Le martyr Abd al- Kader al-Husseini est considéré comme le chef du mouvement national palestinien qui a été formé pour lutter contre l’occupation britannique et sioniste de la Palestine au début du XXe siècle. La biographie de ce héros témoigne  de nombreux sacrifices et d’exploits exceptionnels, et il est devenu, grâce à son courage, le symbole de la résistance et de la libération.  Abd al- Kader  est le modèle de l’intellectuel qui s’engage pleinement dans la vie politique et militaire pour libérer son pays même si cet engagement lui coûte très cher ,  Il est aussi  le combattant qui n’abandonne jamais  malgré  la puissance de ses adversaires.

Abd al-Kader al-Husseini est né à Jérusalem vers 1908, il est issu d’une famille bien connue, son père est Moussa kazem al -Husseini, le maire de Jérusalem et l’un des combattants les plus éminents contre le mandat britannique. Son oncle est Amine al-Husseini, le  célèbre mufti de la Palestine, qui a voyagé en Allemagne pour demander l’aide du troisième Reich pour libérer son pays de la colonisation sioniste.  Dans son livre Notre pays Palestine, le chroniqueur Mustafa Murad al-Dabbagh assure que  la famille (al-Husseini)  est considérée comme l’une des meilleures familles du monde arabe, et d’elle  ont émergé des érudits, des muftis, des administrateurs et des politiciens. Pendant la période du mandat britannique, cette famille glorieuse a dirigé les mouvements nationaux dans tout le  pays. En outre, la famille al- Husseini possède une grande richesse économique qui consiste en de vastes superficies de terres à Jéricho et Ramallah ce qui  a renforcé énormément  sa position sociale et politique.

Dans cette ambiance culturelle et politique Abd al-kader  a grandi. Il  était un enfant particulièrement  brillant, il a mémorisé très tôt le  Saint Coran, puis il a rejoint l’école  de Rawdat Al Maaref pour faire ses études primaires. Il est inscrit  ensuite au lycée sioniste  anglais pour continuer ses études secondaires, mais  cet établissement  ne lui a inspiré  que de la rancune et de la haine pour l’occupation. Il avait l’habitude de dire: “J’ai appris à l’école de Zion à haïr les Anglais.”

Durant cette période critique de l’histoire palestinienne, il participa activement aux protestations contre la colonisation britannique. Il déménagea  ensuite  à Beyrouth pour continuer ses études supérieures à l’Université américaine mais il avait été expulsé en raison de son activité politique. Il  rejoignit ensuite  l’Université américaine du Caire où il étudia la  chimie. Le bilan de ses années en Égypte était plein d’activités politiques et de propagande afin de  rassembler des partisans autour de la cause palestinienne. Lors de la cérémonie de remise des diplômes de fin d’étude, Abd al-Kader   prononça un discours fort  dans lequel il accusa  l’université  américaine de diffuser des idées  toxiques  et colonialistes qui empoisonnent  l’esprit des étudiants ; et il demanda au gouvernement égyptien de la fermer. Par conséquent, l’Université décida de retirer son diplôme, mais  l’association des étudiants musulmans qu’Al-Husseini avait fondée et dirigée organisa une grande protestation pour le défendre. Le gouvernement égyptien d’Ismail Sidqi finit par  l’expulser d’Egypte. Alors, il  retourna, la tête haute,  à Jérusalem en 1932,  portant le diplôme dont on voulait le priver.

Abdel Qader al-Houssayni était un chef militaire hors pair, il était  connu partout pour son courage et son héroïsme. Il organisa l’armée de djihad sacré pour lutter contre les gangs sionistes et il  mena lui-même de nombreuses batailles contre l’occupation britannique de la Palestine et les troupeaux de colons sionistes. Il  créa aussi une station de radio pour la résistance palestinienne à Birzeit  afin de  détecter les nouvelles des ennemis et les transmettre secrètement  aux révolutionnaires.

En 1936, Al-Husseini   participa à la grande révolution arabe  dans laquelle les palestiniens  revendiquaient la fin du mandat britannique, la création d’un État arabe indépendant et la fin de l’immigration juive sioniste. La même année, il lança une bombe sur le domicile du Secrétaire général du gouvernement palestinien, suivie d’une autre bombe contre le Haut-Commissaire britannique,  et il participe aux attaques régulières contre  les moyens de transport  anglais. Ces manœuvres se poursuivirent ardemment  jusqu’en 1939, date à laquelle la résistance contre les Britanniques atteignit son comble lors de la célèbre bataille des verts, dans laquelle  abd  Al-Kader fut blessé sérieusement. Malgré  ses plaies, il participa à d’autres combats et il fut capturé par les Anglais mais il réussit à s’enfuir en Irak  où il  participa au coup d’État mené par des officiers nationalistes du Carré d’Or. Après l’échec du coup d’État de Rachid Gaylani, il gagna l’Égypte de nouveau  en 1946.

En 1948, les  juifs sionistes occupèrent le village d’Al-Qastal, situé à l’ouest de Jérusalem, dans une zone importante. Ce village a un emplacement stratégique  et constitue une porte d’entrée vers Jérusalem et une cible pour les gangs sionistes. Abd al-Kader  décida  alors  d’aller  à la Ligue arabe à Damas  pour rencontrer le Comité supérieur arabe pour la Palestine afin de demander des armes pour défendre al-Qastal. Malheureusement, le comité  essaya de le décourager, et refusa obstinément de le soutenir avec des armes.  Abd al-Kader, furieux, accusa alors les arabes  de trahison en disant : «l’histoire vous reprochera la perte la Palestine, et je préfère  mourir  mille fois à Qastal avant de voir votre négligence et votre complicité.» Puis, il retourna en Palestine pour participer à la célèbre bataille d’al- Qastal, dans laquelle il persista bravement jusqu’à ce qu’il tombe en martyr en avril 1948. Lors de la mort d’Abd al- Kader, on  retrouve dans sa poche un petit exemplaire du Coran que sa femme a placé elle-même dans la poche de son mari en lui disant : «il te protègera, ce sera ton talisman». La mort d’Abd al-Kader al-Husseini a eu un effet négatif sur le moral de tout le peuple palestinien et sur la cohésion du front intérieur parce que  les  gens  ont compté  beaucoup  sur son armée pour libérer le pays de l’occupation.

Personnage fascinant et figure historique, Abd al- Kader a inspiré plusieurs écrivains. Dans son roman mon amour premier, l’auteure palestinienne  Sahar khalifé  revient dans les années quarante du siècle dernier pour raconter l’histoire de la  Palestine.  Elle retrace l’histoire de la bataille célèbre  al-Qastal et peint avec délicatesse les actions héroïques d’Abd al-Kader et de ses amis. Elle dit qu’elle avait choisi Abd al-Kader  comme personnage romanesque pour  montrer que le peuple palestinien possède des dirigeants dignes de fierté. Le martyr al-Husseini, selon l’auteure,  n’a pas eu l’attention qu’il mérite dans la conscience populaire arabe, et c’est pourquoi son roman réécrit  sa biographie et remet en considération ses positions politiques qui représentent des souvenirs lumineux dans la mémoire palestinienne.  Egalement, Gilbert Sinoué, l’auteur français d’origine libanaise, raconte  dans  son roman le souffle de Jasmin l’histoire du Moyen- Orient et  relate le parcours héroïque d’Abd el Kader en louant ses qualités de meneur de combats. 

Abd al kader est un grand homme et une figure emblématique de la résistance. Son souvenir  échappera à la mort et restera vivant  dans l’histoire de Palestine, et sa gloire dépassera les frontières de l’espace et du temps pour survivre des décennies après sa mort. Toutes  les actions de ce héros témoignent de son audace et de son engagement. Heureusement, la Palestine regorge d’hommes lucides et  forts comme Abd el Kader et sera libérée grâce à leur bravoure ; C’est pourquoi, nous avons une confiance absolue que la terre sainte reviendra à ses vrais propriétaires. 

Salwa Dbouk

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