L’ancien Premier ministre libanais Saad Hariri, figure incontournable de la scène politique du pays, prépare son retour, annonce-t-on de sources médiatiques proches de lui. C’est en 2025, à l’aube des élections législatives de 2026, que le chef du mouvement Al-Mustaqbal compte fouler à nouveau le sol libanais. Son objectif ? Se relancer dans l’arène politique et insuffler un nouveau souffle à la communauté sunnite, dont il se veut le porte-voix.

Désormais domicilié à Dubai suite à son départ du Grand Sérail, Saad Hariri aurait ainsi fait savoir à ses proches son intention de se présenter aux élections législatives de 2026 lors de son séjour au Liban à l’occasion de la commémoration annuelle de l’assassinat de son père, l’ancien premier ministre Rafic Hariri.

Un parcours politique tumultueux

Héritier d’un nom lourd de sens, Saad Hariri a connu une carrière politique jalonnée de succès et de revers. Premier ministre à deux reprises, de 2009 à 2011 puis de 2016 à 2020, il a marqué le paysage libanais par ses initiatives et ses prises de position. Son parcours n’a cependant pas été exempt de controverses, notamment lors de sa démission surprise en 2017, annoncée depuis l’Arabie saoudite et teintée de tensions régionales, une démission suite à son kidnapping par Mohammed Ben Salmane, accusait-on à l’époque. Ce dernier accusait le premier ministre libanais de ne montrer aucune fermeté face au Hezbollah alors que le Royaume Saoudien entretenait une relation difficile avec l’Iran. Dans son discours de démission, Hariri a d’ailleurs accusé l’Iran et le Hezbollah de menacer la stabilité du Liban.

Après avoir été contraint de rester en Arabie saoudite pendant plusieurs semaines, ce qui a alimenté les spéculations sur sa liberté de mouvement, le président français Emmanuel Macron était alors intervenu et avait obtenu la libération et le retour de Saad Hariri au Liban. Ce dernier a alors été chargé de former un nouveau gouvernement et de participer à la conférence CEDRE en avril 2018, censée permettre au Liban d’échapper à la crise financière qui arrivait.

Le spectre des manifestations de 2019

En 2019, le Liban a connu une vague de contestations populaires sans précédent. Le peuple, exaspéré par la corruption endémique et la dégradation des conditions de vie, a réclamé un changement radical du système politique. Saad Hariri, alors Premier ministre, a été contraint de démissionner sous la pression de la rue.

La décision du gouvernement Hariri d’imposer une taxe sur les appels WhatsApp a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Cette taxe a été perçue comme une injustice supplémentaire par une population déjà exaspérée par la situation économique.

Le mouvement du 17 octobre a été en grande partie une manifestation contre la corruption et une exigence de réformes pour améliorer la transparence et la responsabilité des institutions publiques. Cette corruption est endémique au Liban et gangrène tous les niveaux de l’État. Les citoyens sont exaspérés par le détournement de fonds publics et par l’impunité dont jouissent les responsables corrompus.

Un pari risqué et de multiples casseroles

Le second mandat de Saad Hariri a été marqué par la crise des déchets de 2015 et le début de la crise économique actuelle. Hariri a lancé le plan CEDRE, une initiative internationale visant à soutenir l’économie libanaise à hauteur de 11 milliards de dollars. Cependant, la mise en œuvre des réformes nécessaires a été entravée par la corruption et les divisions politiques.

Hariri et les Panama Papers

Si Saad Hariri occupe une place centrale dans la politique libanaise, son implication dans la gestion du pays n’est pas exempte de critiques. En effet, il a été accusé à plusieurs reprises de corruption, notamment dans le cadre de l’affaire des “Panama Papers” qui a révélé l’existence de comptes offshore dissimulés.

En 2016 en effet, une fuite de documents confidentiels du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca a révélé l’existence de sociétés offshore appartenant à des personnalités du monde entier, dont Saad Hariri.

Les documents ont révélé que Hariri était l’ayant droit de deux sociétés offshore, PetroSaudi International et Oger International. Ces sociétés ont été créées dans les années 2000 et étaient domiciliées aux îles Vierges britanniques, un paradis fiscal. L’objectif de ces sociétés offshore n’est pas clair, mais il est possible qu’elles aient été utilisées pour échapper à l’impôt ou pour dissimuler des avoirs

Si les partisans de Hariri ont minimisé l’importance de ces révélations, affirmant qu’il n’avait rien fait d’illégal, ses détracteurs ont accusé de corruption et ont appelé à une enquête indépendante.

Par ailleurs, son implication dans la gestion des finances publiques et des projets d’infrastructure a également été remise en question. Certains observateurs l’accusent d’avoir favorisé ses proches et d’avoir détourné des fonds publics.

Ces accusations de corruption, ajoutées à la corruption endémique qui gangrène le système politique libanais, ont contribué à l’aggravation de la crise économique actuelle. Le manque de transparence et de responsabilité dans la gestion des finances publiques a sapé la confiance des investisseurs et freiné le développement du pays.

Autre souci, Saad Hariri, homme d’affaires aussi, a vu plusieurs de ses entreprises déclarer faillite ces dernières années. Parmi les plus notables, on peut citer:

  • Saudi Oger: Cette société de construction, autrefois l’une des plus importantes du Moyen-Orient, a déposé le bilan en 2017. Les raisons de sa faillite sont multiples: la chute du prix du pétrole, la guerre en Syrie et des accusations de corruption.
  • Horizon Telecom: Cette société de télécommunications a également déposé le bilan en 2017. La faillite est due à une combinaison de facteurs, dont la concurrence accrue et la crise économique au Liban.
  • Future TV: Cette chaîne de télévision, l’une des plus influentes du Liban, a été contrainte de cesser ses émissions en 2020 en raison de difficultés financières.

L’affaire Candice

Candice Van Der Merwe, mannequin bikini avec qui le Premier Ministre Libanais Saad Hariri aurait eu une liaison extra-conjugale.
Candice Van Der Merwe, mannequin bikini avec qui le Premier Ministre Libanais Saad Hariri aurait eu une liaison extra-conjugale.

Par ailleurs, même la vie personnelle de l’ancien premier ministre a été tumultueuse et marquée par l’Affaire Candice, une mannequin à qui il aurait versé 16 millions de dollars alors que le Liban entrait dans la crise.

Un avenir donc incertain

Le retour de Saad Hariri sur la scène politique libanaise est un événement porteur d’espoirs et d’incertitudes. Son ambition de redynamiser la communauté sunnite et de contribuer à la reconstruction du pays est louable, mais le chemin sera semé d’embûches d’autant plus qu’il est loin d’être exemplaire à ce sujet, notamment en raison de la gestion désastreuse de ses entreprise.

Newsdesk Libnanews
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