L’Union européenne continue de proclamer son attachement à l’accord sur le nucléaire et exhorte l’Iran à continuer de le respecter.  Dans le même temps, elle se met en situation d’éviter toute confrontation avec les États-Unis et se soumet à tous ses dictats, non sans faire des promesses dont la plus élémentaire, l’INSTEX, traîne indéfiniment à se mettre en place et promet d’être vide de toute efficacité.

En réalité, l’Union européenne cherche à avoir le beurre et l’argent du beurre, tout en se payant au passage, si possible et pourquoi pas, la crémière.

Par quel moyen ? La lâcheté pardi !

Proclamer des professions de foi…

Pour faire le jeu de Trump, elle introduit les dimensions de celui-ci pour la reprise des négociations sur l’accord autour du nucléaire, à savoir les armes balistiques et le retrait du Proche-Orient laissé dès lors à la mainmise des wahhabites et de l’État d’Israël. Cela lui permet de se donner un os à ronger et une excuse pour laisser traîner son peu d’empressement à agir pour respecter dans les faits les engagements inhérents à l’accord sur le nucléaire pour toutes les parties signataires. Ça, c’est pour le côté passif du jeu européen. Faire le gros dos en attendant de voir ce qu’il se passe.

… pour mieux jouer la stratégie du troisième larron

Côté actif, c’est beaucoup plus sournois. Tout en multipliant les professions de foi en faveur de la préservation de l’accord sur le nucléaire, “démocratie” et libéralisme obligent, les États démocratiques qui constituent l’Union européenne se déclarent donc impuissants à imposer leur volonté aux entreprises privées qui sont libres par nature de se soumettre ou non aux exigences américaines. Ce n’est pas le cas des États autoritaires, bien entendu. Les démarches diplomatiques soutenues et tous azimuts de l’UE ont en réalité pour but non avoué de pousser ces derniers, à savoir la Russie et plus particulièrement la Chine, à ne pas se soumettre aux dictats de Trump et à le défier en continuant de commercer avec l’Iran, atténuant ainsi progressivement la vigueur des sanctions, usant leur effet et, enfin et non le moindre, les laissant perdre leur acuité, notamment au sein de l’administration américaine. Aux Russes et aux Chinois, par fierté de grande puissance, voire de Challenger, d’affronter l’ogre américain et d’en assumer les pots cassés. L’Union européenne se comportera, quant à elle, comme la toute petite souris qui ira piquer le plus discrètement possible, sa part de fromage auprès des uns et des autres tout en restant bien à l’abri de cette confrontation de Titans.

Gaël GIRAUD, économiste et bien versé dans les hautes instances françaises et internationales, raconte dans une de ses conférences, la rencontre avec de grands responsables financiers où ils avaient traité de la situation actuelle dans le monde, notamment de la crise écologique dans laquelle nous nous enfonçons. Ayant constaté qu’ils étaient bien sur la même longueur d’onde quant au danger systémique vers lequel nous fonçons, il leur demande ce qu’ils comptent faire pour enrayer cette machine infernale. Et eux de répondre d’une même voix

– “Rien”. Nous allons envoyer nos enfants en Suède où il fera bon vivre avec le réchauffement climatique. Nous-mêmes continuerons à investir dans la sphère financière. Et nous laisserons les Chinois se charger du problème.

De façon plus crue, nous nous mettons à l’abri et continuons de spéculer autant que faire se peut, pendant que la Chine se débat à affronter le réchauffement climatique.

C’est exactement la démarche de l’Union européenne dans sa “gestion” de l’accord sur le nucléaire piétiné par Trump.

La petite souris, la vraie, fait son petit trafic à l’abri des regards… jusqu’au jour où elle se fait prendre. L’Union européenne, qui joue à la petite souris, le fait en réalité sous le regard vigilant de ses partenaires tout autant qu’adversaires. Pense-t-elle qu’elle n’en paiera pas le prix le moment venu ? Et à vouloir jouer les tout petits dans la cour des grands, ne se condamne-t-elle pas à devenir réellement et définitivement petite, puis négligeable ?


PS : la Chine et la Russie viennent d’intégrer L’INSTEX, obligeant ainsi l’Union européenne à prendre ses responsabilités. Ces deux pays pourront dès lors s’y appuyer  pour répondre à toute demande de l’Iran adressée à une entreprise européenne et que celle-ci ne voudrait pas honorer.”

Scandre HACHEM

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