Dans la vieille Medina de Tripoli Mahmoud Charkas perpétue le métier de ses ancêtres maîtres savonniers depuis plus de deux siècles. Sa savonnerie occupe une partie de l’étage du Khan el Misryine. Son jeune fils Ahmad suit lui aussi les gestes de son père.
Le savon est toujours fait main avec patience et créativité. Le Khan fut construit au XIV siècle et consacré au commerce avec les égyptiens d’où son nom. Au milieu de sa petite cour, une fontaine égaie l’atmosphère sombre qui règne. Mais les parfums orientaux provenant de la savonnerie Charkas font toute la différence. Musc, ambre, rose, jasmin, parfum de la nuit … sont tous des senteurs qui évoquent un temps lointain.
Faite à base de l’huile d’olive, la pâte est colorée selon les parfums, étalée puis découpée en petits carrés. Dans l’atelier de Mahmoud Charkas, les morceaux de savon sont montés espacés en petites tours pour sécher pendant deux à trois mois. Mais le savon à forme sphérique et coloré rappelant les billes en verre est le plus attrayant. Il est connu comme étant le savon traditionnel de Tripoli que la mariée emportait dans son trousseau. C’est en pressant des chutes de savons, que Mahmoud leur donne cette forme sphérique. Ensuite à l’aide d’un couteau, il « épluche » les excès pour soigner sa forme et le polir.
Dans la vieille Medina de Tripoli, certains métiers artisanaux résistent au modernisme et les aléas de la vie dans la capitale du Liban Nord. Ils semblent cachés dans le labyrinthe des allées. Ils reflètent les traditions, les anciennes techniques ainsi que le savoir-faire et l’ingéniosité du maître artisan. Les produits artisanaux sont appréciés non seulement par les touristes mais par toute personne avide de culture et de découvertes. Car aujourd’hui la demande est pour ce qui est fait main avec passion et créativité. Deux choses que les machines n’ont pas.