Le Président de l’association des distributeurs d’essence Fadi Abu Shakra a annoncé la fin de l’importation de l’essence SP98 au Liban, indiquant que les stations essence actuelles ne font plus qu’écouler les stocks déjà existants provoquant d’importantes queues quand cela est le cas. De nombreuses stations essence indiquent déjà être en rupture de stock.
Ces propos, tenus sur les ondes de la chaine de télévision Al Jadeed, interviennent alors que les autorités libanaises ont fortement augmenté le prix des carburants en raison de l’épuisement prochain des réserves monétaires disponibles de la Banque du Liban qui servaient jusqu’à présent à financer le programme les subventionnant.
Fadi Abu Shakra indique que cette décision intervient en raison de la hausse importante du dollar face à la livre libanaise au marché noir, notant que l’augmentation des prix des carburants « signifie l’augmentation du coût de la vie et des prix de tous les produits sur le marché ».
Cette hausse devrait se poursuivre ces prochaines semaines, note le responsable syndical, confirmant les informations déjà publiées concernant la grille tarifaire de cette semaine.
Ainsi, le prix d’un gallon de 20 litres de super Sans plomb d’octane 98 passe désormais à 40 800 LL (+5000 LL), celui d’octane 95 à 39 800 LL (+5000 LL), le fioul à 27 400 LL (+ 3000).
Le prix du gaz est également revu à la hausse avec un prix affiché de 28 000 LL pour la bouteille de 10 litres (+2200 LL)
Pour rappel, le ministre sortant des finances Ghazi Wazni avait annoncé hier dans une interview accordée à Bloomberg que le prix des carburants pourrait également augmenter, via une réduction des subventions qui passeraient de 90% à 85% du prix après avoir constaté qu’une quantité identique d’essence a été acheté le mois dernier en dépit des mesures de confinement et d’interdiction de déplacement. Seules épargnées les subventions en faveur de la farine, des médicaments et de l’achat de fioul à destination des centrales électriques.
Selon les informations actuellement disponibles, la Banque du Liban dispose de 16 milliards de dollars de réserves de change, dont seulement 1 à 1,5 milliard de dollars disponibles, souligne le ministre. Ces réserves seraient ainsi en chute, diminuant de 14 milliards de dollars en l’espace d’une année seulement.
Ghazi Wazni avait également indiqué que “le Liban ne peut plus continuer avec le même rythme de subventions”, reconnait le ministre sans toutefois préciser les dates de la fin de ce programme. Ghazi Wazni indique toutefois que celui-ci couterait 500 millions de dollars par mois soit 6 milliards de dollars par an.
Il s’agira de réduire subventions alimentaires sur certains articles de rationaliser les autres subventions et d’augmenter progressivement les prix de l’essence pour préserver les réserves monétaires.
L’arrêt prochain du programme de subvention des réserves monétaires pourrait aggraver la chute de la monnaie nationale face au dollar, le Liban important l’essentiel de ses besoins et ne disposant pas de flux financiers entrant compensant ces importations et donc provoquant une hausse de la demande pour le dollar et alors que l’offre ne suit pas.
La Livre Libanaise a ainsi perdu près de 100% de sa valeur désormais, avec un taux de change qui est passé de 1507 LL/USD à désormais 15 000 LL/USD en l’espace de moins de 2 ans. Désormais, le salaire minimum représenterait moins de 2 USD par jour alors que le seuil de pauvreté est estimé à 6 USD par jour. 65% de la population vivrait sous ce seuil désormais et aucune amélioration des conditions sociales et économiques n’est pour l’heure envisageable.