M’adresser à vous par le biais de cette lettre, c’est tout d’abord, un exercice pour trouver les mots justes et adéquats avec votre cri national que vous avez lancé.

Nul ne pouvait rester indifférent face à votre mécontentement profond. Nul ne pouvait faire la sourde oreille face à votre grogne contre une injustice sociale et nul ne pouvait se taire face à ce sentiment d’exaspération de masse.

Ô combien j’y ai adhéré. Ô combien j’ai trouvé votre mouvement spontané, juste. Ô combien les français ont vibré avec vous.

Certes avec votre mouvement, vous avez réussi à remettre en selle haut et fort, au vu et au su de tous, des revendications légitimes, que beaucoup d’élus, de représentants politiques, de philosophes, de sociologues, etc., avaient travaillé sur ce sujet, cherchant à résoudre ces problèmes qui divisent la France, mais en vain, ils n’avaient pas abouti.

La culture des sourds ayant été déjà instaurée par le gouvernement, l’isolant du terrain, affaiblissant les maires, ne pouvait enfanter qu’un tel mouvement populaire. C’était dès lors en ébullition et les prémices se ressentaient. Mais il semblait être facile au gouvernement de ne pas entendre ces « cris sourds », refuser d’entendre sciemment et ignorer volontairement la colère du peuple.

Avec du cœur au ventre, vous l’avez fait, vous l’avez réalisé donnant de l’espoir à cette France silencieuse.

Au-delà de vos revendications sociales et légitimes, vous avez réussi, indirectement et fort intelligemment, à attirer le regard de plusieurs d’entre nous, sur la nécessité d’aborder la question de notre « démocratie représentative en participation » et/ou cette « démocratie participative en représentation ».

Mais depuis novembre 2018, depuis cet élan, que s’est-il passé ? Qu’ont-ils fait de votre mouvement ?

L’engouement, l’enthousiasme, le soutien et l’empathie du peuple, se sont fait prendre au piège, dans une ambiance délétère, par les débordements, les dégradations, les violences observées jusqu’à ce que le chaos prenne le dessus avec la formation rapidement d’un « black bloc ».
Les casseurs ont bel et bien dénaturé votre message.

Pourquoi des gilets noirs vous ont-ils infiltrés ? Pourquoi des casseurs, n’ayant ni foi ni loi, ont-ils pris le dessus traduisant une image désastreuse de vos réclamations sociales ?

Bien que l’issue de votre mouvement juste devrait profiter à notre société pour lui donner un élan nouveau en reconnectant la France du haut avec la France du bas et faisant prendre conscience à l’exécutif de ces inégalités actées lors de leurs prises de décision en votant des lois, à qui profite le crime dans ce chaos dont on a été tous témoins ?

Même si votre mouvement avait monopolisé l’actualité les deux derniers mois de 2018, marquant profondément nos esprits, de cœur à cœur, je m’interroge sur ceux qui tentent ou qui cherchent à s’approprier votre élan. Qui a voulu capitaliser sur quoi ? Qui sont ces extrêmes qui, voulant se faire une santé sur votre dos, alors qu’ils n’ont fait que déroute jusqu’à présent, tentent à récupérer les échos de votre mouvement ?

Quant au Grand débat National, lancé par le Président de la République, nul ne peut vous extraire le bénéfice d’en être à l’origine. Effectivement, c’est grâce à vous, que ce débat s’est vu le jour. Mais nous voilà face à un « one man show » du Président qui n’est absolument pas maladroit dans le faire-savoir ni dans la communication, et qui depuis quelques jours monopolise les écrans et les médias, comme si vous étiez, quelque part, sa roue de secours. Criant « Macron démission », s’égarant de votre objectif initial, vous avez donné le change sans changer la donne.

En dernier et en tant que citoyen, je ne peux que faire appel au dialogue, rompre avec toute idée de chaos ou boycott ou récupération.

J’invite tous ceux parmi vous, soucieux d’une démocratie participative et représentative, à adhérer à ce débat national afin que les arènes publiques ne soient pas privées de ce mouvement juste, en espérant plus de résultats loin des débats politiciens, loin des palabres stériles et que nos retraités puissent vivre avec décence, que les familles au faible pouvoir d’achat, et qui travaillent, ne se trouvent pas complètement en déséquilibre face à une catégorie qui profite de la solidarité nationale, de la fraternité et de la citoyenneté.

Chers tous Gilets Jaunes, vous nous avez fait vibrer, de grâce ne vous égarez pas !

Elie Aboud

Homme politique français, membre du parti politique Les Républicains (LR). Député de la sixième circonscription de l’Hérault (2007-2017)

#GiletsJaunes #DébatNational

Jinane Chaker Sultani Milelli
Jinane Chaker-Sultani Milelli est une éditrice et auteur franco-libanaise. Née à Beyrouth, Jinane Chaker-Sultani Milelli a fait ses études supérieures en France. Sociologue de formation [pédagogie et sciences de l’éducation] et titulaire d’un doctorat PHD [janvier 1990], en Anthropologie, Ethnologie politique et Sciences des Religions, elle s’oriente vers le management stratégique des ressources humaines [diplôme d’ingénieur et doctorat 3e cycle en 1994] puis s’affirme dans la méthodologie de prise de décision en management par construction de projet [1998].

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