En sillonnant notre pays, on ne peut que s’arrêter  à la vue d’un berger sur son âne guidant son troupeau de moutons et de chèvres. A la fin de la file un ou deux chiens suivent lentement. Le tintement des clochettes au cou de quelques boucs est agréable.  Et d’un coup on se rend compte du fossé qui sépare nos deux temps: le berger sur son âne offre une scène d’un paysage millénaire et l’homme dans sa voiture de transport au temps de la réalité virtuelle. Le berger offre une scène noble pleine d’humilité et rappelle le Bon Pasteur de l’église chrétienne.

Sur nos montagnes, dans nos plaines intérieures et côtières, ces scènes deviennent plus fréquentes en été. Des bergers de la Bekaa s’installent sur les flancs du Mont Liban dans les tentes et vendent leurs fromages aux habitants des villages voisins et de la Bekaa.

Ce jour-là ils étaient deux bergers venus de leur résidence temporaire sur les flancs de Sannine pour négocier leur Ambriz frais à Hagob, le boulanger de pain arménien à Anjar. Un fromage fait à base de lait de chèvre et gardé dans des amphores en terre cuite pour plusieurs jours. Hagob le mélange à un autre fromage le  Chanklish auxquels il ajoute le coulis arménien de poivrons rouges et tomates ainsi que des épices. Un délice de manouché à ne pas manquer une fois à Anjar.

De l’autre côté de la Bekaa dans un village pas très loin du Litani, un berger garde son troupeau de chèvres et de moutons. La petite chienne Diva était de garde. Le métier de berger est transmis de père en fils, dit-il. Le lait est vendu aux sociétés laitières dans la Bekaa mais à un prix très bas en raison de la concurrence du lait provenant du pays voisin.

Dans ces étendues magnifiques remplies de soleil, les scènes pastorales font partie du paysage rural formé de tesselles de terres en jaune, marron et vert. Elles sont flanquées de deux chaînes de montagnes et tachetées de marécages tout près de Anjar et à Ammiq. Un refuge idéal pour les oiseaux migrateurs traversant notre ciel méditerranéen.

Raghida Samaha
Née au Liban dans une famille qui aime parcourir le pays à la découverte de son histoire et son terroir. Raghida Samaha a fait des études en langues vivantes. Sa prédilection pour les voyages, les arts et les anciennes civilisations l’ont amené à suivre une formation de guide touristique au Ministère de Tourisme Libanais. En 2006-2007 un DES en journalisme francophone lui a permis de traduire ses découvertes dans le magazine Cedar Wings; un moyen d’attire l’attention des lecteurs au sujet des trésors du pays.

Un commentaire?