Le Président Français Emmanuel Macron a averti que la communauté internationale adoptera un changement d’attitude et de méthodes vis-à-vis du Liban, allusion peut-être aux rumeurs faisant état de l’instauration de sanctions économiques visant certains dirigeants libanais. Ces propos ont été tenus en marge d’un entretien avec son homologue israélien Reuven Rivlin.

Ces propos interviennent alors que des sources diplomatiques ont indiqué que les autorités américaines et européennes envisagent d’imposer des sanctions économiques aux dirigeants libanais, des mesures désormais considérées comme légitimes, en raison du retard pris dans la mise en place d’un nouveau gouvernement alors que la situation économique continue à se dégrader.

Aucune avancée majeure sur le plan politique mais le Président de la République reprend langue avec Saad Hariri

Pour l’heure, aucune avancée majeure n’a pu se produire suite à la rencontre entre le président de la république, le général Michel Aoun, et le premier ministre désigné Saad Hariri après l’ultimatum posé hier par le chef de l’état, l’appelant à former sans délai un gouvernement ou à se retirer.Saad Hariri avait alors appelé à son tour le président de la république à signer le décret de formation du prochain gouvernement ou à permettre l’organisation d’élection présidentielles anticipées faisant craindre une détérioration accrue de l’atmosphère politique.

S’exprimant à l’issue de la rencontre, le premier ministre désigné a indiqué s’être entendu avec le chef de l’état pour une nouvelle réunion prévue lundi prochain. Il s’agissait, toujours selon lui d’apaiser la situation actuelle. Il a également indiqué que la dégradation actuelle de la livre libanaise est injustifiée.

Selon certaines sources, les 2 hommes seraient désormais visés par la pression de plus en plus importante de la communauté internationale qui menace d’imposer de nouveaux trains de sanctions à l’encontre de leurs proches et d’autres dirigeants politiques en cas d’échec à former un gouvernement.

Par ailleurs, les autorités libanaises craindraient également un effondrement de l’ordre social et économique suite à la dégradation de la parité entre livre libanaise et dollar et du pouvoir d’achat de la population. Le commandement de l’Armée Libanaise, le Général Joseph Aoun, a même mis en garde, la semaine dernière la classe politique libanaise sur un effondrement de l’institution militaire et des services de sécurité.

Des mesures de sanctions déjà présentes depuis un certain temps

Pour rappel, des sanctions économiques ont déjà été imposées à l’encontre de certains dirigeants libanais, dont Gébran Bassil, gendre du chef de l’état ou encore Ali Hassan Khalil, bras-droit du président de la chambre des députés Nabih Berri. L’imposition de sanctions économiques ont été évoquées à l’encontre du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, selon des sources proches du président américain Joe Biden mais réfutées par l’ambassade américaine au Liban, tout comme à l’encontre du Président de la chambre Nabih Berri et du premier ministre désigné Saad Hariri lui-même.

Pour rappel, le présent de la république française s’est largement investi au Liban, lors de ces deux déplacements, l’un le 6 août 2020 deux jours après l’explosion du port de Beyrouth et l’autre le 1er septembre à l’occasion du centenaire de la proclamation de l’État du Grand Liban.

Il avait ainsi promis à la population libanaise qu’un gouvernement serait constitué le plus rapidement possible – d’ici 6 semaines à l’époque – afin de mettre en place des réformes jugées nécessaires par la communauté internationale pour le déblocage d’une aide économique tout aussi nécessaire face a la crise financière et monétaire que traverse actuellement le pays des cèdres.

Huit mois après, aucun gouvernement n’a encore été constitué au Liban, alors que la classe politique libanaise se déchire sur la répartition des différents portefeuilles ministériels et que la situation de crise s’est encore aggravée, avec une détérioration importante de la parité de la livre libanaise face au dollar ainsi que du pouvoir d’achat.

Désormais, le salaire minimum représente moins de deux dollars par jour alors que le seuil de pauvreté est estimé à six dollars par jour. 65 % de la population se trouverait ainsi vivant sous ce seuil de pauvreté et plus de 45 % de la population active serait au chômage.

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