Ferrero a changé la recette de son Nutella. Et je vous annonce aussi qu’il n’y a plus d’alcool dans les chocolats Godiva. 2018 perd déjà de son goût ! Si, si, je vous le jure ! On se réveille un matin, et Paf ! La news qui change tout. Le Nutella ne sera plus jamais pareil. Mon toast n’aura plus la même saveur de noisettes. Et tricher après des heures de gym devra se trouver d’autres délices. Peut-être que les pots de confitures Bonne-Maman feront-ils l’affaire ? Si ce n’est pas la fin du monde, on y est presque. Troquer le chocolat avec de la confiture ? Quel désastre !

Il y a des matins qui commencent ainsi. Nouvelles sur nouvelles. News sur news. Feed sur feed. Certaines ont déjà un air de déjà-vu. Comme les deux petits zizis qui font la course du plus grand bouton du nucléaire. C’est qui, qui a le plus gros ? Hein ? Qui ? Qui veut jouer aux maîtres du monde et nous transformer en purée ? Qui ? L’année commence bien sur une partie de Stratego. Go ! Go ! Et moi qui ne voulais plus parler de politique ! J’aimerai vous annoncer aussi que le Liban est un pays pétrolier. Merci qui ? Nos petites culottes seront encore plus trouées d’ici 2020. La richesse n’appartenant qu’aux riches dans ce pays de grands et nouveaux pauvres.

Et puis voilà ! Mes bonnes résolutions n’auront duré que quelques petites heures. L’alcool a ce bienfait de me faire croire qu’avec une nouvelle année, tous les ennuis du monde peuvent disparaitre à coup de baguette magique. Abracadabra ! 2018 ! Le monde va bien, et moi avec. Il y a des moments où j’aimerai bien y croire.

[Et puisqu’il n’est jamais trop tard ; puisque janvier est le mois des rhumes, des souhaits et des chats en chaleur ; je vous écris]

Il n’est jamais trop tard ! Il n’est jamais aussi trop tôt ! Nous pouvons être et devenir qui nous voulons. Je souhaite que nous puissions recommencer et ne pas reproduire les mêmes erreurs. Je souhaite que nous ayons le courage d’adopter des causes justes et vraies, de s’indigner contre les injustices, et de saisir le fait qu’il existe des centaines de Ahed Tamimi dans les prisons israéliennes. Que la Palestine est et restera non seulement une terre, mais aussi un peuple. Je souhaite qu’on ne soit plus blasés devant nos écrans quand les images d’enfants syriens défilent, des enfants récupérant des restes de nourriture dans les poubelles. Aucun enfant ne mérite de vivre de la sorte ! Qu’il soit blanc ou noir, violet ou arc-en-ciel. Je souhaite ne plus découvrir de témoignages de femmes violées jour après jour aux noms de guerres ratées, de dieux cruels. Je souhaite ne plus avoir à lire des articles sur le nettoyage ethnique au Myanmar ou au Rwanda, et surtout ne plus nous sauver face à la réalité des nouveau-nés squelettiques du Yémen. Je souhaite qu’on puisse tous, sans exceptions, nous arrêter un moment au milieu de cette folie humaine, et de nous rendre compte de toute la chance que nous avons parfois, celle d’un toit et d’un ventre plein, avant de continuer notre vie de bourgeois-intellectuels-élitistes-militants de réseaux sociaux.

Et pour vous…

Je vous souhaite d’avoir le courage de recommencer encore mille fois avec moi,  jusqu’à ce que le monde aille mieux. Je vous souhaite de pouvoir sourire à un étranger et de rire avec vos tripes quand vous serez heureux. Je vous souhaite d’essayer de nouvelles choses, d’être dans l’action, et de foncer même si vous ne vous sentez pas prêts. La vie est une leçon de bravoure ! Je vous souhaite de faire bouger une ville, une capitale, un pays, des montagnes et toutes les mers. Je vous souhaite de la magie, des aventures, de l’amour, de l’espoir. Je vous souhaite de pouvoir décider de ce moment, là où la honte n’a pas de place, là où la peur n’a aucun espace à prendre, et de vous battre pour défendre vos idéaux. Et surtout… oui, surtout ! Je vous souhaite de placer l’humain, avant tout l’humain, à la tête de vos priorités. Je vous souhaite tout ceci et bien plus encore.

Et j’espère tout ceci, pour vous…  et pour moi aussi !

Hala Moubarak
Trentenaire aux cheveux rouges. Hier, un cri. Aujourd’hui, elle est «À cor et à cri ». Ambidextre. Architecte d’intérieur. Enseignante. Designer à ses heures perdues. Dévoreuse de livres d’histoire et de littérature. Mordue d’art. Râleuse au second degré. Vit une relation ambigüe avec Beyrouth. Se promène souvent avec l’énergie d’une étoile. Aime manger de la glace à la vanille. Grande rêveuse idéaliste. Atteinte d’une folie passagère. Fut le chat de Toulouse Lautrec dans une vie antérieure ! Si, si… je vous le jure !

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