Les gens savent aujourd’hui, après les galères et les humiliations de ces derniers mois, que leurs épargnes n’ont pas été emportées par des loups errants, ni happées par des génies malfaisants ou je ne sais quels extraterrestres à l’intelligence extrême mais bel et bien  vaporisées, en partie, par ceux qui ont reçu ces dépôts en mains propres et, en partie, par ceux qui ont, depuis trois décennies, creusé des gouffres budgétaires, dilapidé et détourné les deniers publics.

Si la révolte scandait les procédures illégales mises en œuvre par les premiers et ce, jusqu’à ce qu’ ’ils se plient à l’arbitrage de la justice, et débloquent les comptes séquestrés, elle ne taira ,en aucun cas, les malversations de la classe politique jusqu’à ce que celle-ci restitue l´argent dérobé et accepte le rapatriement des fonds transférés à l´étranger depuis, au moins, la date emblématique du 19 octobre. 

La justice Libanaise, le gouvernement et les instances publiques savent pertinemment bien que, sans la restitution de ces fonds, le Pays se plongera inexorablement dans un chaos politico-sécuritaire susceptible de le mettre à genoux face au ´complot du siècle´  et face à son inaliénable attachement à sa souveraineté ; à ses droits territoriaux, ses ressources hydrauliques et ses potentiels gisements en hydrocarbures.

Je comprends parfaitement que le plan de redressement  adopté par le gouvernement  puisse nécessiter quelques remaniements ou quelques modifications qui ,  proposées  de bonne foi et de manière constructive pourraient contribuer à améliorer son efficacité . Mais que des critiques fusent de toutes directions dans le seul but de saboter l’initiative gouvernementale n’est pas innocent, surtout lorsque celles-ci émanent du secteur bancaire dont le “gouverneur” se plaint de ne pas avoir été consulté alors qu’il était jusqu’ici réticent à soumettre les comptes et les chiffres nécessaires à l’élaboration de ladite réforme.

Ainsi le gouverneur de la banque centrale s’estime lésé, fâché même, d´avoir été écarté de ces consultations ! Mais que pèserait son mécontentement face à la furie populaire et à la rage de tous ceux qui , suite à ses incessantes promesses et assurances concernant leurs épargnes et sa confiance absolue  maintes fois affichée  à chaque fois que se posait la question  de la stabilité et le maintien de la livre, lui ont fait entière confiance  , alors qu´il les a complètement déçus  aujourd´hui et  abandonnés seuls face à leur déboire !!!

Afin de décourager toute ingérence du Ministère des Finances et décidé, à saboter toute tentative gouvernementale susceptible de redresser la politique monétaire qu´il considère de son seul ressort , M. Riad Salamé, se barricade derrière la loi  régissant le code de la Monnaie et du Crédit pour  tirer à boulets rouges contre toute réforme de celle-ci.

N’est-il point légitime, et les gens ont parfaitement le droit, de demander à  monsieur le  gouverneur, lui, le  garant de leurs économies, s’il a vraiment agi conformément à la loi de la Monnaie et du Crédit  lorsqu’il a minimisé  et tourné en dérision  l’ampleur du cours de change parallèle qui ne  représentait, d’après ses dires,  qu’un insignifiant 2% du marché de change ? Mais lorsqu’il a voulu se rattraper peu de temps après, toutes ses vaines tentatives sont tombées les unes après les autres , telles les feuilles d´automne … comme si une force occulte était plus puissante que l´Etat, la BDL et toutes les banques réunis ! 

Monsieur Salamé, piqué par le virus de l´ambition présidentielle ,semble avoir mis cette loi en veilleuse , lorsqu’il s´est servi des  réserves de la banque , les avoirs des dépositaires, pour étendre les crédits subventionnés  à des politiciens, journalistes et autres leaders de milices  etc. ..et ce au détriment des classes moyennes et populaires . Idem pour les crédits à l´habitation dont bon nombre aurait fait scandale il n´y a pas si longtemps !

Cette loi n´a-t-elle pas été bafoué une fois encore, lorsque Monsieur le gouverneur, maintes fois célébré et maintes fois acclamé par les instances internationales du secteur bancaire, s´est ingénué à créer des outils de financement, les fameuses ingénieries financières, qui ,pour renflouer le déficit longtemps dissimulé ,a donné,  de facto, un sacré coup de pouce aux banquiers  dont la gestion calamiteuse s’est vu gratifiée de profits inespérés totalisant plus de 10 milliards de dollars!

Quid des centaines d´employés recrutés à grand frais au sein de la BDL en vue de satisfaire les gens du pouvoir et des politiciens qui, à leur tour, ont pulvérisé le secteur public, à la veille des élections, de 5500 nouveaux fonctionnaires dont l’ État n´en savait quoi faire sauf leur payer d´une trésorerie défaillante et agonisante !

Et qu’en-est-il du dysfonctionnement du “Comité Central”, de la paralysie de la “Commission de  Contrôle des Banques” et du gel du département  spécial des investigations. Tout ce là aurait été finalement supplanté par des directives générales émanant de la seule autorité du gouverneur !  

L’article 70 du Code de la Monnaie et du Crédit tel que modifié par la loi promulguée par le Décret No 6102 du 5 octobre 1973 définit la mission de la BDL par la sauvegarde de la monnaie, afin d’assurer la base d’un développement économique et social continu. La mission de la Banque comprend en particulier ce qui suit :

  • La sauvegarde de la solidité de la monnaie libanaise.
  • La sauvegarde de la stabilité économique.
  • La sauvegarde du caractère sain du système bancaire.
  • Le développement du marché monétaire et financier.
  • Elle exerce à cet effet les pouvoirs qui lui sont conférés par la présente loi.

Le bilan que nous découvre la triste réalité ne nous permet guère de nourrir de doutes ni a fortiori d’avoir l’esprit rasséréné ; La BDL , incarnée en la personne de Riad Salamé , a  bel et bien exercé cette dernière prérogative mais a lamentablement échoué  dans toutes les autres missions !!!

RABIH MOUJAES

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