme nucléaire iranien connaissent un regain d’activité, notamment sous l’impulsion de la Chine qui tente de jouer un rôle de médiateur central entre Téhéran et Washington. Al Sharq Al Awsat (24 avril 2025) rapporte que l’Iran a officiellement sollicité le soutien de Pékin dans le cadre de la nouvelle phase des pourparlers indirects avec les États-Unis. Abbas Araghchi, vice-ministre iranien des Affaires étrangères, aurait remis une note confidentielle à son homologue chinois détaillant les conditions d’un accord, notamment en matière de levée des sanctions.
Dans le même temps, un rapport du Washington Institute for Science and Security, relayé par Al Sharq Al Awsat (24 avril 2025), révèle que l’Iran aurait entrepris de renforcer ses installations nucléaires souterraines à Fordow et Natanz. Des images satellites montrent des mouvements de troupes, ainsi que l’installation de systèmes anti-aériens autour des sites sensibles. Cette activité est interprétée comme une mesure préventive face à un éventuel raid israélien, alors que les tensions militaires se sont accrues depuis le début de l’année.
La diplomatie iranienne tente néanmoins de maintenir un ton constructif. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a déclaré à Pékin que « l’Iran veut une solution diplomatique mais se prépare à toutes les éventualités ». Ce double discours suscite des inquiétudes parmi les puissances occidentales, qui redoutent une course vers l’arme nucléaire si les pourparlers échouent.
Israël et Palestine : escalade dans les territoires, divisions arabes
Le conflit israélo-palestinien reste l’un des foyers majeurs de tensions au Proche-Orient. Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a intensifié ses attaques verbales contre le Hamas, l’accusant dans Al Sharq Al Awsat(24 avril 2025) de « nuire gravement à la cause palestinienne » et de « fournir des prétextes à Israël pour ses crimes ». Dans un discours prononcé à Ramallah, Abbas a réclamé la reddition des armes du Hamas, la libération des otages détenus à Gaza, et la transformation du mouvement en simple parti politique.
Cette déclaration intervient dans un contexte marqué par une recrudescence des violences dans les territoires occupés. Des raids israéliens dans le nord de la Cisjordanie ont fait plusieurs morts, selon Al Bina’ (24 avril 2025), tandis que des tirs de roquettes ont visé le sud d’Israël. La situation humanitaire à Gaza continue de se dégrader, aggravée par les blocus successifs et les destructions d’infrastructures civiles. L’ONU alerte sur le risque d’une catastrophe sanitaire imminente.
Sur le plan diplomatique, la communauté arabe reste divisée. L’Égypte, la Jordanie et le Qatar appellent à un retour aux négociations de paix, tandis que d’autres États, comme l’Arabie saoudite, évitent toute prise de position tranchée, préférant se concentrer sur leurs priorités économiques internes. Un diplomate européen cité par Al Akhbar (24 avril 2025) évoque une « fatigue diplomatique » face à un conflit perçu comme insoluble à court terme.
Chine et États-Unis : affrontement stratégique global
La rivalité sino-américaine prend une dimension de plus en plus systémique. Dans Al Sharq (24 avril 2025), un rapport du Pentagone évoque un accroissement préoccupant des activités navales chinoises en mer de Chine méridionale, qualifiées de « provocations ciblées ». Washington a intensifié ses patrouilles conjointes avec le Japon et les Philippines, suscitant la colère de Pékin qui dénonce une « ingérence inacceptable ».
Le secrétaire d’État américain a récemment appelé la Chine à « respecter les normes internationales en matière de navigation », une déclaration jugée hypocrite par les médias chinois, qui rappellent les interventions américaines unilatérales dans d’autres régions du monde. Cette confrontation stratégique se manifeste également dans le domaine technologique. Selon Nida’ Al Watan (24 avril 2025), plusieurs entreprises chinoises ont été ajoutées à la liste noire des États-Unis, accusées de collusion avec l’armée de libération populaire.
De son côté, Pékin poursuit son expansion diplomatique à travers l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie. L’Afrique et l’Amérique latine sont au cœur de cette stratégie d’influence. Des accords de coopération éducative et technologique ont été signés récemment avec des pays comme le Kenya, le Pérou et le Maroc, ce qui accentue la perception d’un recul relatif de l’influence occidentale.
Économie : entre stagnation structurelle et signaux de reprise
Retour à Washington : entre engagement symbolique et attentes concrètes
La participation du Liban aux réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale à Washington a été un moment fort de l’actualité économique. Selon Al Joumhouriyat (24 avril 2025), le ministre des Finances Yassine Jaber, à la tête de la délégation officielle, a souligné que « la reprise de confiance passe par des réformes internes profondes et non par des gestes protocolaires ». Il a également précisé que le Liban avait obtenu une approbation de principe pour augmenter un prêt de la Banque mondiale de 250 à 400 millions de dollars, destiné à financer des projets d’infrastructure.
Toutefois, plusieurs observateurs, comme ceux cités par Nahar (24 avril 2025), rappellent que cette annonce reste conditionnée à la mise en œuvre d’un certain nombre de réformes structurelles, notamment dans le domaine de la gouvernance des entreprises publiques, de la transparence fiscale et de la lutte contre la corruption. Les bailleurs insistent également sur l’adoption rapide de lois suspendues, notamment celle portant sur la levée du secret bancaire dans les enquêtes financières.
Cette dynamique, perçue comme positive par certains milieux diplomatiques, reste largement théorique tant que les institutions internes ne montrent pas de signes clairs d’efficience. Les partenaires internationaux attendent désormais des mesures concrètes dans les semaines à venir, notamment sur la restructuration du secteur bancaire, qui reste figé depuis l’effondrement de 2019.
État du secteur privé : résilience limitée et dépendance au marché informel
Le tissu économique libanais reste profondément fragilisé. D’après une enquête économique partielle rapportée par Al Liwa’ (24 avril 2025), environ 65 % des petites et moyennes entreprises opéreraient aujourd’hui dans l’informalité, en dehors de tout cadre réglementaire. Cette situation résulte des lourdeurs administratives, de l’instabilité fiscale et de l’absence de soutien public à la relance.
Les exportations non pétrolières du Liban ont légèrement augmenté au premier trimestre de 2025, selon les données préliminaires publiées par le ministère de l’Économie, relayées dans Ad Diyar (24 avril 2025). Cette hausse, principalement tirée par les secteurs de l’agroalimentaire et des technologies de l’information, ne compense cependant pas la chute structurelle des investissements directs étrangers, qui ont atteint leur plus bas niveau depuis 2005.
Par ailleurs, le taux de chômage reste élevé, oscillant autour de 28 % selon les dernières estimations publiées par le Centre d’études économiques de Beyrouth et reprises par Nida’ Al Watan (24 avril 2025). Ce taux grimpe à plus de 50 % chez les jeunes de moins de 30 ans. Plusieurs experts alertent sur les conséquences sociales de cette situation, notamment la fuite des cerveaux, l’exode professionnel et la croissance de l’économie parallèle.
Situation monétaire : stabilisation fragile et tensions inflationnistes
La Banque du Liban poursuit sa politique de stabilisation monétaire, avec des résultats contrastés. Le taux de change du dollar s’est légèrement stabilisé autour de 89 000 livres libanaises au marché parallèle, selon Al Sharq (24 avril 2025). Cette évolution résulte de plusieurs interventions ciblées de la Banque centrale, notamment l’injection de devises par le biais de mécanismes indirects, et la régulation du marché noir via des mesures judiciaires.
Cependant, les pressions inflationnistes demeurent. Le taux d’inflation annuel dépasse toujours 120 %, affectant sévèrement le pouvoir d’achat. Les produits alimentaires de base ont connu une hausse de plus de 160 % en un an. Al Akhbar (24 avril 2025) souligne l’échec des autorités à contrôler les marges des intermédiaires commerciaux, en raison de la faiblesse des inspections et de la corruption endémique dans les circuits de distribution.
Face à cette situation, certains économistes plaident pour un retour progressif à une politique monétaire plus transparente et indépendante. Dans une tribune parue dans Al Sharq Al Awsat (24 avril 2025), l’analyste Samir Daher propose la création d’un conseil monétaire indépendant, chargé d’ancrer les décisions de politique monétaire à des règles claires, en concertation avec les institutions financières internationales.
Investissements et réformes sectorielles : promesses en attente de résultats
Sur le plan sectoriel, le ministère de l’Énergie a présenté un nouveau plan de réforme visant à réduire la dépendance aux importations de carburant. Ce plan, détaillé dans Al Bina’ (24 avril 2025), repose sur trois axes : le développement du solaire décentralisé, la réhabilitation des centrales thermiques existantes, et l’extension des interconnexions régionales avec la Jordanie et la Syrie.
Toutefois, les investisseurs restent prudents. La plupart des appels d’offres récents pour les projets énergétiques ont été déclarés infructueux, faute de garanties juridiques. Dans le secteur de la construction, un projet de modernisation du réseau routier financé par la Banque mondiale dans la Békaa peine à démarrer, en raison de litiges fonciers non résolus. Le journal Al Sharq (24 avril 2025) rapporte que plusieurs compagnies libanaises partenaires du projet menacent de se retirer si les délais d’exécution ne sont pas prolongés.
En parallèle, l’Organisation libanaise pour la promotion de l’industrie (OLPI) a lancé un programme de mini-clusters industriels dans les régions périphériques. Ce programme, soutenu par des fonds européens, vise à créer 500 emplois directs d’ici la fin de l’année. Cependant, Nida’ Al Watan (24 avril 2025) souligne que sans réforme du système foncier et des procédures d’octroi de permis, ces initiatives resteront symboliques.