Un nouveau rapport de la Banque Mondiale décrit la situation économique actuelle au Liban comme étant désespérée, estimant que la récession qui touche actuellement le Pays des Cèdres pourrait amener à un recul du PIB réel de 19.2%.

Le communiqué de la Banque Mondiale

La macroéconomie du Liban est dans une situation désespérée en raison de crises aggravées. En octobre 2019, l’économie a plongé dans une crise financière provoquée par un arrêt brutal des entrées de capitaux, qui a précipité les crises bancaires, de la dette (y compris le défaut souverain) et des taux de change. Fin mars 2020, le gouvernement a imposé un verrouillage pour contrer le COVID-19. Enfin, le 4 août 2020, une explosion massive a secoué le port de Beyrouth (PoB), détruisant une grande partie du port et endommageant gravement les zones résidentielles et commerciales denses dans un rayon de 1 à 2 miles. Le Liban en est à son troisième gouvernement en moins d’un an.

Le PIB réel devrait reculer de 19,2% en 2020. Les indicateurs à haute fréquence soutiennent une contraction aussi importante de l’activité économique. Du côté de la demande, les exportations nettes devraient être le seul contributeur positif au PIB du Liban, en raison de la baisse des importations. Soumis à une incertitude inhabituellement élevée, le PIB réel devrait se contracter de 13,2% supplémentaires en 2021. Cette projection suppose les facteurs clés suivants: les effets COVID-19 se poursuivent au premier semestre 2021, les réponses de politique macroéconomique continuent d’être absentes et la reconstruction et efforts de récupération après l’explosion du port de Beyrouth. Nous ne supposons pas une inflation galopante, mais c’est un risque de baisse réaliste.

La récession au Liban sera probablement ardue et prolongée en raison du manque de leadership politique. Les pressions du marché des changes continueront d’étouffer le financement du commerce et le financement des entreprises dans une économie fortement dollarisée, limitant l’importation de biens d’équipement et de biens finaux et provoquant des perturbations tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Cela implique une incapacité à exploiter les marchés internationaux pour le financement étranger et un système bancaire affaibli. En conséquence, les contrôles des capitaux continueront d’être nécessaires, mais devraient également devenir moins efficaces avec le temps, conformément aux données internationales.

La stabilisation macroéconomique est une action préalable essentielle du processus de redressement du Liban. Cela nécessite une stratégie crédible qui identifie des mesures selon un certain nombre de dimensions, en particulier les secteurs extérieur, budgétaire et financier, les filets de sécurité sociale, un cadre de croissance et le déficit de gouvernance. Un risque majeur est l’hyperinflation. L’impact social déjà désastreux pourrait devenir catastrophique; la moitié de la population tombe sous le seuil de pauvreté, le chômage augmente rapidement. La détérioration de la monnaie et les effets inflationnistes qui en résultent sont des facteurs fortement régressifs, affectant de manière disproportionnée les pauvres et la classe moyenne.

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