Riad Salameh, governor of Lebanon's central bank, speaks to the Financial Times in his office in Beirut, Lebanon, on October 30, 2017. [Sam Tarling for the Financial Times]

Riad Salamé a été convoqué pour une audience à Paris le 16 mai

Le Liban devrait lever jeudi une interdiction de voyager imposée à Riad Salamé qui permettra au gouverneur de la banque centrale de se rendre à Paris pour une audience prévue le 16 mai dans le cadre d’une enquête pour détournement de fonds.

La décision a été prise pour empêcher le gouverneur d’utiliser “l’interdiction de voyager comme excuse pour éviter d’assister à l’audience”, a déclaré une personne proche du dossier au National, confirmant un précédent rapport de l’AFP.

Le procureur du Mont-Liban, Ghada Aoun, dépose une demande formelle auprès du premier juge d’instruction Nicolas Mansour pour lever l’interdiction, a indiqué une source judiciaire.

Au moins six pays européens enquêtent sur des allégations de blanchiment d’argent à la banque centrale. M. Salamé est accusé d’avoir siphonné plus de 330 millions de dollars via la société de son frère pour acheter des propriétés de luxe en Europe.

Une délégation de magistrats européens s’est rendue au Liban deux fois cette année pour interroger des témoins et recueillir des preuves dans le cadre d’une enquête conjointe.

Lors de leur dernière visite en mars, l’équipe d’enquête, avec la Française Aude Buresi comme seule juge, a mené une audience de deux jours au cours de laquelle elle a passé huit heures à interroger le gouverneur.

Avec l’inculpation de la partenaire de M. Salamé, Anna Kosakova, et plus récemment du banquier libanais Marwan Kheireddine , qui, en droit français, est une étape importante avant une éventuelle poursuite, la France semble avoir pris les devants en tant qu’enquête européenne la plus rapide.

La procédure française en est encore au stade de l’enquête, visant à rassembler suffisamment de preuves pour convaincre un juge d’aller de l’avant avec un procès.

L’audition de M. Salamé en France est une étape importante.

“Ce n’est pas seulement une étape de collecte d’informations, mais aussi une occasion de confronter les déclarations de M. Salamé aux preuves présentées”, a déclaré un avocat proche du dossier, sous couvert d’anonymat.

L’inculpation de M. Kheireddine en France est un signe positif pour l’affaire car elle a montré qu’il existe suffisamment de preuves pour justifier des accusations formelles, a déclaré l’avocat.

« La progression logique des événements serait que M. Salamé soit mis en accusation. S’il ne se présente pas, un mandat d’arrêt pourra être délivré contre lui à Interpol”, a précisé l’avocat.

Mme Aoun a imposé une interdiction de voyager à M. Salamé en janvier de l’année dernière dans le cadre d’une enquête connexe sur l’acquisition d’un bien immobilier sur les Champs-Élysées à Paris par Mme Kosakova .

Il a été allégué que M. Salamé avait fait payer à la banque centrale la location des propriétés parisiennes pendant une décennie à des taux gonflés.

M. Salamé doit comparaître à Beyrouth le 18 mai dans le cadre de la procédure libanaise liée à la même affaire, a confirmé une source judiciaire à The National.

La proximité des deux dates n’est “pas un problème”, a déclaré la source.

M. Salamé, son frère Raja et l’un de ses assistants ont été inculpés de blanchiment d’argent, de détournement de fonds et d’enrichissement illicite en février. Le dossier a été confié au premier juge d’instruction de Beyrouth, Charbel Abou Samra, qui décidera s’il y a lieu de déposer un acte d’accusation, qui débouchera sur un procès.

Les appels à M. Salamé sont restés sans réponse. Il a nié à plusieurs reprises tout acte répréhensible.

Il a dit qu’il n’avait jamais reçu d’argent de la banque centrale sur ses comptes personnels.

M. Salamé n’a pas été inculpé en France.

Article écrit en anglais par Nada Maucourant Atallah et publié sur https://www.thenationalnews.com/mena/lebanon/2023/04/13/lebanon-to-allow-central-bank-chief-to-travel-to-france-to-face-judiciary/.

Nada Maucourant Atallah
Nada Maucourant Atallah est correspondante au bureau de Beyrouth de The National, un quotidien de langue anglaise publié aux Émirats arabes unis. Elle est une journaliste franco-libanaise avec cinq ans d'expérience au Liban. Elle a auparavant travaillé pour L'Orient-Le Jour, sa version anglaise L’Orient-Today et le journal d'investigation français Mediapart, avec un accent sur les enquêtes financières et politiques. Elle a également fait des reportages pour divers médias français tels que Le Monde Diplomatique et Madame Figaro.

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