Liban: Le dialogue interdit

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“Le temps de la vie de l’homme, un instant; sa substance, fluente; ses sensations, indistinctes; l’assemblage de tout son corps, une facile décomposition; son âme, un tourbillon; son destin, difficilement conjecturable; sa renommée, une vague opinion”. Sénéque- La brièveté de la vie-

Depuis que le libanais a reconnu les élans éphémères et les initiatives apparentes de ses responsables, les dispositions des uns et des autres ne déclenchent plus que le prétexte des rencontres arides. Ainsi, le dialogue dit national perd à chaque coup de  suspension sa plus évidente raison d’être: Une concertation normale, libre, fonctionnelle et dévouée, sans compter, au salut de la patrie. Les sujets conflictuels de fond dominent jusqu’aujourd’hui les scènes, économique et sociale. La recherche de solutions viables demeure plus que jamais ligotée par un climat explosif au Moyen Orient.

Néanmoins en continuant à miser sur l’expectative d’une redéfinition des zones d’influences dans la région, on fragilise encore plus nos structures constitutionnelles. La très précaire stabilité sécuritaire du pays risque chaque jour de sombrer sous les retombées directes des guerres confessionnelles au nom de l’Islam. Ces conflits sont commandités par des “chefs”arabes forts perplexes face au rôle de l’Iran.Néanmoins, tout se passe sans les initiatives de reconnaître et de corriger de graves erreurs mais selon la priorité d’une “coalition” à autoriser la guerre.  Dans ce gravissime contexte, l’axe de tout dialogue constructif au Liban ne va être initié ni développé car la mentalité omnipresente se définit tacitement par les allégeances collées aux tendances divergentes. Il s’avère donc inutile de se prétendre entre “partenaires” de la nation pour sauver des échanges superficiels au milieu des blessures saillantes. Elles incarnent en réalité la haine réciproque ajustée au poil pour empêcher tout dérapage. Les tendances opposées ne cherchent pas à trouver un terrain possible propice d’entente pour établir un tronc national commun.

Les “politiques” actuelles se savent non valides aux normes des pensées conciliatrices. Ces .idéologies ne fonctionnent que pour elles, loin de tout ce qui concerne les besoins du citoyen. Une attitude de tonicité systématique à coup de verbes durs et de blocages ne permet de réaliser même au meilleur des cas qu’un accord pour ne s’affronter en attendant une conjoncture favorable chargée de directives “bienveillantes”. En dépit du bon sens, on veut en vain nous convaincre que la coexistence passe  par les mêmes personnages! Il faudrait rappeller à nos concitoyens que leurs liens fondent leurs appartenances. Ils restent tacitement considérés mais non ouvertement défendus.  Ils concernent ces valeurs communes que chacun de nous assassine par son abstention: le droit de vivre en paix et les libres expressions, de la pensée et de l’action citoyenne. Le chemin le plus court n’est pas encore la solution. Enfin, et sans embage, la feuille de route qui unit sans controverse de nombreux libanais se résume au mensonge de partager ensemble la paix et au dialogue interdit!

Joe Acoury.

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