En terme économique, au Liban, on donne toujours de l’aspirine aux gens qui souffrent de maladies plus graves. Ainsi la BDL a accordé en 2019, 253 millions de dollars de prêts à taux avantageux pour l’achat de biens immobiliers, officiellement pour aider les personnes qui ne pourraient y accéder autrement.

253 millions de dollars, cela est certes très peu pour relancer un secteur du BTP largement affecté par la crise économique et la désertion des acheteurs potentiels. La crise économique a aussi touché une large frange de la population, 43% à 45% de taux de chômage affecte aussi largement une clientèle qui pense aujourd’hui plus à survivre qu’à acheter un appartement dont les prix au mètre carré n’ont pas, paradoxalement, baissés. Les opérateurs du secteur préfèrent en effet généralement, ne pas brader les prix pour avoir des liquidités quitte à risquer une faillite financière, comme cela s’est passé pour certains d’entre eux.

Evidemment, l’initiative est fort louable, même si au court des dernières années, on a découvert également que des personnes qui ne remplissaient pas les conditions d’attribution de ces prêts en ont également bénéficié, une affaire qui semble avoir bel et bien été enterrée aujourd’hui puisque personne ne s’en souvient et que l’enquête qui a suivi ne semble pas avoir officiellement abouti.

Mais cela est toujours penser à court terme. Il faudrait peut-être penser à augmenter le pouvoir d’achat de la population, chose différente des salaires qui ont été augmentés sans gain de productivité pour compenser cette hausse, ce qui est l’un des facteurs aggravants de l’augmentation du taux de chômage au sein de la population active libanaise.

Un rappel s’impose toujours à nous, Beyrouth est la 4ème ville la plus chère du Moyen-Orient sans que cela ne se justifie tant au niveau des salaires ou encore du cadre de vie avec la pollution par exemple qui est un des facteurs actuels inquiétants pour la santé publique.

Quand les autres pays ont des revenus par habitant, en d’autres termes des salaires plus importants qu’au Liban, cela se justifie parce qu’ils possèdent des industries, des ressources pétrolières ou gazières ou un accès à des marchés que nous ne possédons pas.

Au Liban, nos coûts de vivre au Liban ne se justifient pas en terme en ces termes puisque nous ne possédons pas en réalité, une économie productive, du moins pour l’heure. Nous dépendons essentiellement du cash inflow généré par la diaspora, du BTP aujourd’hui toujours en crise dont l’essentiel de la clientèle était cette même diaspora et des étrangers et aussi l’industrie touristique dont on espère la relance cette année.

Cependant, vivre à Beyrouth est chose différente que de passer quelques mois et de repartir à l’étranger.

Vivre à Beyrouth, c’est en effet, un minimum un coût de 2800 USD par mois pour un foyer selon une enquête récente qui précise qu’à cette somme s’ajoute encore un loyer ou des échéances pour l’achat d’un appartement.

Au final, vivre dans la capitale a un coût de plus de 4500 USD pour 3 personnes. Peu de personnes ne peuvent s’offrir ce luxe aujourd’hui, d’où la crise dans le secteur de l’immobilier.

Toute la politique économique, qu’elle soit gouvernementale, ou aussi de la part de la BDL qui est sorti de son cadre monétaire pour entrer dans un cadre plus général, ce qui a fait l’objet de nombreuses critiques d’ailleurs de la part d’organisations comme le FMI, est à revoir.

La première chose est déjà de permettre aux personnes de finir la fin du mois correctement, de leur permettre de vivre au Liban avec leur salaire sans demander la mendicité de leurs familles vivant à l’étranger ou de les forcer à les rejoindre que des économiques étrangères puissent en bénéficier. Faut-il rappeler que 30 000 nouveaux diplômés quittent chaque année le Pays des Cèdres? Non seulement des travailleurs manuels remplacés par des réfugiés syriens au coût plus avantageux pour les quelques industriels locaux mais également des ingénieurs, des médecins et d’autres professions à forte valeur rajoutée.

Cela implique le rognage des nombreux coûts qui s’imposent à nous, moteurs privés avec l’amélioration de la fourniture de l’électricité publique à un coût correspondant, services publics qui nécessitent pas le versement de bakchich, un autre coût qui s’impose dans notre quotidien, les marges des produits importés qui profitent aux agences exclusives et ce qui a réduit notre liberté économique, notre liberté d’entreprendre aussi etc…

Il y a, en effet, beaucoup de choses à revoir, mais seulement a priori, nettoyer les écuries d’Augias est chose plus facile que de réformer le Liban

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