Le samedi 22 mars 2025, trois roquettes tirées depuis le sud du Liban ont visé Metula, en Israël, ravivant les craintes d’une reprise des hostilités malgré la trêve conclue le 27 novembre 2024 entre Israël et le Hezbollah. Cet incident, suivi d’une riposte israélienne ciblant Nabatieh et Khiam, s’inscrit dans une série de violations persistantes de l’accord par Israël, qui refuse également de se retirer de cinq zones stratégiques occupées au Liban-Sud. Le président Joseph Aoun a dénoncé une tentative de « replonger le Liban dans un cycle de violence », tandis que le Premier ministre Nawaf Salam et des responsables israéliens échangent mises en garde et accusations. Alors que les enquêtes sur les tirs se poursuivent, les efforts diplomatiques s’intensifient pour éviter une guerre ouverte, dans un contexte où les États-Unis menacent de se retirer des comités conjoints si le Liban ne normalise pas ses relations avec Israël.
Une matinée sous tension : les faits
À 7h30 (05h30 GMT), des sirènes ont retenti à Metula, près de la frontière libanaise. L’armée israélienne a intercepté trois roquettes venues de Nabatieh, répondant par des tirs d’artillerie sur plusieurs secteurs, dont Khiam, où trois obus de chars Merkava ont été recensés par l’Agence nationale de presse libanaise (NNA). Des survols d’avions israéliens et des tirs automatiques ont visé Houla, Markaba et Kfar Kila. Joseph Aoun a qualifié ces tirs de « coup porté au projet de sauvetage du Liban », ordonnant une enquête et des mesures de sécurité. Une source militaire libanaise, citée par Al-Arabiya, a indiqué que l’identité des responsables reste inconnue, avec des discussions en cours au sein du comité des cinq parties supervisant la trêve.
Une trêve sous pression depuis novembre
La trêve de novembre 2024, mettant fin à plus d’un an de combats, prévoyait un retrait israélien sous 60 jours, prolongé jusqu’au 18 février 2025, et un redéploiement du Hezbollah au nord du Litani. Pourtant, depuis son entrée en vigueur, Israël a violé l’accord à de multiples reprises, tandis que son refus de quitter les zones occupées fragilise davantage la paix. Joseph Aoun a déploré que les incidents, récurrents depuis février, menacent la reconstruction, appelant à une action sérieuse du comité de suivi. Nawaf Salam a averti qu’une reprise militaire risquerait de « replonger le pays dans une guerre tragique », insistant auprès du ministre de la Défense Michel Menassa sur le monopole étatique des décisions de guerre.
Réactions israéliennes : une ligne dure
L’armée israélienne a promis une réponse sévère, tenant le Liban responsable. Eyal Zamir a évalué la situation, et Israel Katz a déclaré : « Le sort de Metula est celui de Beyrouth. » David Azoulai, maire de Metula, a dénoncé une tentative de « normaliser » les tirs, exigeant une action offensive de Benjamin Netanyahu et Ori Gordin. Avichai Stern, maire de Kiryat Shmona, a mis en doute les assurances de sécurité de Gordin, reflétant l’inquiétude des résidents face à la persistance des menaces israéliennes et des violations continues.
Violations israéliennes : un bilan accablant
Depuis le 27 novembre 2024, Israël a multiplié les violations du cessez-le-feu. Dès les premières heures, des tirs sur des journalistes à Khiam ont blessé deux personnes. Le 2 décembre, des frappes sur Berghoz et Marjeyoun ont tué neuf personnes, suivies de plus de 100 violations recensées par la FINUL en une semaine. Le 26 décembre, l’armée libanaise a signalé 816 attaques terrestres et aériennes, paralysant son déploiement au sud. En janvier 2025, des raids sur Janta et Naqoura ont persisté, malgré les retraits partiels de Khiam et Shamaa. Le 21 mars, des frappes près de Taraya et al-Shaara ont encore marqué une violation, portant le total à plus de 1100, selon les autorités libanaises. Ces actes, incluant survols de drones et destructions de villages, ont été dénoncés comme des atteintes à la souveraineté libanaise.
Refus de retrait : cinq points stratégiques en jeu
Israël refuse de quitter cinq positions clés au Liban-Sud, malgré les termes de la trêve. Ces hauteurs, offrant une vue sur le nord d’Israël, sont jugées vitales pour sa sécurité. Le 27 février 2025, Israel Katz a confirmé une présence « indéfinie », malgré les appels de Joseph Aoun et Nawaf Salam à un retrait via l’ONU. La FINUL a qualifié cette occupation de « violation continue » de la résolution 1701, tandis que le Hezbollah menace de reprendre les hostilités si le délai n’est pas respecté. Ce refus, soutenu par les États-Unis, exacerbe les tensions et entrave le retour des déplacés.
Efforts diplomatiques pour désamorcer la crise
Des sources présidentielles libanaises, citées par Asharq, rapportent des contacts intenses avec les parties de l’accord pour éviter une escalade. Nawaf Salam a sollicité Jeanine Hennis-Plasschaert pour presser Israël de se retirer, invoquant la résolution 1701. Des échanges avec le comité des cinq membres visent à clarifier les tirs, mais les violations israéliennes compliquent ces efforts. Les États-Unis, co-médiateurs, menacent de quitter les comités conjoints si le Liban ne normalise pas ses relations avec Israël, une exigence rejetée par Beyrouth comme une atteinte à sa souveraineté.
Enquête en cours : qui est derrière les tirs ?
L’armée libanaise enquête sur les tirs du 22 mars, sans identifier les responsables. Des sources présidentielles cherchent à confirmer leur origine, tandis que le Hezbollah, affaibli mais influent, n’a pas revendiqué. Israël accuse le Liban de laxisme, maintenant la pression sur un gouvernement aux ressources limitées face aux multiples acteurs dans le sud.
Contexte historique : une frontière explosive
Depuis le retrait israélien de 2000, la frontière reste un foyer de tensions. La guerre de 2006 a renforcé le Hezbollah, malgré la résolution 1701. L’escalade de 2023-2024, culminant avec une offensive terrestre, a conduit à la trêve de novembre. Pourtant, les violations israéliennes et le refus de retrait rappellent l’instabilité chronique de la région, entre influences iraniennes et failles internes libanaises.
Pressions américaines : un ultimatum controversé
Washington exige une normalisation entre le Liban et Israël, menaçant sinon de se retirer des comités conjoints. Cette pression, visant à intégrer le Liban dans un cadre régional, heurte la position libanaise de non-reconnaissance d’Israël. Un retrait américain pourrait laisser Israël agir sans frein, un scénario redouté par Beyrouth, déjà fragilisé par les violations continues.
Implications régionales : un jeu d’équilibres
Le Hezbollah reste un acteur central, soutenu par l’Iran, tandis qu’Israël perçoit toute attaque comme une menace existentielle. Les États-Unis, la France et l’Arabie saoudite tentent de contenir la crise, mais les divergences sur la normalisation et le refus israélien de se retirer compliquent les efforts. La région risque une escalade si les violations persistent.