Liban/Crise: Des pneus incendiés devant plusieurs banques à Badaro et devant le domicile du président de l’ABL

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Des manifestants ont incendié des pneus devant les succursales de la banque Audi et de la Fransabank, de la Byblos Bank, du Crédit Bancaire et de la BBAC à Badaro, dans la banlieue proche de Beyrouth. Ils entendent ainsi protester contre ces établissements impliqués dans différents scandales judiciaires. Les pompiers de la ville de Beyrouth qui sont intervenus sur les lieux ont indiqué avoir éteints les feux.

Une opération similaire a eu lieu devant le domicile du président de l’ABL, Salim Sfeir, situé à Sin el Fil.

Pour rappel, la Fransabank a été condamnée devant la cour de cassation, suite à une plainte de 2 déposants, à devoir verser l’intégralité des sommes des comptes en devise d’origine. Les banques avaient alors répliqué, il y a 2 semaines, en déclarant une grève générale, paralysant ainsi encore plus le système financier dont l’activité avait été fortement impacté par la mise en place d’un contrôle informel des capitaux dès novembre 2019.

Quant à la Banque Audi, elle fait l’objet d’une inculpation pour détournement de fonds tout comme son président Samir Hanna et son vice-président Tamar Ghazaleh, dans le cadre de l’affaire Riad Salamé. Le gouverneur de la Banque du Liban aurait ainsi bénéficié de rétro-commissions via la société Forry Associates Ltd. appartenant à son frère Raja, payées par les principales banques du pays dont la Banque Audi.

Par ailleurs, la fermeture des établissements bancaires pourrait être induite par une nouvelle crise de liquidité, notent les experts qui estiment qu’une mise en faillite de ces derniers n’est pas à exclure. Cette-ci avait été écartée depuis 4 ans par diverses mesures à l’encontre des intérêts des déposants avec l’utilisation de taux de change multiples par exemple impliquant une décôte des fonds déposés.

Cette nouvelle situation pourrait cependant amener les banques à décider dans les heures à venir, la fermeture et l’interruption totale de leurs activités. Si cette décision est prise par l’Association des Banques du Liban, elle pourrait amener à une interruption des importations ou encore à une hausse insensée de la parité du dollar face à la livre libanaise.

Face à ces menaces déjà évoquées la semaine dernière, les banques et leurs dirigeants exigeant de jouir d’une immunité face aux procédures judiciaires, les associations de déposants avaient, de leur côté évoqué, une mise sous séquestre judiciaire afin de permettre la poursuite des activités des banques. Cependant, il est nécessaire de rappeler que 46% des actions des banques appartiennent à des hommes politiques dont le premier ministre lui-même Najib Mikati.

Les banques ont ainsi réussi à bloquer toute tentative visant à répartir de manière équitable les pertes du secteur bancaire, les reportant sur les petits et moyens déposants et souhaitant les faire également reporter sur l’état et la Banque du Liban comme le stipule le plan présenté par l’ABL. Cependant, cette manoeuvre est dénoncée d’une part par les associations de déposants sur le plan local mais aussi par le FMI.

Les perspectives d’une conclusion d’un accord final avec l’organisation internationale se sont désormais éloignées, en raison du refus des autorités libanaises à restructurer à la fois la dette mais aussi le secteur bancaire alors que le plan du précédent gouvernement, le plan Diab Lazard, auquel avait justement collaboré le FMI et d’autres institutions, prévoyait un bail-in de nouveaux actionnaires et un bail-out des anciens actionnaires afin de sauvegarder l’intégralité des dépôts des petits et moyens déposants.

Cette information intervient alors que la livre libanaise a passé le seuil des 80 000 LL/USD au marché noir, amenant de facto à une perte de 98% par rapport à son taux de change par rapport au dollar, il y a 4 ans. 85% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté et plus d’un tiers en insécurité alimentaire.

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