Les premiers au front face à une guerre qui ne veut dire son nom contre le coronavirus sont les médecins, les infirmiers, le personnel médical et les bénévoles de la Croix Rouge, notre première ligne et la seule ligne de défense face à cet ennemi invisible, tout comme pendant la guerre civile, une leçon qu’on a bien fait vite oublier malheureusement.

L’abnégation envers une cause n’est pas synonyme du fait de recevoir une médaille, d’être au premier rang de rassemblements, ou encore d’honneurs qui ne sont généralement accordés au Liban qu’à des voleurs quand il ne s’agit pas de criminels.

Combien de médailles, d’ordre de l’ordre du Cèdre ou simplement combien de médailles du travail ou du mérite ont été accordés aux médecins et chirurgiens, membres du personnel hospitalier ou de la Croix Rouge qui risquaient hier leurs vies sous les bombes pendant la guerre civile pour service rendue à la Nation? Aucune à ma connaissance. Ils ont été trop occupés à accorder des honneurs à des hommes d’affaires ou même à accorder des clés de villes à des occupants, à des hommes politiques qui s’auto-congratulaient au final pour s’entendre sur le dos de la population en accord avec leurs intérêts particuliers en dépit de différends bien superficiels au sujet de l’intérêt général

Nulle question de politique quand il s’agit du personnel de santé, encore moins de religieux ou d’appartenance sectaire et communautaire, peut-être est-ce là où le bât blesse, puisqu’ils ne demandent même pas de reconnaissance parce qu’ils se donnent à leurs causes, un travail dédicacé à l’ensemble de la société touchée par un malheur, guerres, famines, épidémies comme aujourd’hui, un sacrifice parfois même de leurs vies familiales au service de la communauté, pour que d’autres puissent vivre tout simplement.

Ne regardons pas très loin, puisque certains semblent vouloir comparer la situation sanitaire actuelle à la France ou à l’Italie. Les professionnels de la santé ont été pendant longtemps maltraités au Liban même. Retards de paiement pour le ministère, jusqu’à 10 ans parfois, avec une réduction des montants de 50% et paiement pour le reste en bons du trésor alors que l’état est aujourd’hui en faillite, dette publique envers les hôpitaux privés pour 1.3 milliards, ce qui n’est pas sans conséquence sur les salaires des infirmières ou l’achat de fournitures hospitalières dont on aurait bien besoin actuellement … et que dire du matériel de la Croix Rouge Libanaise pour laquelle les niveaux de salaire de leurs responsables sont bien élevés pour une institution dont les ambulances sont sans amortisseurs.

S’il faut souligner aujourd’hui le courage de ces petites mains invisibles pour la majorité des gens alors que le pic de la maladie, donc l’exposition à l’épidémie, n’est pas encore atteint, et où il y aura de nombreuses victimes dans les rangs des premiers combattants, il conviendrait aussi au niveau libanais, d’en tirer les conséquences pour qu’à l’avenir, la valeur réelle de leur travail leur soit accordée … Il ne s’agit pas là de salaire, mais juste de reconnaître leurs mérites.

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