Je suis à bout de mots pour la soixante-dix-huitième commémoration symbolique de l’indépendance du Liban, lorsque je vois le sourire de mon fils, tout guilleret avec comme toile de fond, le drapeau libanais peint sur un rocher. Un étrange mélange de doux-amer s’emparant de mon être devant la beauté de la scène et la précarité de la situation actuelle.Heureuse devant une telle instantanée résumant tous mes (anciens) espoirs (déçus) pour un meilleur futur dans mon pays natal.
Malheureuse d’avoir choisi de rester dans cette contrée contre vents et marrées, me demandant si ce choix aujourd’hui est à la hauteur de ce sourire innocent et ce bonheur confiant mêlé de fierté de mon petit bambin.
Comme j’aurais aimé composer un poème ou rédiger un billet au fort accent patriotique accompagnant cette photo à l’occasion de cette date drapeautique, comme j’avais l’usage de le faire jadis, lorsque j’étais animée d’une lueur au fond de mon cœur que rien ne pouvait éteindre, lorsque j’avais comme seule et unique cause mon identité et mon patrimoine.
Il est dur d’écrire ces phrases au passé … non pas que j’aie changé, ou que je n’aime plus mon Liban. Mon pays est en étroite symbiose avec mon palpitant, telle une graine qui y est semée et qui vibre avec chaque battement. Rien n’éteindra cette passion innée envers la terre de l’éternel cèdre vert. Mais aujourd’hui, ce sont encore et toujours mes compatriotes qui continuent à me décontenancer, à me décevoir, à m’exaspérer …
Je suis épuisée, accablée, à la limite dégoûtée, de batailler dans un pays où le peuple, baignant dans une multitude de pénuries accablantes et apocalyptiques, continue à reprendre les mêmes erreurs en mettant son suivisme au premier plan, piétinant encore une fois le noble principe de citoyenneté salvateur pour perdurer dans son assujettissement, sa soumission, sa servilité… je m’arrête là, par lassitude, après avoir décrié des milliers de fois les dix mille plaies du Liban dans une kyrielle interminable d’écrits sur ce site, depuis 2006…
Je regarde de nouveau cette image, je souris, je ferme les yeux et je maudis les déchets au pouvoir et tous ceux qui ne font rien pour les éradiquer, me demandant si un jour nous serions à la hauteur des sourires innocents des nouvelles générations qui fêtent aujourd’hui l’indépendance avec une pureté assurée et pleine de vie ? Quel pays parviendrons-nous à leur léguer ? Je suis vraiment à court de mots…
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