Symbole d’innovation et de prestige, le Concorde fut l’objet de convoitises de nombreuses compagnies aériennes à travers le monde. Parmi elles, la Middle East Airlines (MEA), la compagnie nationale du Liban, qui, à un moment de son histoire, a envisagé de rejoindre le cercle très fermé des opérateurs de cet avion supersonique.

En effet, à la fin des années 1960, le Liban, sous l’égide de la MEA, a exprimé son intérêt pour l’acquisition du Concorde. Cette décision était mue par le désir de relier Beyrouth, la “Suisse du Moyen-Orient”, aux capitales mondiales en un temps record, consolidant ainsi sa position de carrefour culturel et financier. La commande initiale concernait 2 appareils, un engagement audacieux qui plaçait la MEA parmi les pionniers de l’ère supersonique.

Cette commande était d’autant plus importante que le 28 décembre 1968, l’aéroport international de Beyrouth a été la cible d’un raid israélien qui a entraîné la destruction d’une partie significative de la flotte de la Middle East Airlines (MEA). Ce jour-là, plusieurs avions commerciaux stationnés à l’aéroport ont été détruits ou gravement endommagés, ce qui a porté un coup sévère à la MEA et à l’infrastructure aérienne civile du Liban.

Concernant la réaction du Général Charles de Gaulle, président de la République Française à l’époque, il convient de noter que de Gaulle était connu pour sa politique étrangère indépendante et sa volonté de maintenir une certaine distance avec les blocs de puissance de la Guerre Froide. Sous sa présidence, la France a adopté une approche plus critique à l’égard de la politique israélienne dans la région, notamment après la Guerre des Six Jours en 1967, où il a imposé un embargo sur les ventes d’armes à Israël. Le Liban, d’une certaine manière, récompensait ainsi la France pour son appui.

Un appareil se posera au Liban sous les couleurs de la MEA le 17 juillet 1973 dans une tentative de relancer la commande en difficulté. Il s’agissait alors d’un vol test entre la France et le Liban

Des Rêves Brûlés par les Réalités

Cependant, l’ambition de la MEA de faire partie de l’élite des compagnies aériennes exploitant le Concorde se heurta rapidement à plusieurs obstacles. Si le premier exemplaire devait être livré en 1971, il n’en sera rien.

En effet, les défis économiques, avec le coût exorbitant lié à l’achat, l’entretien et l’opération d’un tel avion, n’étaient pas alignés avec la réalité financière de la compagnie et de la région à l’époque. D’autre par, des difficultés techniques et notamment le fait de ne pas pouvoir survoler le bassin Méditerranée à vitesse supersonique amenaient à des interrogations sur la viabilité commerciale de l’appareil face à des concurrents moins performants mais capable de transporter plus de passagers.

L’Annulation Inévitable

Face à ces défis insurmontables, la commande de Concorde par la MEA fut finalement annulée en février 1973. Cette décision, bien que difficile, était inévitable compte tenu de l’ampleur des obstacles financiers et politiques. La compagnie finira par plutôt commander des Boeing 747. L’annulation a marqué la fin d’un rêve pour la MEA, qui aurait pu révolutionner le transport aérien dans la région et offrir une liaison ultra-rapide entre le Moyen-Orient et le reste du monde.

Un Concorde finira par atterrir à nouveau au Liban dans les années 1990

Dans les années 1990, PepsiCo a décidé de lancer une campagne publicitaire pour promouvoir sa marque de soda. L’un des coups d’éclat de cette campagne fut l’affrètement d’un Concorde, l’avion de ligne supersonique franco-britannique, symbole de vitesse, de luxe et d’innovation. Pepsi avait conclu un accord pour peindre l’avion dans les couleurs de la marque, un bleu vif avec le logo Pepsi clairement affiché sur le fuselage et les ailes, une première pour un avion de cette envergure.

L’atterrissage du Concorde Pepsi au Liban fut l’un des points culminants de la campagne. Choisi pour son emplacement stratégique et son importance culturelle au Moyen-Orient, le Liban était à cette époque en pleine reconstruction après les années de guerre civile. L’arrivée de l’avion à l’Aéroport International de Beyrouth fut un événement médiatique majeur, attirant l’attention des médias locaux et internationaux.

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