Le Liban aura peut-être un gouvernement. Mais cela, contrairement à ce que pensent beaucoup de personnes, cela ne changera rien sur un plan économique, le Liban nécessitant une aide économique externe dont les termes et les conditions restent les mêmes, à savoir un monitoring afin de ne pas voir ces fonds être détournés.

Il convient de rappeler à ces personnes que les problèmes socio-économiques auxquels nous faisons aujourd’hui face n’ont pas débuté par les manifestations ni par la chute du gouvernement Hariri III, le 29 octobre 2019. Ces problème sont bien plus anciens et les gouvernements successifs depuis maintenant 20 ans n’ont pas eu le courage et la volonté politique d’y faire face. Ce n’est que des solutions temporaires qu’on nous a offert au lieu de remettre en cause les politiques économiques et monétaires dont nous payons aujourd’hui les conséquences, parce que ce ne sont pas les ministres qui contrôlent le pouvoir dans ce pays mais des hommes de l’ombre, des cartels économiques comme l’Association des Banques du Liban qui s’est finalement dévoilée comme capable d’imposer des décisions unilatérales aux déposants, à la Banque Centrale et même à l’état lui-même et des hauts-fonctionnaires qui jouissent d’un immunité et d’un pouvoir beaucoup plus considérables, comme le soulignait dernièrement involontairement, l’ancien premier ministre Saad Hariri qui souhaitait se porter au secours du gouverneur de la Banque du Liban.

En évoquant l’ancien premier ministre et son gouvernement, lui aussi jouissait d’une certaine confiance sur un plan interne et même d’un parapluie politique couvrant tous les horizons politiques, gouvernement d’union nationale oblige. Mais pourtant, il a échoué.

Le nouveau gouvernement du premier ministre désigné Hassan Diab, s’il est à venir demain, ne peut prétendre à de tels appuis parce qu’il né dans la douleur d’une crise économique qui s’est doublée d’une crise sociale et d’une crise politique et d’un défaut de confiance majeur de la part d’une immense partie de la Nation.

Avant les hommes politiques étaient adulés par une foule de suiveurs. Aujourd’hui, ils sont poursuivis par la foule scandant des slogans hostiles, jusque dans les restaurants pour en être chassés. C’est ce fameux Politician shaming que connait aujourd’hui le Pays des Cèdres.

Tout comme ces hommes politiques, le nouveau gouvernement, s’il est constitué, ne connaitra aucune période de grâce. La population, aujourd’hui, dans l’état actuel d’un pays qui craint l’effondrement économique à venir, et il ne peut que venir, on a dépassé toutes les lignes rouges, attends des résultats immédiats et non des discussions et des négociations interminables qui donnent l’impression de la distribution de parts de gâteaux que les partis et leurs hommes politiques se partageaient au détriment de la population. Il faudrait justement leur rappeler qu’au delà des fenêtres de leurs tours d’ivoire, des personnes vont mourir de faim dans les mois à venir, avec un seuil de pauvreté qui concernera plus de la moitié de la population.

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