Il semblerait que, quoi qu’il se passe, l’élection de Nabih Berri à la tête du parlement soit inéluctable. Nous ne trouvons en effet aucun candidat chiite alternatif et même en l’absence de quorum, il finira par être élu au 3ème tour avec une majorité relative en raison des procédures actuelles.

Une élection au 3ème tour amènera donc fatalement Nabih Berri à être élu à un nombre de voix inférieur à 64 députés, avec les voix notamment du mouvement Amal, le sien, du Hezbollah mais également du PSP qui abandonnera ainsi pour la première fois la coalition menée par les Forces Libanaises au nom de l’amitié historique qui lie Joumblatt avec Berri.

Nabih Berri sera mis en difficulté certes, mais se posera aussi la question de sa légitimité tout au long de ce nouveau mandat.
Des interrogations demeurent sur la participation ou non du CPL et des négociations seraient menées en coulisse pour l’obtention en échange du poste de vice-président du parlement, un siège également revendiqué depuis hier par les Forces Libanaises pour Ghassan Habsani

Parfois, il faut savoir perdre une bataille déjà perdue d’avance pour gagner une guerre et cela est le cas actuellement. Le siège de vice-président est beaucoup moins important, à moins d’un évènement genre maladie ou décès de Nabih Berri au cours de son mandat.
Cependant, des échéances plus importantes sont devant nous. Il s’agit de nommer un nouveau premier ministre et un gouvernement d’ici octobre, qui devra gérer les affaires courantes jusqu’à l’élection d’un nouveau président de la république après le mois d’octobre.

Vue la configuration actuelle du parlement, ce vide à Baabda risque de se prolonger alors que plusieurs dossiers cruciaux liés à la situation économique sont déjà au calendrier, faisant que ce gouvernement devrait être aux commandes du pays pour une plus longue période.
Peut-être et probablement plus évidemment, il s’agit non pas de négocier pour devenir vice-président mais plutôt obtenir des concessions plus importantes de la part de Nabih Berri, comme simplement le ministère des finances au sein du gouvernement à venir et dont le rôle dans plusieurs dossiers est essentiel, à savoir, la nomination de différents responsables des administrations publiques et la plus importante, la succession nécessaire à Riad Salamé à la tête de la Banque du Liban – une question qui ne se pose même plus – , la restructuration du système financier et bancaire, la nomination de nouveaux juges qui seront en charge de plusieurs enquêtes concernant la corruption ou encore le déblocage des enquêtes de l’explosion du port de Beyrouth et des détournements de fonds publics pour ne pas oublier la conclusion d’un accord final avec le FMI en vue de sortir le Liban de la crise qu’il traverse actuelle… Et beaucoup d’autres choses en plus…

Ce poste est donc beaucoup plus stratégique que celui de la vice-présidence du conseil et écarter un candidat nommé par Nabih Berri à ce poste comme compromis pourrait être un avantage indéniable pour la suite, d’autant plus que cette alternative existe aujourd’hui et non demain.

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