Femmes de double Culture a organisé le 28 novembre 2017, à l’Institut du monde arabe à Paris, un colloque autour de la littérature féminine au XIXe siècle : « Comment écrire l’Histoire de la femme arabe aujourd’hui ».

L’association que madame Fatima Khawaja a fondé en 2003 à Paris, avec un objectif « sensibiliser les médias sur le rôle pionnier qu’a joué la femme arabe dans le passé », s’est engagée depuis 1994 à collecter des œuvres en voie de disparition ; Écrits de femmes, écrivaines ayant vécues dans le dix-neuvième siècle. Ces écrits montrent l’aspect culturel de l’époque, ainsi que l’implication de la femme dans la réforme de la société, son combat au quotidien et sa rébellion contre le voile qui la sépare de l’autre.

L’association par ce colloque réintroduit ces femmes dans le monde culturel à travers leurs productions littéraires qui montrent leur implication dans les questions sociétales de l’époque à travers leurs articles de presse ainsi que leurs écrits romanesques.

Madame Fatima Khawaja, Présidente de l’Association ouvre la session matinale par l’introduction des participants, spécialistes dans le domaine de la littérature féminine : docteur Mojab Al Zahrani, professeur d’université et actuel directeur de l’Institut du monde arabe. Docteur Khaled Ziadeh, directeur du Centre Arabe pour les études et les recherches, ancien ambassadeur du Liban au Caire (2008-2016), ex-professeur de sociologie à l’université libanaise. Docteur Boutros Hallaq, professeur de lettres et sciences humaines, agrégé d’arabe à l’université de la Sorbonne nouvelle Paris-III. Docteur Ezza Agha Malak, écrivaine, romancière, ancienne professeure à l’université libanaise. Docteur Mohamed Sayed Abdel-Tawab, professeur à l’université Zagazig au Caire et fondateur de la collection « Pionnières du roman arabe ». Monsieur Naïm Talhouq, chef de département au ministère de la culture et rédacteur en chef de la magazine « Affaires Culturelles » publication du ministère de la culture au Liban, et poète et écrivain de plusieurs recueils de poèmes. Madame Ilham Kallab, Docteur en histoire de l’art et archéologie de la Sorbonne, professeur à l’université libanaise et à l’université Saint Joseph à Beyrouth, et a dirigé le Centre International des sciences de l’Homme de l’Unesco à Byblos. Madame Carmen Boustani, docteur d’État ès – lettres de l’université Lyon 2, diplômée en sémiolinguistique de la Sorbonne-Nouvelle. Docteur Nabil Naaman, cardiologue, militant en faveur des droits de la femme, de la laïcité et de la francophonie. Docteur Amel Chaouati, psychologue, écrivaine et fondatrice de l’association « Le Cercle des Amis d’Assia Djebar ».

Naturellement, nous ne manquons pas de rappeler que depuis 2008, le ministère égyptien de la Culture, dans le but de restaurer « le passé culturel », procède à la réédition des romans publiés au dernier quart du XIXe siècle.

Après le mot de bienvenue prononcé par le responsable de l’IMA, M. Al Zahrani, le programme de la journée se déroule en trois temps :

1 – le rôle de la presse dans la diffusion de la littérature de la femme

10 : 00 – 12 : 00 Dr Mohammad Abdeltawab, « La Littérature Féminine renaît de ses cendres : Comment écrire l’Histoire de la Femme du dix-neuvième siècle aujourd’hu? » ; Dr Boutros Hallaq, « Le féminisme, libération ou auto libération » ; Mr Naïm Telhouq, La tendance de la Rébellion dans les mouvements littéraires féminins ; Dr. Mojab Al-Zahrani, « La princesse Omanaise Salima Bint Saïd , pionnière de l’écriture féminine arabe en langue étrangère » ; Dr Ezza Agha Malak, « L’écriture est-elle sexuée ? ».

2- Les écrivaines arabes : début du mouvement féministe

14 :30 – 16 :00 h Dr Ilham Kallab, « Journalistes et Écrivaines dans la deuxième moitié du dix- neuvième siècle » ; Dr Carmen Boustani, « Analyse sémiotique de Ramza, la fille de harem, libre et entravée » ; Dr Khaled Ziadeh, « Qu’est-t– il changé dans l’écriture de la femme ? ».

3- L’impact de l’écriture féminine de l’époque sur la « Question de la femme »

16 :15 à 17 : 00 Table Ronde animée par Madame Fatima Khawaja, docteur Amel Chaouati, docteur Carmen Boustani, docteur Ezza Agha Malak, docteur Ilham Kallab, docteur Nabil Naaman, et docteur Nadim Mourad, ancien professeur et ancien chef de département de langue et littérature française à l’université libanaise.

Les actes du colloque

Sous le titre « Les pionnières du roman arabe : question de renaissance, question de tristesse », un panel d’écrivaines a été cité par Dr Abdeltawab telles que ‘Aicha El Taymouria, Zineb Fawaz, Labiba Hachem, Malak Hefni nasef, May Ziadé, Bint al Chati, et d’autres.

Des sujets tels que l’éducation des filles, leurs formations à travers la culture masculine, l’infanticide des filles qui se transformait en infanticide du sexe féminin en général, l’esclavage par le harem, le désir, le plaisir, le corps en tant qu’objet sexuel, ont été évoqués.

La feuille du docteur s’est également interrogée sur les tournants fondamentaux dans la relation des femmes à l’écriture et leur transformation d’un sujet phonétique à un sujet actif.

L’intervention du docteur Hallaq a choisi de lier hier à aujourd’hui en relatant le parcours d’Ahmad Faris Chidyaq et son rôle dans le développement d’une société de lectrices. Il s’interrogeait sur l’absence ou plutôt la disparition des combattantes libanaises et palestiniennes du combat d’aujourd’hui : Comment peut-on parler du féminisme et du statut de la femme quand celui-ci est régi par la législation religieuse ?

En ce qui concerne monsieur Talhouq, il s’est arrêté sur la tendance de révolte dans les écrits féminins en citant des noms comme Sukina bint El Husayn, ‘Anbara Salam, Salma Sayegh, Najla Kfouri, Ibtihaj Qaddoura, Hind Nawfal et bien d’autres, pour conclure que la littérature met l’homme et la femme dans la même balance.

La communication de madame Ezza Agha Malak portait sur la nature du cerveau humain :

« Est – ce que le cerveau est sexué ? », une question qu’elle voulait poignante.

Sous le titre « Langage de la mémoire, langage du Corps » docteur Zahrani, professeur à l’université de Riyad, romancier, critique littéraire, conteur et actuel directeur de l’Institut du monde arabe, met en scène la relation de Salima bint Saïd à l’écriture précoce. Elle est fille d’un sultan, vit dans un lieu bien gardé, tombe amoureuse d’un commerçant allemand de passage à Oman. Elle s’enfuit avec l’étranger pour adopter un mode de vie étranger au sien, sans pouvoir jamais retourner au chevet de son père mourant. Dans ses mémoires publiées en 1886 en langue allemande, elle avoue une bonne et belle partie de vie, critique les deux sociétés arabe et allemande, en faisant partager avec le lecteur son monde intime, propre à elle. La nudité de la « chair » fait découvrir un mode d’écriture nouveau. Par ses écrits Salima bint Saïd ose parler d’un sujet tabou « le langage du corps », s’inscrivant ainsi dans un monde de transformation de la société, passant de la tradition à la modernité.

La deuxième séance continue avec docteur Carmen Boustani. Docteur en sémiologie, professeure d’université au Liban ainsi qu’en France, elle débute son discours par une introduction historique sur le harem et s’arrête sur la personnalité de Ramza : fille du harem, roman d’Out – el- Kouloub (Qut Al Qulub Al Dimirdach). Le harem est une histoire de sexe et de genre.

Madame Ilham Kallab, professeure d’université au Liban, s’est arrêtée sur les figures de la presse féminine. À travers une projection sur écran, elle raconte le parcours de quelques femmes, pionnières de la presse féminine, figures éminentes de la société des écrivaines de l’époque autrefois florissante.

Cette manifestation culturelle se clôture sur un vif débat sur l’amour, le sexe, le corps, et se termine sur un fond de musique andalouse et des vers sur l’exil.


Fatima KHAWAJA

Doctorat 3ème cycle de l’université libanaise, DEA de lettres modernes de la Sorbonne, ex-professeur langues, littérature et civilisation islamique à l’université de Nouakchott. Electrice linguistique au centre des études de l’Union arabe à Beyrouth, traductrice des ouvrages en France. Membre au bureau exécutif du 1er ministre Sheikh R. Hariri.

Présidente de l’association Femmes de double Culture, fondée en 2003 dans les Hauts de Seine. Une association culturelle, son objectif majeur est de mettre en place des projets socioculturels et éducatifs, dans le but d’un éveil collectif sur le rôle de la femme dans le monde arabe, par la collecte des écrits féminins, et le développement des enfants par le biais de la lecture (collecte des livres d’enfants).

Participe activement aux différents forums dans la région de Paris. Sensible au sujet des droits des femmes et surtout le statut social politique et juridique qui conditionne sa place au sein de la société.

Intéressée également de la place de l’enfant dans la société de demain, dans ce but, elle cherche à améliorer ses conditions de vie au sein de la structure éducative et familiale. Un projet qui lui tient à cœur c’est de créer une « école moderne » pour mettre en application les nouvelles méthodologies d’éducation.

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