Le Jour International de l’Eau, célébré le 22 mars de chaque année, est une occasion de réfléchir à l’importance vitale de l’eau douce et de plaider pour la gestion durable de cette ressource précieuse. Cette année, l’Union Européenne et ses États membres soulignent leur soutien au Liban, un pays qui fait face à des défis environnementaux et à une crise de l’eau exacerbée par des décennies de gestion insuffisante, de conflits et de changements climatiques. Il s’agit aussi d’une occasion pour faire le point sur la situation actuelle du pays des cèdres.

Le Liban, connu pour ses paysages montagneux et ses rivières, traverse une crise environnementale profonde, impactant directement la disponibilité de l’eau pour ses habitants. La situation est alarmante : selon les données disponibles jusqu’en avril 2023, le pays souffre d’une combinaison de problèmes liés à la fois à la sur-utilisation des ressources aquatiques et à un manque d’infrastructure adéquate pour le traitement et la distribution de l’eau.

Réseaux de Distribution et Pertes

Un des problèmes majeurs réside dans les réseaux de distribution d’eau. Une grande partie de l’infrastructure hydraulique du Liban est vétuste et inefficace, entraînant des pertes d’eau considérables avant même qu’elle n’atteigne les consommateurs. Il est estimé que jusqu’à 50% de l’eau destinée à la distribution domestique est perdue à cause de fuites et de branchements illégaux. Cette situation est aggravée par le manque de maintenance dû à des ressources financières insuffisantes et à une gestion parfois défaillante.

Unités de Traitement des Eaux

Le traitement des eaux usées est une autre faiblesse du système environnemental libanais. Un faible pourcentage des eaux usées, de l’ordre de 9% seulement, est correctement traité avant d’être rejeté dans la nature, ce qui pose de graves problèmes de pollution. Les installations existantes sont souvent débordées et ne peuvent pas faire face à la demande croissante, résultant en une contamination significative des cours d’eau et des nappes phréatiques.

Les installations de traitement des eaux usées existantes sont souvent débordées ou en état de délabrement, ce qui signifie qu’une grande partie des eaux usées est rejetée sans traitement adéquat. Ceci, combiné à la surutilisation de pesticides et à la gestion inadéquate des déchets industriels, augmente la pollution de l’eau et peut contribuer à une augmentation des taux de cancer parmi la population.

Bien qu’il soit difficile de lier par exemple la pollution de l’eau à une augmentation spécifique des cas de cancer sans études épidémiologiques ciblées, la présence de contaminants connus pour leurs propriétés carcinogènes dans l’eau souligne un risque potentiel important.

Impact du Changement Climatique

Le changement climatique exacerbe ces problèmes en rendant les précipitations plus irrégulières et en augmentant les périodes de sécheresse. Les scientifiques prévoient que dans les années à venir, le Liban sera confronté à une diminution des ressources en eau disponibles, affectant tant l’approvisionnement en eau potable que l’irrigation pour l’agriculture, secteur clé de l’économie libanaise.

1. Diminution des précipitations et de la couverture neigeuse:

Les modèles climatiques prévoient une diminution des précipitations et une augmentation des températures pour la région du Moyen-Orient, y compris le Liban. Cette diminution de l’eau de pluie, couplée à une évaporation plus rapide due aux températures élevées, réduira la recharge des aquifères et des rivières, limitant ainsi les ressources en eau douce disponibles pour l’irrigation, la consommation humaine, et les usages industriels. Par exemple:

  • La diminution des précipitations, en particulier dans les régions montagneuses où la neige est vitale pour l’approvisionnement en eau, est attendue.
  • Une réduction de 50% de la couverture neigeuse est prévue dans la région du Nahr Ibrahim avec une augmentation de 2°C.

2. Augmentation de la température:

  • La hausse des températures entraînera une augmentation de l’évapotranspiration, réduisant ainsi la quantité d’eau disponible.
  • La qualité de l’eau pourrait également être affectée par la prolifération d’algues et de bactéries potentiellement toxiques.

3. Sécheresses plus fréquentes et intenses:

Le changement climatique est susceptible d’augmenter la fréquence et l’intensité des périodes de sécheresse au Liban. Les sécheresses prolongées peuvent avoir des conséquences dévastatrices sur l’agriculture, essentielle pour l’économie du pays et la sécurité alimentaire de sa population. Le stress hydrique accru met également en péril l’accès à l’eau potable, particulièrement dans les zones urbaines densément peuplées et les communautés rurales dépendantes des sources d’eau locales.

4. Intrusion d’eau salée:

La baisse du niveau des nappes phréatiques et l’augmentation du niveau de la mer pourraient entraîner une intrusion d’eau salée dans les aquifères côtiers, les rendant impropres à la consommation.

5. Inondations et glissements de terrain:

Des précipitations plus intenses, bien que moins fréquentes, pourraient causer des inondations et des glissements de terrain, endommageant les infrastructures hydrauliques et perturbant l’accès à l’eau potable.

Newsdesk Libnanews
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