Les agences exclusives figurent aujourd’hui parmi les principaux suspects expliquant l’augmentation importante des prix. Elles sont ainsi régulièrement accusées d’avoir mis en place de véritables cartels économiques contrôlant une grande partie de l’économie libanaise. Pays importateur net, le Liban dépend largement des agences exclusives pour l’essentiel de ses besoins.
Le gouvernement Hassan Diab avait ainsi présenté un nouveau projet d’abolition des agences exclusives, une des conditions de l’aide économique internationale et une demande aussi du FMI permettant l’entrée du Pays des Cèdres au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) dans ses premières moutures. Cependant, suite à d’importantes pressions, ce projet a été rapidement écarté dans la version définitive de ce plan qui a aussi fait l’objet de l’opposition forte de l’association des banques du Liban.
Par ailleurs, les agences exclusives ont été parmi les principales bénéficiaires de la politique monétaire conduite par la Banque du Liban avec un maintien d’une parité artificielle surévaluant la livre libanaise par rapport au dollar. Ainsi, les consommateurs libanais étaient amenés à surconsommer des produits de luxes commercialisés par les agences exclusives alors que l’économie elle-même n’en possédait pas la capacité. Si la balance des paiements était ainsi généralement positives en raison d’un flux financier constant de la part de la diaspora, la balance commerciale était généralement négative de plusieurs milliards de dollars. Il s’agit d’un des facteur qui a amené le Liban à la crise de liquidité et la crise financière qu’il traverse actuellement.
Il existe au Liban quelques 300 agences exclusives dont les plus importantes et les plus connues sont Ketteneh, Fattal ou encore Abou Adal, qui en effet possèdent souvent des liens très étroits avec la classe politique. Elles doivent impérativement être enregistrées auprès du ministère de l’économie.
Certaines entreprises sont également accusées d’avoir constitué des quasi-monopoles dans certains secteurs d’activités pourtant normalement libres à la concurrence. Il s’agit notamment du cas pour certains produits alimentaires ou encore certains produits et équipements médicaux refusant par exemple de réparer du matériel qui n’aurait pas été acheté directement auprès d’elles.
Aujourd’hui, les agences exclusives font face à d’importantes difficultés pour poursuivre les importations en raison de la situation financière actuelle du secteur financier. Les banques locales et même la Banque du Liban peinent à accorder les lignes de crédit nécessaires pour permettre la poursuite des importations.