Une guerre civile, au Liban, une fois a éclaté, et dans ses filets nous a accrochés et dans son cours nous a engagés. 

On s’est entretués ! La honte ! 

Et moi, jeune, je suis devenu guerrier, j’ai combattu et j’ai porté les armes, j’ai lancé des bombes, des légères et des très lourdes, j’ai tiré partout et n’importe où et j’ai peut être aussi tué. Enragé je l’étais, violent je le devenais, âpre et agressif je me révélais, désespéré oui également!

Dans un courant de passions violentes, négatives et tristes, je me suis laissé emporter,  emporté volontairement et peut être aussi involontairement, sans prendre du recul, ni peser le pour et le contre. J’étais présomptueux et aujourd’hui je n’en suis pas glorieux. 

J’ai fait la guerre, oui, aussi bien à mon ennemi, qu’à mon frère, qu’à mon cousin, qu’à mon voisin, qu’à mon compatriote, Je suis parti en guerre contre l’humanité ! 

J’étais fort, j’ai lutté et je me suis défendu avec hardiesse et arrogance. Mon cœur s’est endurci. Il a  détruit une à une toutes mes émotions et toutes mes compassions. J’ai perdu mes repères, j’ai déraillé. J’ai détesté, oui et de toutes mes forces et sans savoir pourquoi. J’ai détesté jusqu’à chavirer dans la cruauté et l’inhumanité.

J’étais dur mais en même temps enragé, je me suis abandonné dans le jeu d’une guerre ignoble, déshonorante. J’ai survécu, c’est vrai mais avec un remord épouvantable, et un sentiment d’annihilisme qui a envahi mon être dans sa totalité.

Je voulais être déterminé, courageux, méritant, mais j’étais aveuglé par mon engouement, ensorcelé par mon fanatisme et naïvement confiant dans la victoire. Une victoire que je croyais possible, à portée de mains. Je voulais tout prétentieusement la crier à l’avance mais elle m’a échappée et elle n’a jamais surgi, jamais! 

Brave, je me sentais, mais Imprudent je l’étais. J’ai failli tomber, j’ai vu la mort de très près. Imprudent, j’ai failli gratuitement et facilement donner ma vie si précieuse aux diables affamés  pour assouvir leur gloutonnerie ! Eh oui, je le reconnais et je n’en suis pas fier.

Je me suis senti haï, alors j’ai haï à mon tour. Ma réaction je l’ai subie et le discernement me manquait. Prisonnier, je suis resté dans l’ignorance et dans l’obscurantisme. Mon état d’esprit, dans la confusion totale, je ne le maîtrisais plus. 

J’ai vu ma plus belle histoire d’amour naître dans un abri sous terre, sous les bombardements assourdissants, avec des blessés et des enfants apeurés. Dans l’appréhension et dans le manque de perspective et de confiance dans l’avenir, je voulais l’assumer. Je l’ai vu naître dans la pénibilité de ne pas profondément vivre cette chose extraordinaire qu’est un amour naissant. Je l’ai vu naître dans la peur de ne plus y revenir pour le savourer, de ne plus y revenir pour goûter au plaisir d’être simplement amoureux. 

Alors mon fils ; 

Si tu vois ton histoire d’amour naître sur une place ou dans un espace qui crie au nom de la liberté, et que tu l’assumes avec courage et tu l’honores avec confiance, sans appréhension aucune ;

Si tu vois ton combat pacifique pour vivre dans la dignité et l’honnêteté, se transformer en une confiance dans l’avenir, le tien et celui de tes enfants ; 

Si tu restes savant, raisonnable et bien réfléchi pour garder ton libre arbitre et ne pas être influencé par des passions négatives, hâtives et malsaines ;

Si tu te surprends toujours par le goût de la liberté, si tu bats de tes ailes et tu prends ton envol et tu entraînes avec toi le monde ;

Si tu restes humble dans ta lutte et fort et déterminé dans tes revendications jusqu’à en sortir vainqueur ;

Si tu vois le symbole par excellence de ta révolution détruit et sans un mot et diligemment, tu recommences à le reconstruire ;

St tu restes prudent et tu préserves et ta vie et celle des autres car aussi précieuse que la tienne ; 

Si tu aimes et tu respectes ton voisin, ton compatriote, ton frère l’homme ; 

Tu seras digne d’être un  homme, mon fils, Mon Révolutionnaire.

1 COMMENTAIRE

  1. Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
    Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
    Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
    Sans un geste et sans un soupir ;

    Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
    Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
    Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
    Pourtant lutter et te défendre ;

    Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
    Travesties par des gueux pour exciter des sots,
    Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
    Sans mentir toi-même d’un mot ;

    Si tu peux rester digne en étant populaire,
    Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
    Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
    Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

    Si tu sais méditer, observer et connaître,
    Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
    Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
    Penser sans n’être qu’un penseur ;

    Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
    Si tu peux être brave et jamais imprudent,
    Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
    Sans être moral ni pédant ;

    Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
    Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
    Si tu peux conserver ton courage et ta tête
    Quand tous les autres les perdront,

    Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
    Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
    Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
    Tu seras un homme, mon fils.

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