Dernière décision de la Banque du Liban, son gouverneur a décidé de relever le taux de change de sa plateforme électronique Sayrafa à 15 200 LL/USD ce vendredi, semblant ainsi reconnaître l’échec successif des taux de change de 3 900 LL/USD puis de 12 000 LL/USD précédemment utilisés par elle mais échouant toujours de reconnaitre son échec à unifier les taux de change.

Pour rappel, ce taux permet notamment aux déposants qui acceptent la circulaire 158 de pouvoir retirer 400 USD en cash et 400 USD en équivalent libanais à cette parité et qui acceptent ainsi une décôte de 25% de leurs sommes en banque sur des montants relativement restreints.

Mais cette nouvelle décision, si elle avalise la dégradation de la parité de la livre libanaise et amène à admettre de facto que le cours officiel de la livre libanaise face au dollar est caduque, amène également à une création incontrôlée au final de la masse monétaire.

Un excès de création monétaire par rapport à une absence de création de richesse équivalente amène à une inflation galopante, ce qui est actuellement le cas. Il s’agit du problème du Liban depuis ces 30 dernières années. Il s’agissait d’une économie rentière sans création effective de richesse. La bulle monétaire mise en place par la Banque du Liban pour attirer les capitaux étrangers a finalement éclaté vers le début de 2019.

Pourtant, selon Riad Salamé en 2019, la pénurie du dollar qui touchait le pays des cèdres n’était induit que par des problèmes logistiques des banques privés à se pouvoir en fameux billets verts puis reconnaissant tout de même, vers la fin de cette année là, que l’économie locale était une économie cash, puis il est allé même jusqu’à accuser les déposants d’être responsables de la chute de la livre au marché noir en stockant des dollars chez eux par manque de confiance envers le système financier, démontrant aussi une perte de confiance envers lui-même, mais ce qu’il ne semble jusqu’à aujourd’hui ne pas accepter.

Exit alors le système et monétaire et ses avantages. Et pourtant, la Banque du Liban persiste à sauver, non pas les dépôts mais les banques, leur permettant de répercuter les pertes de ce secteur sur les déposants et non sur ceux qui en étaient responsables, à savoir les dirigeants des banques et au-delà même, des autorités de tutelle, c’est-à-dire elle-même.

Se faisant, elle met également plus encore en difficulté les banques libanaises. En effet, celles-ci avaient placé les dollars de leur clientèle auprès de la Banque du Liban qui elle-même leur donnait des livres libanaises avec des taux d’intérêt plus élevés. Ainsi, les banques sont débitrices de dollars auprès de leurs clients et ne possèdent que des livres libanaises dont le cours s’effondre, aggravant encore les pertes de ce secteur.

M1 correspond aux pièces et billets et aux sommes disponibles dans les comptes courants, C’est-d-dire les actifs immédiatement utilisables.

Paradoxalement, si M1 augmente de manière très importante, cela n’est pas le cas de M2 ni de M3 qui ont même diminué durant la même période. Cela indique qu’effectivement, l’économie libanaise est devenue une économie cash et que d’importantes sommes sont sorties du système bancaire et monétaire.

M2 correspond à M1 + les comptes courants et les crédit à court terme

Créer de l’inflation pour stimuler une économie et donc créer de la richesse ne serait pas un problème en soi. Mais créer de l’inflation sans activité économique aggrave encore la crise.

La réponse de la Banque du Liban a donc été de celle de la planche à billet, par conséquent à créer de la monnaie ex-nihilo, sans création de richesse correspondante. Un peu comme les profits fiduciaires importants que le gouverneur de la Banque du Liban déclarait par l’impression d’argent qui en fait n’était pas garanti par des collatéraux, ce qui a pour conséquent de créer de l’inflation.

La politique monétaire de la Banque du Liban est à l’origine de 70% de la crise actuelle, une responsabilité d’autant plus grave que pour continuer à attirer de manière artificielle des fonds étrangers, la banque centrale a maintenu de manière artificielle, une valeur stable d’une livre surévaluée.

Cette responsabilité est d’autant plus grave qu’elle n’a, en aucune manière, répondu à sa responsabilité première, à savoir l’intérêt du déposant.

Elle même porte également la responsabilité première de la dégradation de la parité de la livre libanaise face au dollar par sa politique d’augmentation de la masse monétaire à un taux record sans aucun contrôle pour tenter de compenser l’absence de devises étrangères et le gel des capitaux au sein des banques locales suite à l’instauration par elles, de manière unilatérale, d’un contrôle des capitaux.

S’il convient aujourd’hui de rechercher des responsabilités face à la dégradation de la valeur de la livre libanaise face au dollar – 92% par rapport à son cour d’il y a 2 ans – et de l’inflation qui a induite la perte de pouvoir alors que la majorité de la population souffre désormais de ne pouvoir manger à sa faim, c’est avant tout au niveau de la Banque du Liban qu’il s’agit désormais de regarder.

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